De plus en plus, l’image fausse d’une Russie venant grossir les rangs des dictatures et d’un Vladimir Poutine en exécuteur de la démocratie russe se développe. Pourtant, le système auquel s’attaque le président russe n’est pas une démocratie et nous ferions mieux de l’aider au lieu de le brocarder. Nous devrions également regarder nos actions passées vis-à-vis de la Russie depuis la fin de l’ère soviétique.
La Russie n’a jamais été une démocratie comme l’atteste la confrontation sanglante entre Eltsine et le Parlement en 1993, sa réélection injuste en 1996 et l’élection truquée de 1999. La politique de Poutine visant à nommer plutôt qu’à faire élire les gouverneurs de province n’est pas non plus un coup porté contre la démocratie, mais contre des potentats locaux qui négociaient leur loyauté à l’État central contre le droit de régner librement sur leur fief. Les élections des gouverneurs étaient devenus le symbole de l’alliance de l’argent et de la politique, parfois du crime organisé et des « ressources administratives », un euphémisme pour désigner les abus de pouvoirs.
Les observateurs occidentaux considèrent que les années 90 en Russie ont été une période d’espoir et de démocratisation avec le développement de l’économie de marché. C’est l’époque ou les conseillers occidentaux et les ONG financées par l’USAID assistaient les partis politiques et encourageaient les privatisations. Les souffrances des Russes n’étaient considérées que comme le prix nécessaire de la transition. Pour les Russes, l’ère Eltsine est celle du chaos tandis que Poutine incarne la restauration de l’ordre.
La Russie est en train de chercher sa route, il ne faut pas la traiter comme une nouvelle Union soviétique.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Not Another Soviet Union », par Eugene B. Rumer, Washington Post, 24 septembre 2004.
« What democracy can Putin destroy ? », Christian Science Monitor, 29 septembre 2004.