Lorsque j’étais inspecteur en Irak en 1996, j’avais visité les locaux d’une organisation gouvernementale irakienne, le M 21 ou directoire des opérations spéciales des services de renseignements irakiens. J’y avais vu des documents expliquant comment fabriquer et utiliser des « dispositifs explosifs improvisés ». Comme cela ne touchait pas aux armes de destruction massive, je n’avais pas pu prendre de notes, mais moi et les autres inspecteurs présents avions compilés ce dont nous nous souvenions et les avions transmises aux agences de renseignement états-uniennes. Ces documents étaient en réalité les instructions pour la gestion de l’insurrection de l’après-guerre à laquelle fait face aujourd’hui l’armée états-unienne.
Ces notes impliquent deux choses : les tactiques et les outils qui tuent des Américains aujourd’hui sont ceux de l’ancien régime et ne sont donc pas importés. La résistance anti-américaine est donc irakienne par nature. Le combat contre les « dispositifs explosifs improvisés » est extrêmement difficile. La préparation de ces dispositifs était enseignée dans de nombreuses structures de l’ancien régime, pas seulement le M 21, et j’ai souvent vu des classes d’agents assister à ce type de cours. Les services secrets irakiens peuvent également compter sur une connaissance parfaite du terrain et la loyauté de chaque Irakien.
Pour comprendre la nature de la résistance anti-américaine aujourd’hui, il faut se souvenir qu’une partie des services secrets et de l’armée irakienne ne s’est jamais rendue. Contrairement à ce qu’affirme l’administration Bush, le régime Hussein n’a pas été vaincu au sens classique du terme et il continue le combat.
L’administration Bush ne veut pas le reconnaître pour ne pas avoir à avouer qu’elle a échoué à définir une stratégie d’après-guerre.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Defining the resistance in Iraq - it’s not foreign and it’s well prepared », par Scott Ritter, Christian Science Monitor, 12 novembre 2003.