Tendances et évènements régionaux

La crise irakienne s’invite avec force dans le débat interne aux États-Unis où l’augmentation des pertes dans les rangs de l’armée US met le président George Bush et son administration dans une très mauvaise posture. Les difficultés rencontrées par les GI’s pourraient initier et accélérer des développements dramatiques à Washington, où des voix commencent à s’élever, même chez les parlementaires et sénateurs républicains, pour réclamer la destitution du vice-président, Dick Cheney. La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a, quant à elle, proposé un plan de retrait en quatre mois d’Irak, couplée d’une réduction des prérogatives du président en temps de guerre, comme cela s’est produit au début des années 70 avec l’ancien président Richerd Nixon, lors de la guerre du Vietnam. Selon certains observateurs, ce plan pourrait prendre la forme d’un projet de loi, vers la fin du mois de septembre.
Bien que George Bush soit de plus en plus affaibli chez lui et sur la scène internationale, aucun changement n’apparaît dans l’attitude des forces et des élites politiques qui ont lié leur sort à la réussite du projet états-unien au Moyen-Orient. Des experts s’attendent à une modification drastique des rapports de forces régionaux si les États-Unis sont contraints à se retirer subitement d’Irak, comme ce fut le cas au Vietnam, il y a plus de trente ans.

Presse et agences internationales

NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ETATS-UNIEN)
L’influent quotidien a plaidé dimanche pour un retrait dès que possible des GI’S d’Irak, affirmant dans un éditorial cinglant que la tentative du président George W. Bush de stabiliser le pays était une « cause perdue ».
« Il est temps pour les États-Unis de quitter l’Irak, sans plus de délai qu’il n’en faut pour que le Pentagone organise le retrait », écrit le quotidien dans un éditorial inhabituellement long intitulé Le chemin du retour.
Le NYT rappelle qu’il avait jusqu’à présent rejeté cette conclusion « dans l’attente d’un signe que le président Bush était sérieusement en train de chercher une solution pour sortir les États-Unis du désastre qu’il avait créé en envahissant l’Irak sans motif suffisant, en dépit de l’opposition mondiale et sans plan de stabilisation ».
Mais depuis il est apparu que Bush n’avait « ni la vision, ni les moyens » de stabiliser le pays, assure l’éditorial.
« Il est effroyablement clair que le projet de M. Bush est de rester sur place aussi longtemps qu’il sera président et ensuite de transmettre le fardeau à son successeur. Quelle que soit la cause qui l’a guidée elle est perdue », écrit le journal (centre-gauche).
L’armée US « ne peut résoudre le problème » et ramener la stabilité dans un pays qui est déjà plongé dans la guerre civile, assure l’influent quotidien.
Cet éditorial est la plus récente manifestation du mécontentement de l’opinion publique états-unienne face à la situation en Irak, après les défections annoncées ces dernières semaines par des sénateurs républicains jusqu’alors fervents partisans de la guerre.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ETATS-UNIEN)
Le quotidien a annoncé dimanche qu’un rapport préliminaire qui doit être remis la semaine prochaine au Congrès fustige l’incapacité du gouvernement irakien à atteindre les objectifs fixés par l’administration Bush en matière de sécurité et de développement politique.
Le Congrès avait fixé 18 objectifs au gouvernement irakien en contrepartie du financement de la guerre. Un rapport final est prévu en septembre pour évaluer l’effet de la nouvelle stratégie et des renforts, mais un rapport préliminaire est annoncé pour les prochains jours.
Selon le Washington Post, le rapport conclut que le nombre de soldats états-uniens tués a fortement augmenté, alors que la violence s’est étendue au-delà de Bagdad et que les divisions politiques et confessionnelles se sont aggravées à travers le pays
George W. Bush devrait avoir une nouvelle semaine difficile avec le Congrès où les démocrates veulent atténuer ses pouvoirs présidentiels et où de plus en plus de républicains critiquent sa gestion de la guerre en Irak.
Après une pause pour cause de fête nationale le 4 juillet, les démocrates prévoient de reprendre l’offensive sur l’Irak et sur deux affaires de politique intérieure, le programme d’écoutes antiterroristes sans mandat d’un juge et l’éviction controversée de procureurs.
Les élus sont également très mobilisés contre une récente décision, impopulaire, du président républicain de gracier partiellement l’ex-bras droit du vice-président Dick Cheney, condamné à 2 ans et demi de prison pour avoir menti à la justice.
Selon des sources parlementaires, les sénateurs Hillary Clinton et Robert Byrd veulent réduire de manière significative les pouvoirs de guerre du président, en proposant un amendement à une loi sur le sujet adoptée il y a cinq ans.
Les démocrates comptent 49 élus parmi les 100 sénateurs, et peuvent en général compter sur les deux indépendants. Mais pour forcer la main présidentielle, il faut 60 voix, un seuil que les démocrates n’ont pas réussi à atteindre jusqu’à présent.
Mais la tactique d’érosion des pouvoirs du président provoque des remous dans la base républicaine de M. Bush, qui avait déjà refusé de le suivre sur la réforme de l’immigration.
L’ancien président de la commission des Affaires étrangères du Sénat, l’influent Richard Lugar, fervent partisan de la guerre, a déclaré il y a deux semaines que l’envoi de renforts, qui porte désormais le nombre de soldats US en Irak aux alentours de 160 000, ne fonctionnerait pas.
Un autre sénateur républicain, George Voinovich, a appelé à un retrait.
Depuis jeudi, trois autres de ses collègues républicains, Pete Domenici, Lamar Alexander et Judd Gregg, ont également demandé publiquement au président de changer de stratégie.
La Maison-Blanche a minimisé la rébellion des parlementaires républicains, faisant valoir qu’il était trop tôt pour dresser un bilan de la nouvelle stratégie.

 Le premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov a accusé dimanche les États-Unis de vouloir construire « un nouveau mur de Berlin » avec leurs plans pour installer en Europe des éléments d’un bouclier antimissile.
« Ils essaient de nous pousser à nous confronter avec l’Europe (...) afin de créer une nouvelle ligne de séparation, un nouveau mur de Berlin », a déclaré M. Ivanov dans une interview à la télévision d’État russe Rossiya.
« Il est évident que le fait de poursuivre leurs plans et de les réaliser en installant des missiles en Pologne et un radar en République tchèque constituera bien sûr une menace évidente pour la Russie », a dit le responsable russe.
Le projet de bouclier antimissile états-unien, qui vise selon Washington à répondre à la menace éventuelle de missiles venant de pays comme l’Iran ou la Corée du Nord, a détérioré au cours des derniers mois les relations déjà tendues entre les États-Unis et la Russie.
Par ailleurs, des mouvements de jeunesse pro-Kremlin ont manifesté samedi à Moscou devant l’hôtel où a débuté le congrès de la coalition d’opposition L’Autre Russie en accusant les opposants à Vladimir Poutine d’être vendus à Washington dans la perspective de la présidentielle de 2008.
Les manifestants ont tenté de pénétrer dans l’hôtel, mais en ont été empêchés par la police. A leur tête, un manifestant déguisé en Père Noël tenait un sapin auquel étaient suspendus des dollars, allusion à un supposé financement US.

 Plusieurs journaux états-uniens ont indiqué que le président George Bush projetait de signer un nouvel accord stratégique avec Israël pour les dix prochaines années. Cet accord comprend la fourniture de l’aide nécessaire et une assistance pour faire face aux défis qui se profilent devant Israël. Son but et de protéger la sécurité de l’État hébreu et de consacrer sa suprématie militaire sur les autres États de la région.

 Des sources diplomatiques arabes affirment que les affrontements de la Mosquée rouge, au Pakistan, prouvent que l’establishment politique pakistanais a abandonné sa politique basée sur le soutien aux mouvements extrémistes. Les décideurs en Occident estiment qu’une telle mesure est nécessaire pour empêcher que le Pakistan ne tombe dans le giron des fondamentalistes.
Pendant ce temps sur le terrain, des religieux pakistanais proches des milieux islamistes tentaient une médiation entre les radicaux retranchés dans la Mosquée rouge d’Islamabad et les forces gouvernementales, afin d’éviter un assaut après une semaine d’affrontements meurtriers.
« D’ultimes efforts sont déployés par les oulémas et des personnes associées aux écoles coraniques, a indiqué un haut responsable des services de sécurité.
Ces efforts interviennent au moment où semble se renforcer l’hypothèse d’un assaut sur la mosquée, où 24 personnes sont mortes en sept jours de heurts, selon un bilan officiel.

UNITED PRESS INTERNATIONAL (UPI, AGENCE ETATS-UNIENNE)
Les quatre diplomates états-uniens enlevés au Liban, en 1982, sont toujours vivants. Le porte-Parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Husseini, a déclaré que « tous les indices prouvent qu’ils sont toujours en vie ».
Le diplomate a fait assumer à Israël la responsabilité « de ce crime » et a appelé les organisations internationales à exercer des pressions juridiques sur l’État hébreu pour connaître le sort des quatre diplomates.

REUTERS (AGENCE DE PRESSE BRITANNIQUE)
Une fatwa (décret religieux) émise par un ouléma saoudien laisse craindre une vague de violences dans le royaume. Cette fatwa, qui laisse entendre que les libéraux « ne sont pas de vrais musulmans », a été émise sur fonds de débat en Arabie saoudite sur la pertinence des réformes.

Presse et agences arabes

 L’agence de presse allemande a annoncé dimanche que le gouvernement limogé du Hamas s’apprête à rendre publics des documents compromettants pour certaines hautes personnalités de l’Autorité palestinienne, notamment les principaux chefs des services de sécurité. Ces documents prouvent que ces personnalités ont fait main basse sur des sommes colossales et sur des biens appartenant au peuple palestinien. Des mesures juridiques adéquates seront prises contre les individus reconnus coupables.

 Dans une interview accordée à la télévision qatari Al-Jazeera, le ministre syrien de l’Information, Mohsen Bilal, a réaffirmé l’attachement de son pays à une paix juste et globale au Moyen-Orient, comprenant la restitution des hauteurs du Golan occupé, des fermes libanaises de Chébaa, et l’édification d’un État palestinien ayant Jérusalem pour capitale. Il a également déclaré que cette paix doit prévoir le retour des réfugiés palestiniens chez eux.

AL-AHRAM (QUOTIDIEN EGYPTIEN)
Dans une interview accordée au journal, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, affirme que le déploiement d’une force internationale chargée de contrôler les points de passage de Gaza ne peut avoir lieu qu’en coopération avec l’Égypte, avec qui les contacts ne se sont pas interrompus. Le déploiement d’une telle force est une revendication arabe et palestinienne. M. Abbas a d’autre part révélé que les investigations avec les personnes accusées d’être impliquées dans les incidents de Gaza (la prise par le Hamas du contrôle de la Bande), seront rendues publiques à la fin de ce mois.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
 Des sources israéliennes ont révélé que le chef du cabinet de crise palestinien, Salam Fayyad, et le ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, ont tenu une réunion secrète. Cette information intervient alors que le bureau de la ministre israélienne des Affaires étrangères a annoncé que Tzipi Livni a rencontré, dimanche, pour la première fois, M. Fayyad.
 Alors que les Palestiniens sont occupés à se battre entre eux pour des illusions, les Israéliens inventent de nouveaux procédés pour imposer le fait accompli dans les territoires palestiniens. La méthode classique pour grignoter les terres palestiniennes et y construire des implantations consistait à émettre des décisions juridiques d’expropriation. La nouveauté réside dans le fait que les colonies déjà existantes s’étendent en dehors de leurs limites et avalent de nouvelles parcelles de terrains.

UNITED PRESS INTERNATIONAL (UPI, AGENCE AMERICAINE)
Deux chercheurs, Michael Ohanlon et Edward Josef (Brookings Institution) ont fait état d’un nouveau projet qui consiste à diviser l’Irak en trois entités ou plus, qui remplaceraient la stratégie de stabilisation, de retrait des troupes états-uniennes et de contrôle de la guerre civile.
Ce Projet est composé de sept étapes qui permettraient une période de transition gérable :
 1 Maintenir le nombre de GI’s en Irak à 150 000. Ce chiffre sera ensuite ramené à 50 000 ou 75 000. Ils resteraient en Irak pendant de nombreuses années.
 2 Tracer les frontières entre les différentes régions irakiennes.
 3 Mettre sur pied des mécanismes permettant aux habitants des différentes régions de se déplacer en toute sécurité.
 4 Aider les populations à recommencer leur nouvelle vie dans les régions où elles se sont installées.
 5 Imaginer un concept pour le partage des ressources pétrolières, sinon le danger d’un conflit entre sunnites et chiites persistera.
 6 Mettre en place une méthode d’identification des personnes pour empêcher l’infiltration des terroristes d’Al-Qaïda dans les différentes régions.
 7 Reconstruire les institutions.

Tendances et évènements au Liban

À quelques jours de la rencontre inter-libanaise de La Celle Saint-Cloud, qui doit se tenir sous les auspices du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, les pronostics les plus optimistes ne font pas état d’une éventuelle percée dans le mur de la crise qui secoue le Liban depuis novembre 2006. Pourtant, il s’agit de la première rencontre entre les protagonistes de la crise depuis les 11 rounds de dialogue entre Nabih Berri (président du Parlement-opposition) et Saad Hariri (chef de la majorité parlementaire). Malgré ce climat réservé et prudent, la France tente d’obtenir des participants à cette rencontre une déclaration d’intentions commune.
Certains analystes à Beyrouth soulignent que les démarches arabes et iraniennes visent à appuyer les efforts français. Mais les récents propos de l’ambassadeur des États-Unis à Beyrouth, Jeffrey Feltman, sont apparus comme une tentative de sabotage anticipée de l’initiative de la France et de toutes les autres démarches visant à trouver une solution à la crise. Ces craintes ont été amplifiées par le ton élevé du chef druze Walid Joumblatt, qui a pris, dimanche, la défense de la politique US au Liban. Sa déclaration sur « la chute de toutes les lignes rouges » a suscité une foule d’interrogations et a été perçue comme une escalade sans précédent.
L’opposition libanaise a affiché ses bonnes intentions et a fait preuve d’ouverture vis-à-vis de la démarche française. Elle a en même temps adressé des messages dans toutes les directions affirmant qu’elle disposait de nombreuses autres cartes de substitution qu’elle est prête à utiliser au moment opportun. Les prochaines mesures de l’opposition dépendront des résultats de la rencontre de La Celle Saint-Cloud et de la tournée de Amr Moussa. Le secrétaire général de la Ligue arabe pourrait revenir à Beyrouth après avoir visité l’Arabie saoudite et la Syrie.

Résumés d’articles relatifs au Liban

 L’élection présidentielle prévue à l’automne s’impose comme le nœud de la crise qui paralyse le pays depuis huit mois, avec le risque d’une aggravation des tensions si majorité et opposition ne tombent pas d’accord sur un candidat de compromis.
Ce dossier a été évoqué par le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, à Ryad, puis à Damas.
L’élection se fait à la majorité des deux-tiers. La majorité anti-syrienne a besoin de la présence des députés de l’opposition pour atteindre ce quorum, comme le veut la coutume depuis l’indépendance.
Ce point avait fait achopper la dernière médiation d’Amr Moussa, la majorité ayant accepté de former un gouvernement d’union nationale, réclamé par l’opposition depuis novembre, à la condition que celle-ci s’engage à assurer le quorum.
Selon des sources bien informées, M. Moussa a reçu l’appui du roi Abdallah Ben Abdel Aziz dans ses démarches. Le secrétaire général de la Ligue arabe avait déclaré lors d’une interview que « le temps presse pour les Libanais ». « Si nous avions un an ou plus, nous aurions pu aménager les priorités, a-t-il dit. Mais il ne reste que trois ou quatre mois. Et j’ai pu constater qu’il est encore possible pour les Libanais de se parler entre eux ».

 Les agences de presse libanaises et arabes ont affirmé que le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Mohammad Ali Husseini, a exprimé le soutien de Téhéran à tous les efforts visant à débloquer la crise actuelle au Liban, soulignant la démarche française destinée à organiser une rencontre inter-libanaise à La Celle Saint-Cloud, entre le 14 et le 17 juillet. Le diplomate a par ailleurs fait état d’un échange de points de vue entre les responsables iraniens et saoudiens au sujet de la crise libanaise.

 La presse libanaise a continué à couvrir l’actualité relative aux critiques adressées par les évêques maronites au gouvernement, accusé de faciliter l’achat de terrains au Liban par des ressortissants étrangers et de ne pas respecter l’équilibre confessionnel entre chrétiens et musulmans dans le recrutement de policiers. Dans ce cadre, les journaux ont rapporté les propos du Patriarche maronite, Nasrallah Sfeir, qui a regretté que le communiqué des évêques ait été « politisé ».

 Mohammad Raad, chef du groupe parlementaire du Hezbollah, a déclaré que la crise libanaise se trouve dans une impasse. « Nous avons la responsabilité de sauver le pays en offrant à ceux qui sont au pouvoir toutes les opportunités afin qu’ils se désengagent des promesses qu’ils ont faites aux étrangers au profit d’un vrai partenariat avec leurs compatriotes. « S’il ne saisissent pas cette main, tendue, a-t-il dit, cela signifie qu’ils ont décidé de prendre le pays à sa perte ». « Nous ne menaçons personne. Mais nous ne permettrons absolument pas qu’ils détruisent le pays et qu’ils élisent un président de la République issu de leurs rangs en violation de la Constitution », a conclu M. Raad.