Ces dernières semaines, les conservateurs ont attaqué le choix de la mise en place d’une représentation à la proportionnelle pour les élections en Irak, mais leur plan consistant à mettre en place un système majoritaire à l’anglo-saxonne n’est pas la meilleure recette pour la stabilité.
Selon Michael Rubin ou Richard Perle, le plan de l’ONU pour les élections de janvier heurtera la majorité chiite et entraînera plus d’instabilité. Les critiques des efforts électoraux de l’ONU sont injustifiés. Carina Perelli et son équipe ont mené à bien des élections au Timor oriental, au Nigéria et ailleurs. Ils ont apporté avec succès la démocratie en Namibie, au Cambodge, au Mozambique et en Indonésie. L’ONU a connu des échecs institutionnels, mais ses organisations d’élections ont toujours été brillantes.
Utiliser la représentation proportionnelles en Irak permet déjà d’éviter les anomalies du scrutin majoritaire qui amène parfois certains partis à avoir la quasi totalité des sièges avec une courte majorité en voix. Avec le système majoritaire, les partis à base chiite écraseraient les partis à base sunnite et les partis multi-religieux. De son côté, les exemples historiques ne démontrent pas que le système proportionnel accentue les divisons ethniques ou religieuses contrairement au système majoritaire qui a déjà créé des États dominés par une seule ethnie en Afrique ou en Asie. En outre, le système majoritaire a tendance à exclure presque systématiquement les femmes et les groupes minoritaires.
Hors des États-Unis, le système proportionnel n’est pas un « système controversé ». Il n’est pas la panacée et ne garantit pas un Irak démocratique, mais le système majoritaire c’est jouer à la roulette russe avec la stabilité de l’Irak.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« The Right Plan for Iraqi Voters », par Andrew Reynolds, Washington Post, 6 juillet 2004.