Dans le Guardian, Terry Jones, le Monty Python, tourne en dérision les arguments de l’administration Bush pour légaliser la torture. Un morceau rafraîchissant d’humour britannique, à ne pas manquer.

Publié à grands renforts de publicité, le texte collectif de 20 ambassadeurs et 6 généraux, que nous annoncions dans ces colonnes il y a quelques jours, secoue Washington. Le Monde en donne une version française. Les auteurs, qui déclarent agir dans l’intérêt des États-Unis et non de John Kerry, appellent les électeurs à mettre Bush dehors. Comme les précédentes pétitions de diplomates britanniques et états-uniens, celle-ci dénonce l’unilatéralisme et l’alignement de Washington sur Tel Aviv. La critique se centre sur le refus de la guerre des civilisations en prenant soin de ne pas analyser le 11 septembre.
Les politologues démocrates Mark Brzezinski, Graham Allison et Tobi T. Gati se situent clairement, eux, dans la campagne électorale. Ils dénoncent dans le Moscow Times le désengagement de l’administration Bush en Russie. Leur message aux lecteurs du quotidien anglophone de Moscou : John Kerry accroîtrait le soutien financier des associations pro-US en Russie et financerait le démantèlement de l’arsenal nucléaire soviétique. L’article n’est pas très élégant, mais les auteurs ne perçoivent pas que parler si abruptement d’argent pourrait être une faute de goût.

Reuel Marc Gerecht analyse les difficultés actuelles en Irak dans le Wall Street Journal. Il souligne la difficulté d’organiser des élections dans un pays où se posent de graves problèmes de sécurité et surtout où chaque communauté suspecte l’autre de vouloir atteindre à ses droits. Cependant, conclut-il, tout cela est peu important vu le souhait des populations d’avoir un gouvernement représentatif. Le lecteur se souviendra que le même auteur s’était prononcé avant-guerre contre l’instauration d’une démocratie en Irak qui risquerait de porter au pouvoir des chiites tournés vers l’Iran. En outre, le lecteur placera cette analyse en perspective avec les résultats d’un sondage commandé en mai par l’Autorité provisoire de la Coalition selon lesquels seuls 2 % des Irakiens considèrent les États-uniens comme des libérateurs et 92 % comme des occupants.
Dans la grande litanie des hagiographies de feu Ronald Reagan, Daniel Pipes apporte dans le Jerusalem Post sa contribution à cette réécriture de l’histoire. Le propagandiste islamophobe célèbre la clairvoyance et la fermeté de l’ancien président face à la révolution khomeyniste. Au passage, il prétend que l’Iran relâcha les otages de l’ambassade états-unienne à Téhéran le jour de l’investiture de Reagan parce qu’ils n’osaient pas l’affronter. On sait malheureusement, qu’ils voulaient le faire avant, mais qu’ils avaient retardé cette libération à la demande exprès du candidat Reagan moyennant non pas une rançon, mais une pension.

Ariel Sharon respire. Le procureur Mazuz a renoncé à l’inculper dans la kyrielle d’affaires politico-financière dans laquelle il est impliqué. Du coup, le Premier ministre peut espérer constituer un nouveau cabinet d’union nationale et conduire à son terme son plan de redéploiement de Tsahal. Encore faut-il détourner l’attention des électeurs du scandale d’une décision de justice sur mesure. C’est ce à quoi s’emploient de nombreux commentateurs, comme Michael Freund dans le Jerusalem Post, en confisquant les colonnes des journaux et les débats de télévision à propos de l’autorisation de la vente du porc. C’est cette décision, et pas le non-lieu de Sharon, qui mettrait l’État en péril. Que dis-je ? Qui mettrait la survie identitaire de l’État juif en question.

Enfin, le prix Nobel iranien Shirin Ebadi et Amir Attaran, lobbyiste de l’industrie du DDT, mettent en cause le soutien apporté par la Banque mondiale aux États gouvernés par des régimes autoritaires. Leur article est publié simultanément dans de nombreux quotidiens, du New York Times à Gulf News. Il reprend un thème abordé par Madame Ebadi, lors d’une conférence à la Banque mondiale, le 3 mai dernier, alors que la banque vient d’accorder de nouveaux crédits à l’Iran pour l’aider à améliorer la qualité de l’eau et de l’hygiène en milieu urbain.