Tous les signes montrent que le rapport de l’Union européenne qui doit être publié demain sera favorable à la Turquie et aboutira à l’ouverture de négociations, le 17 décembre. Jamais un pays avec lequel des négociations ont été ouvertes ne s’est vu refusé l’adhésion.
Aujourd’hui, l’Union européenne comprend 25 membres et d’ici à 2020, avec l’adhésion de la Turquie et des pays euro-asiatiques, elle en sera plus seulement une puissance économique, mais aussi une puissance politique. En effet, la Turquie offre à l’Europe une pénétration géostratégique au Moyen-Orient, une armée puissante et 85 millions de consommateurs d’ici à 2015. L’Europe deviendra plus puissante au Moyen-Orient et Bruxelles deviendra un centre de gravité aussi important que Washington. Amener la Turquie dans l’Europe sera un facteur de démocratisation de la région bien plus efficace que la politique de George W. Bush et cela démontrera qu’on peut atteindre cet objectif par le dialogue.
Pour les États-Unis, cette entrée de la Turquie est à la fois une bonne et une mauvaise chose car elle est positive pour la région mais diminue l’importance des relations bilatérales entre Washington et Ankara. Washington a choisi son intérêt national large plutôt que son intérêt étroit et soutient l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne. Israël est dans une situation analogue à celle des États-Unis et il doit faire le même choix car la démocratisation de la région lui profiterait grandement. Cela permettrait également à Israël de se rapprocher de l’Union européenne et de ne plus dépendre que des États-Unis, un pays qui comprend décidément trop mal la région.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Turkey will strengthen Europe », par Alon Liel, Ha’aretz, 5 octobre 2004.