Depuis un certain temps, j’essaye de savoir ce que fait mon fils après la chorale. Il refuse de dire où il va, prétextant que ce ne sont pas mes affaires et que nous sommes dans un pays libre. C’est peut-être le cas, mais qui sait s’il ne se rend pas à des réunions anarchistes ou à des groupes d’études islamistes ? Il est évident que si les jeunes ne disent plus où ils vont après la chorale, le pays est en danger.
J’ai donc décidé d’exercer un certain niveau de pression sur mon fils pour qu’il parle en lui mettant un sac sur la tête et en l’attachant au radiateur. Quand sa mère a protesté, j’ai fait pareil avec elle. Malheureusement, il n’a rien voulu dire alors j’ai commencé à l’affamer, à ne plus lui servir que des repas froids, à lui raser la tête, à le maintenir dans des positions stressantes, à ne plus éteindre la lumière de sa cellule et à lui passer de la musique forte. Bref, uniquement des mesures que des parents responsables adoptent quand ils veulent savoir ce que fait leur enfant après la chorale. Il n’a toujours pas voulu parler et j’ai hésité à aller plus loin car c’est quand même mon fils. Heureusement, Donald Rumsfeld est venu à mon secours.
J’ai lu dans le New York Times un mémo préparé pour le secrétaire à la Défense états-unien daté du 6 mars 2003 et qui précise ce qu’est ou non de la torture. Or, dans ce mémo, il est précisé qu’une douleur sévère infligée n’est de la torture que si la souffrance est précisément le premier objectif. Donc, si cette souffrance est infligée dans le but de savoir ce qu’un enfant fait après la chorale, ça n’est pas de la torture. Actuellement, plusieurs des amis de mon fils sont enfermés dans mon garage et je leur envoie des décharges électriques dans les parties génitales et je les humilie sexuellement afin qu’il me disent ce que fait mon fils après la chorale. Pour cela, j’ai l’approbation de la plupart des responsables de l’administration américaine à l’exception de celle des avocats du département d’État.
Je pense que je vais capturer tous les enfants du quartier, les attacher et lâcher des chiens sur eux. J’en tuerais peut-être un ou deux, mais ce n’est pas mon intention. Je prendrai alors peut-être des photos de ma femme allongée sur les corps morts et je les montrerai aux autres pour qu’ils parlent. Après tout, je ne fais qu’appliquer la politique de l’administration Bush depuis le 11 septembre.
« This won’t hurt much », par Terry Jones, The Guardian, 16 juin 2004.
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