Les campagnes électorales présidentielles sont l’occasion de bien des coups bas. Daniel Pipes analyse dans le Jerusalem Post l’imputation selon laquelle c’est Ahmed Chalabi qui aurait révélé aux Iraniens que leurs codes secrets avaient été percés par la NSA. À l’issue d’un raisonnement complexe, il déduit que son ami est innocent et que cette imputation mensongère est le fruit d’un complot de la CIA et du département d’État. Compte tenu du peu d’informations disponibles, il est impossible pour le lecteur de conclure définitivement, mais a contrario le raisonnement de Pipes indique que son groupe est en guerre contre l’Agence. Reste à savoir s’il s’agit là d’une affaire de plus, ou s’il révèle une facette du conflit opposant la CIA à la Maison-Blanche et qui a déjà conduit le président Bush à prendre un avocat et George Tenet à démissionner.
De son côté, Michael Freund, représentant de facto le Likoud, menace George W. Bush dans le Jerusalem Post. Si le président ne réalise pas rapidement sa promesse d’il y a quatre ans de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, l’AIPAC pourrait demander aux électeurs juifs de le sanctionner dans les urnes. Pourtant, d’un autre côté, si la Maison-Blanche se conformait aux exigences sionistes, elle violerait les résolutions de l’ONU, interdirait tout règlement pacifique du conflit israélo-arabe, et provoquerait une nouvelle guerre.

La France, quant à elle, est en pré-campagne. Dans un entretien aux Échos, le ministre de l’Économie français, Nicolas Sarkozy, souligne calmement que le passage de l’Union des 6 à l’Europe des 25 suppose que l’on passe d’une stratégie fondée sur l’axe franco-allemand à une autre ouverte aux grands partenaires (Royaume-Uni, Espagne, Italie, Pologne). Puis, tout aussi calmement, il observe qu’en attendant la désignation future d’un président de l’Union, il est possible de désigner tout de suite un président de la zone monétaire euro. Il n’échappera à personne, qu’une fois de plus, les propositions argumentées de M. Sarkozy sont directement tournées contre M. Chirac. La première vise à casser l’axe Chirac-Shröder et le projet d’unification diplomatique franco-allemand, qui indisposent Washington, pour le noyer dans le magma atlantiste. La seconde, vise à damer le pion à Jacques Chirac, que l’on sait candidat à la présidence de l’Union, pour devenir le président de la zone monétaire.

Plus que jamais, l’expédition irakienne est un nid à problèmes. Les ministres suédois et britannique des Affaires étrangères, Laila Freivalds et Jack Straw, qui s’étaient opposés à propos de l’invasion, s’unissent dans l’International Herald Tribune pour faire avancer le droit international. Ils prennent position pour les mécanismes de prévention du génocide, pour la Cour criminelle internationale et pour le Protocole additionnel de la Convention contre la torture. Le soutien de Stockholm vaudrait brevet de bonne volonté pour Londres alors que les soldats de Sa Majesté se livrent à toutes sortes d’exactions en Irak.
Le sociologue Amitai Etzioni joue au réaliste dans le Los Angeles Times. Il faut admettre, écrit-il, que l’on ne rendra leur souveraineté aux Irakiens que de manière très progressive. D’ailleurs, poursuit-il, dans le monde interdépendant dans lequel nous vivons, aucun État n’est totalement souverain, il y a partout des ingérences et de la supra-nationalité. M. Etzioni est fidèle à lui-même : voici deux ans qu’il dénonce le péril islamique, préconise la guerre au terrorisme et affirme que les populations musulmanes sont incapables, à court terme, de vivre en démocratie. Il n’a donc jamais considéré que l’invasion de l’Irak apporterait la démocratie, mais qu’elle était nécessaire pour des raisons géostratégiques.

Les sénateurs républicains Mike DeWine et John McCain sonnent l’alarme dans le Washington Post : si l’on n’intervient pas au Darfour, un nouveau génocide y sera commis. Cependant leur indignation consensuelle ne livre aucun élément d’analyse sur les causes et l’organisation de la guerre. Elle ne laisse ouverte que des solutions coercitives.

Enfin, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a présenté sa politique pour les Balkans au Royal Institute of International Affairs. Selon les extraits qu’en publie The Independent, Rome souhaite stabiliser la mosaïque de micro-États surgis du démantèlement de la Yougoslavie et de l’effondrement du régime d’Hodja en favorisant leur intégration, sans exception, dans l’OTAN et l’Union européenne.