En deux guerres, les États-Unis ont mis fin à deux régimes oppressifs en Afghanistan et en Irak, mais leurs efforts pour stabiliser ces pays semblent devoir échouer. Il n’y a malheureusement pas de raccourci vers la démocratie et ce qui a pris des siècles en Europe occidentale ne peut pas naître en quelques mois sous occupation étrangère. Plus que la démocratie, de sérieux doutes naissent désormais concernant la possibilité de construire un pouvoir central dans ces pays car ni Hamid Karzaï ni Ayad Allawi ne les contrôlent.
Cela est dû à l’histoire de ces pays, un domaine dans lequel les planificateurs de Washington sont largement ignorants. Ces deux pays ne sont pas des États-nations au sens moderne et ils ne tiennent que par un réseau de solidarité tribal et /ou de répression brutale. L’Afghanistan est née d’un accord entre Britanniques et Russes au XIXième siècle et il n’y a pas de langue afghane. Les tentatives communiste et talibane pour unifier le pays ont échoué et aujourd’hui Karzaï ne contrôle que Kaboul, de larges part du pays restant aux mains de seigneurs de guerre qui s’appuient sur des bases ethniques. La situation en Irak est analogue et Kurdes, sunnites et chiites ne peuvent plus vivre ensemble.
Comme on l’a vu avec la Yougoslavie et l’URSS, il ne faut pas s’acharner à vouloir à tout prix conserver uni des pays qui ne fonctionnent plus.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Breaking up is hard to do », par Shlomo Avineri, Jerusalem Post, 23 août 2004.