Tendances et événements régionaux

L’intensité et la violence des attaques israéliennes contre la Bande de Gaza illustrent à quel point le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, revient satisfait, tranquille et les mains libres du sommet quadripartite de Charm el-Cheikh. Pour les Israéliens, ce sommet est venu consacrer le vieux rêve israélien de la fitna (discorde) inter-palestinienne entre l’Autorité palestinienne dirigée par Mahmoud Abbas et le Hamas qui contrôle Gaza.
Depuis la conclusion des accords d’Oslo, l’État hébreu n’avait jamais pu concrétiser le vœu de voir les Palestiniens s’entretuer. Le leader disparu, Yasser Arafat, rejetait catégoriquement cette éventualité et a, jusqu’à sa mort, refusé de recourir à une aide israélienne ou états-unienne pour combattre d’autres Palestiniens. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a été soumis à un blocus implacable dans son complexe de la Mouqataa avant de mourir dans des circonstances plus que suspectes.
Le principal problème auquel Mahmoud Abbas et le chef de son cabinet de crise Salam Fayyad, sont confrontés, c’est de prouver qu’ils sont capables de trancher la situation en leur faveur face aux mouvements de la Résistance palestinienne en Cisjordanie même. Car il n’est pas du tout certain que les Brigades Al-Aqsa, la branche armée du Fatah, accepte de remettre les armes comme l’exige Abbas.
Le sommet de Charm el-Cheikh a renversé les priorités : il s’agit de désarmer la Résistance avant que les Palestiniens n’aient récupéré leurs droits, en contrepartie de promesses vagues. Alors que la logique des choses voudrait que les mouvements de la Résistance soient préservés jusqu’à que les droits nationaux soient rendus.
Si Mahmoud Abbas réussi à se débarrasser des mouvements de Résistance à Gaza et en Cisjordanie, ce qui est fortement improbable, pourra-t-il donner aux Israéliens ce qu’un homme de la stature de Yasser Arafat n’a pas pu donner, sans être honni par le peuple palestinien ?

Presse Internationale

USA TODAY (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
Peter Schweizer, chercheur à la Hoover Institution (Université de Stanford) : Les Etats-Unis ne doivent pas lancer des bombes ou des frappes contre l’Iran. Ils doivent plutôt adopter une attitude médiane qui fait mal à Téhéran dans un secteur sensible : l’économie. La République islamique constitue un danger pour l’Amérique et pour ses intérêts, ainsi que pour la stabilité du Moyen-Orient. Pour contenir ce pays, Washington doit, par exemple, couper son approvisionnement en essence. Il doit aussi injecter sur le marché iranien de grosses sommes en fausses devises iraniennes pour affaiblir l’économie du pays.

HAARETZ (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Tzivi Bar’eel écrit que Mahmoud Abbas n’a pas répondu à une question fondamentale lors de son dernier discours prononcé lors du sommet quadripartite de Charm el-Cheikh : pratiquement, est-il toujours le président de l’Autorité palestinienne dans la Bande de Gaza ? Le chef de son cabinet de crise, Salam Fayyad, peut officiellement signer un accord de développement des égouts de Gaza. Mais pour le mettre en œuvre, il a besoin du feu vert du Hamas. Certes, le sommet a constitué une manifestation de soutien à Abbas. Mais en même temps, il va l’étouffer, et, prochainement, le président de l’Autorité en payera le prix. Ehud Olmert, qui s’est engagé à relâcher 250 détenus pour soutenir Abbas, subira le même sort.

MAARIV (QUOTIDIEN ISRAELIEN)
Le Hamas touchera les dividendes et les aides, alors que Mahmoud Abbas sera incapable de conclure la paix. C’est un homme faible qui jette de la poudre aux yeux et par qui ne viendra jamais le salut. Ehud Olmert ne pourra pas remettre le premier chèque de la somme des 600 millions de dollars qu’il s’est engagé à verser à l’Autorité palestinienne. Ce n’est pas que Mahmoud Abbas a cessé de honnir Khaled Machaal (le président du bureau politique du Hamas), mais il n’a nullement l’intention d’œuvrer sérieusement contre lui.

Presse Arabe


Des informations en provenance de Paris précisent qu’une partie des entretiens entre la délégation libanaise et les États-uniens a porté sur l’attaque contre la patrouille espagnole de la Finul. Tarek Mitri, le ministre de la Culture et des Affaires étrangères du gouvernement de Siniora, a estimé que l’attaque contre les forces onusiennes ouvre l’ensemble du dossier de la sécurité au Liban. Il a ajouté que cet attentat nécessite une révision des règles d’engagement fixée à la Finul conformément à la résolution 1701, sans modifier la nature de sa mission.
Pendant ce temps, l’enquête se poursuit au Sud du Liban avec la collaboration du Hezbollah. Les premiers éléments laissent penser qu’al-Qaïda pourrait être derrière l’attentat. Des groupes islamistes intégristes présents dans certains camps palestiniens et ayant des affinités idéologiques avec l’organisation d’Oussama Ben Laden pourraient être impliqués.
Pour en revenir aux réunions de Paris, le seul résultat tangible est le soutien franco-états-unien à l’armée libanaise dans ses opérations actuellement en cours. La nature de ce soutien n’a pas été précisée.

L’équipe d’évaluation de l’Onu, formée de cinq experts internationaux et dirigée par le Danois Lasse Christensen, a recommandé que des spécialistes internationaux soient déployés au Liban pour aider à lutter contre le trafic d’armes en provenance de la Syrie. Elle a estimé que le dispositif de surveillance mis en place par les autorités libanaises à la frontière entre la Syrie et le Liban « est insuffisant pour prévenir la contrebande, en particulier celle des armes ». La mission d’évaluation trouve toutefois qu’il existe une « volonté professionnelle » de sécuriser les frontières du Liban. Les services des douanes ont, à cet égard, introduit quelques améliorations qui rendent plus efficace l’organisation des postes-frontières.

Le rapport cite les points de passage présentant le plus de risques. Il estime que les points de Abboudié, Bqaiaa et Kaa ne sont pas considérés comme des points frontaliers où le trafic d’armes peut avoir lieu facilement. En revanche, au poste-frontière de Masnaa, les douaniers et les policiers en poste « ne sont pas au fait des méthodes classiques de camouflage et de caches lorsqu’il s’agit de trafic d’armes et de substances chimiques pouvant servir de base à la fabrication d’engins explosifs ».
La solution serait, selon le rapport, d’établir une force mobile polyvalente qui travaillerait parallèlement aux agences déjà en charge de la sécurité de la frontière, mais qui axerait sa mission sur le trafic d’armes. La mission serait limitée dans le temps. L’équipe d’évaluation propose, en outre, neuf recommandations, basées sur les observations effectuées sur le terrain, allant de l’établissement d’une force mobile ayant pour but d’intercepter la contrebande d’armes et de s’en saisir rapidement, à la création d’un organe d’information et d’analyse, au déploiement des experts internationaux de la sécurité aux frontières, et à la mise en place des points de contrôle absolu au niveau des postes-frontières, ainsi qu’à l’adoption des mesures pour séparer les frontières légales et illégales.

AL-SHARQ AL-AWSAT (QUOTIDIEN SAOUDIEN)
Il existe des divergences entre la France et les Etats-Unis sur l’attitude face aux développements actuels et futurs au Liban. Ces divergences sont apparues après la réunion entre la secrétaire d’Etat, Condoleezza Rice, et le Premier ministre libanais, Fouad Siniora, à Paris.
Mme Rice a exprimé des positions différentes de celles défendues par la France qui appelle à la formation d’un gouvernement d’union nationale et qui encourage l’entente entre les différentes parties libanaises. De même que Paris a opté pour l’ouverture en direction de certaines factions de l’opposition libanaise, comme le Hezbollah et le général Michel Aoun. La France a aussi exprimé son intention d’ouvrir un dialogue politique avec la Syrie et d’examiner les revendications de l’opposition libanaise. D’ailleurs, après sa rencontre avec Nicolas Sarkozy, Fouad Siniora a affirmé qu’il ne fallait pas exagérer les attentes de la rencontre inter-libanaise qui doit être organisée en France à la mi-juillet. Le Premier ministre a souligné que seuls des représentants de deuxième rang participeront à cette rencontre.

REUTERS (AGENCE DE PRESSE BRITANNIQUE)
Israël a fait savoir que le président palestinien Mahmoud Abbas lui avait demandé son feu vert pour faire venir en Cisjordanie des renforts du Fatah basés en Jordanie afin de renforcer sa main après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas. L’État hébreu a dit étudier cette requête, présentée lundi lors du sommet de Charm el-Cheikh. Israël fournira rapidement sa réponse, précise-t-on de source autorisée au sujet du transfert éventuel en Cisjordanie de la « brigade Badr » de l’Armée de libération de la Palestine (ALP), qui compte selon les évaluations de 1000 à 2000 hommes. « Cela sera examiné, mais rien de plus. C’est en cours de vérification », a déclaré Miri Eisin, porte-parole d’Olmert. Interrogé par Reuters, Salam Fayyad, Premier ministre de l’administration de crise, s’est refusé à infirmer ou confirmer la requête palestinienne. Initialement, Abbas avait l’intention de faire venir la brigade Badr à Gaza pour y faire cesser les tirs de roquettes contre Israël. Mais l’évolution de la situation dans l’étroite bande côtière où les forces du Fatah ont été défaites il y a deux semaines par celles du Hamas rend ce déploiement désormais hautement improbable. Faouzi Barhoum, porte-parole du Hamas, a déclaré que celui-ci ne voyait pas d’inconvénient à ce que les éléments de la brigade Badr retournent dans leur patrie, pourvu que ce soit dans le but d’y « assurer la sécurité du peuple et non pas d’être utilisés par Abbas pour punir le Hamas ».

La brigade a été mise sur pied dans les années 1960 dans le cadre de l’OLP en exil. Elle passe pour être l’unité de combat la mieux équipée et entraînée du Fatah à l’exception de la garde présidentielle d’Abbas. Elle est, en outre, fidèle au président de l’OLP et entretient des liens étroits avec le roi Abdallah, mais certains experts occidentaux qui lui ont rendu visite en Jordanie contestent sa capacité à affronter des groupes activistes comme le Hamas.
Le général Keith Dayton, coordinateur états-unien pour les questions de sécurité entre Israël et les Palestiniens, ne s’est pas encore prononcé sur l’opportunité de son déploiement en Cisjordanie. Les États-Unis n’ont fourni jusqu’à présent ni encadrement ni équipement à la brigade Badr. Mais ils l’aident à préparer son déploiement en territoire palestinien. Par ailleurs, des sources israéliennes affirment que Tel-Aviv examinait la proposition de Moscou de fournir des armes russes aux forces fidèles à Mahmoud Abbas.

AL-AHRAM (QUOTIDIEN EGYPTIEN)
L’ambassadeur d’Egypte Hussein Achour, rapporte que lors de leur rencontre au Caire, le président Hosni Moubarak et le roi Abdallah d’Arabie saoudite se sont inquiétés des graves répercussions sur l’ensemble de la région des récents développements. Ils ont mis l’accent sur la nécessité de réagir très vite pour contenir les retombés de ces bouleversements.
L’entretien entre les deux hommes a porté sur le dossier palestinien et la crise libanaise. Ils ont convenu de renforcer leur étroite coopération pour tenter de résoudre ces crises qui se compliquent jour après jour.

Tendances et événements au liban


Certains milieux loyalistes libanais continuent d’accuser la Syrie d’être responsables des derniers développements sécuritaires au Liban : des affrontements de Nahr al-Bared, entre l’armée libanaise et les intégristes de Fatah al-Islam, à l’attentat contre la Finul, en passant les incidents du Tripoli entre les forces de l’ordre et une cellule dormante jihadiste.
Ces accusations contredisent les réalités du terrain et les informations qui commencent à s’accumuler chez les services de sécurité :
 1- Le ministre de la Défense, Elias Murr, a annoncé que 40 intégristes, membres d’Al-Qaïda, sont aux mains de l’armée. La plupart sont Saoudiens, Yéménites et Bengalais. D’autres sont Libanais, Syriens, Jordaniens et Maghrébins. Ce mélange, ainsi que les attaques perpétrées et celles qui étaient planifiées, portent l’empreinte d’al-Qaïda. Elias Murr est pourtant un proche du 14-mars.
 2- Il n’est pas nécessaire d’être très intelligent pour comprendre que les accusations portées contre la Syrie d’être à l’origine de l’attaque contre la patrouille espagnole, ou de l’avoir facilité, ne tiennent pas la route. L’Espagne est en effet le seul pays européen qui a refusé de boycotter la Syrie lorsque Washington a demandé à tous ses alliés de rompre les contacts avec Damas. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, a été un des premiers responsables européens à visiter la Syrie. Il est clair que les auteurs de l’attentat ont surtout voulu saboter les bonnes relations entre Damas et Madrid. Cette tentative intervient après les États-Unis eurent vite refermé la porte que la France avait entrouverte avec la Syrie.
 3- De nombreuses analyses signées par des experts et des journalistes occidentaux affirment que les États-Unis ont déployé, à travers leurs services de renseignements, de sérieux efforts pour pousser al-Qaïda à transférer une partie de ses activités d’Irak vers d’autres pays. L’objectif des États-uniens est d’alléger le fardeau qui pèse sur leurs troupes en Irak, où Al-Qaïda est responsable d’une partie importante des attaques. De la sorte, Washington espère qu’al-Qaïda dispersera son énergie.
Ces analyses sont apparues il y a plusieurs mois, après le début des attentats-suicides revendiqués par des branches d’Al-Qaïda dans des pays du Maghreb arabe.

Résumés des journaux télévisés des médias libanais

AL-MANAR (HEZBOLLAH)
Les instructions états-uniennes pour la période à venir visent à saboter toute tentative d’entente interne au Liban. Elles se sont traduites par l’entêtement du 14-mars à accaparer le pouvoir et à ne pas le partager avec ses partenaires dans la patrie.

NTV (INDEPENDANTE, SENSIBLE AUX THESES DE L’OPPOSITION)
Le FBI (dont le directeur était en visite à Beyrouth, mardi) a-t-il fourni des informations fraîches sur les activités des terroristes du Nord au Sud, et qui ont été couronné par l’attentat contre la Finul, dimanche.

NBN (PROCHE DE NABIH BERRI)
En attendant de savoir ce que Fouad Siniora ramène avec lui de Paris et de ce qu’il a été informé derrière les portes closes, l’opposition insiste sur la nécessité de renforcer l’immunité interne face aux grands défis qui se profilent à l’horizon.

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Le Premier ministre Fouad Siniora a obtenu de ses rencontres avec Nicolas Sarkozy, Condoleezza Rice et Ban Ki-moon, un engagement sur la poursuite de la mission de la Finul au Sud du Liban malgré l’attentat de dimanche dernier.

FTV (APPARTIENT A LA FAMILLE HARIRI)
Amr Moussa a assuré que sa mission au Liban n’a pas échoué. Ce sont plutôt les positions politiques des uns et des autres qui constituent un échec.

Talks shows libanais

LBC (FORCES LIBANAISES, 14-MARS)
Emission « Avec courage »
Walid Joumblatt, député du Chouf (14-mars)
 Tant que le Liban n’accepte pas l’accord d’armistice avec Israël, au sein duquel sera intégré le Hezbollah, il restera en proie à toute sorte d’aventures sanglantes.
 Ceux qui réclament aujourd’hui au Liban la formation d’un second gouvernement sont des criminels et des traîtres.
 Seuls l’État et l’armée peuvent garantir la stabilité au Liban, protéger les institutions et sauvegarder la Résistance.
 Une grande question se pose : comment est-ce que la voiture piégée qui a visé la patrouille de la Finul a-t-elle pu être introduite au Liban ?