Michael Moore revient sur la petite passe d’arme qui l’a opposé au sénateur John McCain durant la convention républicaine et se désole de l’utilisation de l’image de héros de la guerre du Vietnam de ce dernier par l’équipe Bush. Walid Phares et Robert G. Rabil déplorent pour leur part que la campagne électorale détourne l’administration Bush d’une confrontation avec la Syrie qu’ils appellent de leurs vœux.
Face à l’image du héros militaire que se donne John Kerry pour séduire l’état major états-unien, l’équipe de campagne de George W. Bush a fait appel au sénateur John McCain, prisonnier de guerre au Vietnam, en dépit de l’opposition entre les deux hommes. En effet, lors de la campagne des primaires républicaines de 2000, l’équipe de campagne de Bush dirigée par Karl Rove avait utilisé les pires astuces pour briser la réputation de leur adversaire. John McCain s’est acquitté de sa tâche lors de la convention républicaine de New York où il a défendu l’action en Irak de l’administration Bush dans un discours dont The Independent reproduit des extraits. On notera qu’il n’y montre pas une agressivité débordante contre les démocrates et on se souviendra qu’il avait été pressenti par Hillary Clinton pour devenir le colistier de John Kerry. A l’occasion de ce discours, le sénateur McCain s’en était également pris au film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Le réalisateur, présent dans la salle en tribune de presse, avait répliqué de façon ironique provoquant la fureur des militants républicains. Michael Moore revient sur cet épisode dans USA Today et se désole du rôle que doit jouer McCain. Tout en espérant que son film fera perdre l’élection aux républicains, il invite le sénateur à le visionner pour entendre la détresse des soldats états-uniens perdus en Irak.
L’état d’esprit des militaires inquiète l’ancien colonel de l’US Army, Andrew J. Bacevich. Comparant les sévices infligés aux prisonniers à Abu Ghraib au massacre de My Laï au Vietnam, il affirme aux lecteurs du Los Angeles Times que si seuls les sous-fifres sont jugés et condamnés et que les hauts gradés et les décideurs ne sont pas punis, l’armée états-unienne sombrera dans une crise morale qui ne peut conduire qu’à sa défaite. Il faut donc que, comme pour My Lai, des têtes tombent. Bacevich se garde bien de rappeler que c’était Colin Powell qui avait choisi qui devait payer et qui serait blanchi lors de l’enquête sur le massacre au Vietnam. Par ailleurs, ce sont les adversaires de ce même Powell dans l’administration Bush qui pourraient payer pour les sévices d’Abu Ghraib si on remontait la chaîne hiérarchique. Mais on ne peut enlever à Bacevich le mérite de dépeindre les pratiques de torture comme un système cautionné au plus haut niveau : les dernières révélations de « mémos » confirment non seulement que, comme nous l’avions affirmé, les manuels de torture de la CIA sont bien utlisés par l’US Army, mais aussi qu’ils furent amendés tout spécialement, avec l’assentiment de Rumsfeld, pour y inclure l’utilisation de chiens destinés à terrifier les détenus pendant l’interrogatoire.
Alarmé par les sondages affirmant que 75 % des juifs aux États-Unis voteraient démocrate en novembre, Michael Freund, ancien conseiller de Benjamin Netanyahu, poursuit la campagne du Jerusalem Post de Richard Perle visant à convaincre les juifs états-uniens de voter Bush. S’appuyant sur les déclarations de dirigeants et d’éditorialistes arabes ayant adopté une position de « tout sauf Bush », Freund affirme que Kerry, malgré ses déclarations favorables à Israël, est l’homme des Arabes et qu’on ne peut pas lui faire confiance dans la guerre au terrorisme.
Cette focalisation sur les questions électorales inquiète Walid Phares et Robert G. Rabil car elle détourne l’administration Bush de la question libanaise. Dans le Daily Star, les deux hommes, qui militent pour un Liban chrétien à côté d’un Israël juif, dénoncent les manœuvres de Damas pour que leur fidèle Emile Lahoud reste au pouvoir trois ans de plus. Cette situation a provoqué les protestations de la France, de l’Allemagne et des États-Unis mais Phares souhaite une réaction immédiate et agite la menace de nouvelles attaques du Hezbollah contre Israël et les intérêts états-uniens dans la région. Quoi qu’il en soit, même si les États-Unis n’interviennent pas, Israël semble prêt à attaquer Damas. En effet, le vice-ministre de la Défense israélien, Zeev Boïm, a menacé jeudi de lancer des opérations militaires contre la Syrie qu’Israël accuse d’être impliquée dans le double attentat suicide perpétré mardi à Beersheva.
La Prix Nobel de la paix Rigoberta Menchú Tum se réjouit dans le New York Times du procès en Californie d’Alvaro Saravia, responsable du meurtre de l’archevêque Romero sous la dictature de d’Aubuisson au Salvador. Elle espère que le jugement permettra aux pays d’Amérique centrale de faire cesser l’impunité dont jouissent certains criminels contre l’humanité et de répondre aux questions sur le rôle des États-Unis dans la protection des criminels.
Enfin, Denis MacShane, ministre des Affaires européennes du gouvernement Blair, apporte dans Le Monde sa contribution au débat de la gauche française sur le traité constitutionnel européen. Il affirme que ce traité garantit des droits aux travailleurs européens et que refuser ce texte serait rentrer dans le jeu des souverainistes. Compte tenu du rôle du gouvernement Blair depuis des années pour empêcher le développement de politiques économiques et sociales communes dans l’Union européenne, il n’est pas certain que les arguments de M. McShane convainquent beaucoup.
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