A Prague, notre Alliance a ouvert une nouvelle page de son histoire. Son élargissement, la mise en place d’outils militaires plus flexibles et plus efficaces, le renforcement de ses partenariats ont marqué notre volonté commune d’adapter notre organisation aux défis du XXIéme siècle.

Et ce mouvement se prolonge naturellement aujourd’hui avec tout d’abord l’entrée de sept nouveaux membres que je salue à nouveau et la perspective de nouvelles adhésions.

Il se prolonge aussi avec l’occasion qui nous est donnée de dresser un premier bilan de la transformation de nos outils militaires. Conformément aux engagements pris, de part et d’autre, la France est pleinement partie à cet effort. Elle est aujourd’hui l’un des plus importants contributeurs de troupes à la Force de Réaction Rapide de l’OTAN (NRF) et participe activement aux travaux sur la transformation.
Dans l’avenir, cet effort sera maintenu et même accru, pour autant que soit respecté les principes qui ont fait la force de notre Alliance. La France entend en particulier préserver, en toute hypothèse, sa capacité à utiliser ses moyens nationaux affectés à la NRF dans un cadre national ou dans le cadre de l’Union européenne.

Cet engagement renouvelé, la France le montre également sur les théâtres d’opérations où elle est l’un des tout premiers contributeurs de forces. Au deuxième semestre de cette année, la France sera ainsi amenée à diriger deux des plus importantes opérations conduites par l’OTAN :

 Au Kosovo, où le général de KERMABON prendra le Commandement de la KFOR ;

 En Afghanistan, où le général PY assurera, à travers l’Etat-major du Corps européen et la brigade franco-allemande, le commandement de la FIAS. L’engagement dans le cadre de l’OTAN de ces symboles de la défense européenne et de la coopération franco-allemande montre de manière exemplaire qu’une Europe de la défense forte contribue à une Alliance plus forte.

Dans cet esprit, nous notons également avec satisfaction que les progrès réalisés dans la construction de l’Europe de la défense depuis 2002 ont été de pair avec le renforcement du partenariat entre l’Union Européenne et l’OTAN.

C’est ce même esprit de partenariat que nous souhaitons voir illustrer de manière exemplaire en Bosnie, lors de la relève de la SFOR par la force militaire de l’Union européenne conduite avec le recours aux moyens de l’OTAN.

Si la page des affrontements fratricides se tourne progressivement, rien n’est cependant acquis définitivement. La violence des affrontements qu’a connu le Kosovo nous montre la nécessité de ne pas baisser la garde et de maintenir sur ce théâtre une présence militaire robuste.

Cette dure réalité m’invite à partager trois principes qui me semblent devoir guider notre réflexion, si nous voulons préserver l’efficacité de notre Alliance :

 En premier lieu, pour être crédible, l’Alliance doit avoir une hiérarchie lucide de ses priorités.

 Aucun mécanisme bureaucratique ne saurait se substituer aux Nations pour garantir la disponibilité de forces ;

 Une Alliance n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est unie et respectueuse des positions de chacun. La règle du consensus doit continuer à nous guider, parce que les décisions prises ici concernent la sécurité de nos nations et la vie de nos soldats.

Ces principes me conduisent à une conclusion préliminaire : la crédibilité de l’Alliance se joue d’abord sur les théâtres où elle est engagée. Au Kosovo d’abord, où la France s’attend à ce que les moyens militaires promis pour la KFOR soient effectivement mis à sa disposition.

En Afghanistan ensuite, où nous avons le devoir de soutenir le processus politique conduit par le Président KARZAÏ. Ne nous méprenons cependant pas sur notre rôle. Nous devons aider les Afghans à reprendre la maîtrise de leur destin. Nous substituer à eux serait prendre le risque de rendre notre présence, pourtant si nécessaire, insupportable aux Afghans eux-mêmes.

Notre troisième chantier est celui du renforcement de nos partenariats, avec la Russie tout d’abord, avec l’Ukraine, les pays d’Asie Centrale et le Caucase ensuite. Ils restent naturellement notre priorité.

Avec le monde méditerranéen auquel tant de liens nous rattachent, il nous faut également encourager les échanges, le dialogue. L’expérience de l’Alliance, dans ses domaines de compétence, est réelle.

Encore faut-il que nos initiatives répondent à une attente et ne soient pas perçues comme une intrusion. Aujourd’hui, la plupart des grands acteurs de la région restent à être convaincus. Donnons nous le temps et les moyens nécessaires pour réussir. Prenons à bras le corps le conflit israélo-palestinien qui hypothèque l’avenir de cette région. C’est à cette condition et à cette condition seulement que nous répondrons à la vocation de notre Alliance. Je vous remercie.

Source : Palais de l’Élysée