Ariel Sharon semble vouloir abandonner Gaza pour imposer un accord de transition qu’il n’a pas obtenu par des moyens diplomatique et politiques. Toutefois, ce retrait unilatéral pourrait aboutir à une situation dangereuse pour Israël en raison de l’anarchie qu’il provoquera, une situation bien loin du calme espéré par le Premier ministre.
Gaza pourrait être une source de terreur pour toute la région. Gaza, sous l’influence de l’Iran et du Hezbollah, ne laissera pas Israël tranquille. Il est donc dans l’intérêt d’Israël et dans celui du Premier ministre de s’assurer que Gaza ne deviendra pas un refuge pour les terroristes qui maintiendraient Israël dans un état de guerre permanent. Sharon doit faire face aux contradictions de son plan et coordonner le désengagement avec les forces palestiniennes sous l’autorité d’un corps international. Cela donnerait plus de chance de stabilité que le traumatisme que Sharon souhaite provoquer.
Il vaut mieux laisser Gaza dans les mains d’un gouvernement palestinien d’union nationale qui rassemblera toutes les forces palestiniennes (du Fatah à la branche politique du Hamas) avec l’aide d’une force internationale sous mandat de l’ONU. Nous nous inspirerons ainsi de la situation au Liban où même le Hezbollah respecte la frontière « légitime ».
Ce qu’il faut retenir de la situation des États-Unis en Irak, c’est que les actions unilatérales ne fonctionnent pas par manque de légitimité et qu’une insurrection nationale, surtout fondée sur la ferveur religieuse, ne disparaît qu’avec la fin de l’occupation.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« For an international task force », par Shlomo Ben Ami, Ha’aretz, 21 septembre 2004.