Face à la détérioration de la situation en Irak ; George W. Bush et Tony Blair font face à un dilemme. La situation n’est pas plus facile pour nous, que nous ayons été favorables ou hostiles à ce conflit.
Nous savons que si nous retirons nos troupes, le pays va sombrer dans le chaos. Toutefois, la présence états-unienne ne fait qu’accroître l’insurrection. Aujourd’hui, des villes sont aux mains de groupes disparates et même la zone verte est la cible des roquettes. Les prises d’otages se multiplient et la reprise des villes aux insurgés va prendre des mois, peut-être des années. Si les troupes étrangères partent, l’Irak pourrait éclater avec l’indépendance réclamée par le Sud et le Nord et sombrer dans la guerre civile. Pour empêcher cela, Iyad Allaoui a les moyens de former une armée mais, en face, la présence états-unienne offre une bonne source de recrutement aux insurgés.
La plupart des Irakiens sont soulagés de la chute de Saddam Hussein et ils savent que cela n’aurait pas été possible sans l’invasion, mais il ne faut pas compter sur leur gratitude. Ils veulent être libre de tout contrôle étranger. C’est pourquoi les Irakiens soutiennent les insurgés. Pour régler le problème, il faut donc que Washington transfère l’entière responsabilité de l’Irak à l’ONU et fasse du gros de ses troupes des casques bleus.
Je me doute que George W. Bush n’acceptera jamais et que même John Kerry ne s’y résoudrait pas, mais il faut préciser que cette alternative sauverait de nombreuses vies américaines et irakiennes.

Source
The Independent (Royaume-Uni)

« American troops must stay in Iraq. But they must change their helmets », par Malcolm Rifkind, The Independent, 3 octobre 2004.