La qualification de génocide utilisée aux États-Unis pour qualifier la situation au Darfour n’a été reprise ni par Kofi Annan ni par Jan Pronk, le représentant spécial pour le Soudan, dans son rapport sur la situation, ni par Médecins sans frontières, ni par moi quand je me suis rendu sur place en juin. Il est toutefois évident que le Darfour fait face à une crise grave du point de vue humanitaire ou des Droits de l’homme même si, depuis la résolution 1556 que la France avait co-parrainé, l’aide humanitaire y parvient. Cependant, les attaques des milices arabes Janjawids se poursuivent. Le gouvernement soudanais semble décidé à faire quelque chose pour désarmer les milices, à nous de l’aider.
Plusieurs ministres français se sont déjà rendus à Khartoum et dans le Darfour pour trouver une solution à la crise. Sur le volet humanitaire, les soldats français ont acheminé près de 200 tonnes de vivres pour venir en aide aux 200 000 personnes réfugiées sur le territoire tchadien. Cet automne, dès la fin de la saison des pluies, je retournerai au Darfour pour faire un état des lieux et savoir si la mobilisation internationale a permis d’éviter un drame humanitaire. Il est urgent d’accroître la sécurité autour des camps de réfugiés pour rétablir la confiance et organiser le retour des gens dans les villages. Il ne faut pas oublier que tous les retards pris à cause de la crise au Darfour se répercutent sur le règlement du conflit du sud du pays.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« L’ONU doit enquêter sur les exactions », par Renaud Muselier, Le Figaro, 17 septembre 2004. Ce texte est adapté d’une interview.