Tendances et événements au Proche-Orient

Le sommet égypto-saoudien de Charm el-Cheikh, entre le roi Abdallah et le président Hosni Moubarak, s’est terminé par un communiqué sur la réunion d’Annapolis, reprenant la terminologie états-unienne pour qualifier cette manifestation de « conférence sur le conflit israélo-palestinien (et non israélo-arabe) ». Le communiqué, lu par le porte-parole de la présidence égyptienne, exprime « le souhait de voir cette conférence couronnée de succès pour permettre de réaliser nos aspirations à des résultats concrets. Des résultats qui paveraient la voie à la réalisation de progrès sur les autres volets du processus de paix de manière à discuter des territoires occupés dans le Golan syrien, et d’avancées similaires vers une paix entre Israël, le Liban et la Syrie ».
Des sources diplomatiques arabes estiment que le communiqué égypto-saoudien répond totalement aux exigences US sans la moindre modification ou débat, en dépit des résultats plus que modestes qui transparaissent des nombreuses réunions préparatoires entre Mahmoud Abbas et Ehud Olmert. Ces préparatifs montrent que la conférence d’Annapolis produira une déclaration vague, faite de généralités, avec un plafond en-deçà de celui qui avait été fixé par les accords d’Oslo. Cette déclaration ne comprendra aucun engagement israélien clair et précis sur les questions clé du conflit, notamment le retour des réfugiés, les frontières du futur État palestinien, le sort de Jérusalem et le partage des eaux.
Ces mêmes sources ajoutent que le communiqué égypto-saoudien viole le concept de paix juste et globale, fixé par l’initiative arabe de Beyrouth (pourtant proposée par le roi Abdallah) et toutes les résolutions des sommets arabes successifs.
C’est dans cet esprit que se déroulent toutes les réunions entre les pays arabes dits « modérés ». Les craintes de voir ces États fléchir devant les pressions états-uniennes et accepter une normalisation totale avec Israël sans contrepartie grandissent.

Presse et agences internationales

• Dans un article publié par plusieurs journaux israéliens, Amos Heril estime que la possibilité d’une prochaine guerre sur le front nord inquiète la direction militaire israélienne qui s’attend a un conflit « effrayant » en raison de l’arsenal de missiles que possède l’armée syrienne. C’est ce que prévoit l’ancien directeur du département de recherche du renseignement militaire, le général de réserve Yaacoub Amidor. L’officier indique que la menace qui pèsera sur Israël en cas de conflit avec une armée classique d’un pays voisin fera que la deuxième guerre du Liban apparaîtra comme un jeu d’enfants. Les prévisions du général Amidor ressemblent aux différents scénarios imaginés par l’armée israélienne. Si une telle guerre éclatait, la menace ne pèsera pas uniquement jusqu’aux limites des zones résidentielles de Afoula et Khodeira, mais engloberait l’ensemble du territoire. La Syrie et le Hezbollah utiliseraient l’artillerie et les missiles contre les forces présentes sur le front mais aussi contre des positions militaires en profondeur du territoire israélien, y compris les centres de commandement et le ministère de la Défense à Tel-Aviv. Les zones de rassemblement des réservistes ne seront pas épargnées.
L’armée sera confrontée à de sérieux défis. D’abord, celui de neutraliser les missiles. De plus, la pression sur le front intérieur rendra difficile la gestion des combats sur les premières lignes. Les soldats seront constamment en train de se demander si la sécurité de leurs familles, à l’intérieur, est assurée. L’aviation réussira probablement à détruire les missiles de longue portée. Mais les roquettes de courte portée seront introuvables. Aussi, l’armée sera-t-elle contrainte d’utiliser les troupes terrestres pour neutraliser cette menace, avec tout ce que cela comporte comme risques et dangers.

AL-BAYAN (QUOTIDIEN EMIRATI)
Pour la troisième fois, les Libanais ont reporté la séance de l’élection présidentielle en respectant les délais constitutionnels. Cette décision a été prise après l’échec de l’entente sur un candidat consensuel à la présidence. C’était l’option la plus convenable, et elle a permis de gagner un peu de temps. Les indices montrent que les nuages de la crise libanaise commencent à se dissiper. Cette probabilité est renforcée par la prochaine venue à Beyrouth d’« architectes » de haut niveau qui vont mettre en place le mécanisme de sélection des candidats consensuels, en prévision de l’élection d’un président de compromis lors de la prochaine séance parlementaire, le 21 novembre. Si les choses se déroulent selon ce scénario, la crise libanaise sera alors entrée dans son dernier épisode. Mais cela dépend à quel point les Libanais sont prêts à satisfaire les conditions du sauvetage. Les acteurs locaux sont invités à faire primer le sauvetage sur toutes autres considérations. Les médiateurs sont fatigués. Le moment actuel est décisif.

AL-KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Pendant de longs siècles, l’Amérique latine était la ferme où les Européens suivis des États-uniens ont puisé, de force, les richesses. Pendant le siècle dernier, pas une année ne s’écoulait sans que les États-Unis interviennent militairement et directement pour changer ou punir un régime qui n’appliquait pas les instructions politiques et économiques de Washington.
Ces deux dernières décennies, l’Amérique latine a subi un choc économique provoqué par le libéralisme qui a ouvert ses marchés aux capitaux US et européens. Résultats, les disparités au niveau des revenus ont augmenté et la pauvreté s’est accentuée dans ces pays. Sans doute que les politiques des présidents Chavez, Morales, Ortega et Castro, et leur attitude lors du sommet ibérique, illustrent le soulèvement politico-social de ce continent. Le meilleur exemple montrant que tous ces pays se sont sérieusement éloignés des États-Unis reste la réponse du président équatorien à une question sur ce qu’il compte faire avec la base états-unienne dans son pays. « Lorsque le contrat expirera, nous accepterons de le renouveler à une seule condition. Si les États-Unis acceptent que nous installions une base équatorienne à Miami », a-t-il dit.

• Les États-Unis et l’Allemagne ont promis de travailler ensemble pour trouver une solution diplomatique au différend nucléaire avec l’Iran même s’il faudra peut-être envisager de nouvelles sanctions internationales pour faire plier Téhéran.
« Nous allons continuer à travailler ensemble pour résoudre ce problème diplomatiquement, ce qui veut dire qu’ils (les Iraniens) vont continuer à être isolés », a assuré le président américain George W. Bush, après deux jours de sommet avec la chancelière Angela Merkel, dans son ranch du Texas. « L’Iran est tout en haut de mes priorités », a souligné le président.
« Nous devons penser à de nouvelles sanctions », si l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et les efforts diplomatiques entrepris par l’Union européenne échouent à convaincre l’Iran de se plier aux exigences de la communauté internationale, a déclaré Mme Merkel. « Nous pensons que ce problème peut être résolu diplomatiquement », a néanmoins souligné la chancelière
Le discours très agressif du président états-unien ces dernières semaines a reposé la question d’une intervention armée contre l’Iran. Washington milite fortement pour un troisième train de sanctions mais la Russie comme la Chine souhaitent laisser du temps à l’AIEA pour faire son travail d’évaluation avant de passer à l’acte. Washington a déjà choisi d’alourdir unilatéralement les sanctions et demande à ses alliés européens de faire de même. Les Français sont favorables à l’idée mais jusqu’à présent les Allemands ont affiché leur préférence pour des sanctions décidées à l’Onu.

Tendances et événements au Liban

Le discours prononcé dimanche par le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, a suscité l’intérêt des milieux politiques au Liban et à l’étranger vu l’importance des positions qui y ont été énoncées. Il a été accueilli par une campagne de dénigrement de la part des loyalistes libanais qui, au lieu de débattre des questions politiques exprimées par un des leaders les plus populaires du Liban et du monde arabe, se sont livrés à un spectacle d’hystérie collective, dépassant toutes les limites de la courtoisie et de la politesse.
Le choc provoqué par le discours de sayyed Nasrallah dans les rangs du 14-mars est dû au fait qu’il a montré que l’opposition refusait catégoriquement d’être mise devant un fait accompli ou devant une solution boiteuse qui aura de graves répercussions sur l’avenir du pays. Si le 14-mars se livre à des manœuvres, à travers une répartition des rôles, dans le but de gagner du temps pour fomenter, à la dernière minute, un coup d’État constitutionnel, il est maintenant sûr que l’opposition y fera face avec force et détermination. Une source dirigeante de l’opposition affirme que de nombreux indices montrent que les craintes de sayyed Nasrallah sont justifiées :
 1. En dépit du mandat accordé —selon diverses sources— par les États-Unis aux Français afin de trouver une solution consensuelle à la crise libanaise, les responsables US continuent d’inciter leurs protégés et leurs marionnettes au Liban à choisir la voie de la confrontation.
 2. Les extrémistes du 14-mars, notamment Walid Joumblatt et Samir Geagea, poursuivent leur campagne plaidant en faveur de l’élection d’un président à la majorité simple, c’est-à-dire sans le consentement de plus de la moitié des Libanais. Cette campagne fait fi de l’attitude positive exprimée par les chefs chrétiens de l’opposition, Michel Aoun et Sleimane Frangié, à l’égard de l’initiative du patriarcat maronite.
 3. Le député Saad Hariri a démenti les informations selon lesquelles il aurait informé Nabih Berr qu’il avait définitivement abandonné l’option de l’élection à la majorité simple.
 4. La multiplication des indices montrant que le maintien du gouvernement de Fouad Siniora après l’échec de l’élection présidentielle reste l’option première des États-uniens. Ceux-ci espèrent voir les prérogatives du président de la République transférées au Premier ministre.
Les sources dirigeantes de l’opposition estiment que le discours fort de sayyed Nasrallah vise en réalité à protéger l’initiative française des pièges dressés par l’Administration Bush et par ses agents libanais., et non pas à la torpiller.

Presse libanaise

• La presse libanaise a intégralement reproduit le discours du secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, prononcé dimanche à l’occasion de la journée du martyr. En voici de larges extraits :
Tout président qui serait élu par la majorité en dehors du quorum des deux tiers serait considéré par l’opposition comme un usurpateur de pouvoir et un imposteur.
J’exhorte le président Émile Lahoud à prendre une initiative de salut public afin d’éviter au pays de sombrer dans le vide politique et institutionnel, au cas où un président était élu à la majorité simple. Nous invitons le président Lahoud à agir conformément à sa conscience et conformément à la Constitution. Nous l’invitons à prendre une initiative de salut public pour préserver tout le pays et empêcher les bandes de brigands et de criminels, agents d’Israël, de prendre le contrôle du pays.
Une élection à la majorité simple ou le maintien au pouvoir du gouvernement actuel, après la fin du mandat, serait pire que le vide politique.
Les manœuvres militaires effectuées par la Résistance ont constitué un message au monde et surtout à l’ennemi israélien afin que celui-ci réalise le niveau de nos capacités et de notre potentiel. Nous avons les moyens, les armes et le savoir-faire qui nous permettent non seulement de défendre le pays, mais aussi de réaliser la victoire historique qui pourrait changer la face de la région. Que chacun comprenne ces manœuvres comme il le voudra.
L’équipe au pouvoir n’a pas réussi non pas à obtenir la libération des fermes de Chebaa, mais elle n’a rien fait pour tenter d’aboutir à cet objectif. Ils disent qu’ils veulent récupérer la décision de guerre et de paix et qu’ils veulent rétablir l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, mais ils n’ont même pas été capables de tirer profit de leurs amitiés internationales pour tenter au moins de libérer Chebaa et Kfarchouba, à défaut de les libérer réellement. Quant au dossier des prisonniers, ils n’ont pas été capables aussi de le traiter, et c’est la Résistance qui l’a pris en charge. Ils n’ont pas pris la peine de réagir aux manœuvres effectuées par Israël mettant en jeu près de 50 000 officiers ou soldats. Il a fallu que la Résistance mène ses manœuvres pour qu’ils songent à réagir, et un seul responsable a réagi, alors que les autres ont observé le mutisme. Ils adressent des lettres à l’Onu pour dénoncer l’armement de la Résistance, mais ils n’ont pas cru bon adresser une lettre au Conseil de sécurité pour condamner les manœuvres israéliennes. Une partie de l’équipe au pouvoir a même été contente de ces manœuvres israéliennes car d’aucuns misent à nouveau sur une attaque de l’ennemi contre le Liban. La Résistance continuera donc à assumer ses responsabilités car le pouvoir n’est pas en mesure de défendre le pays.
Les informations sur la réédition du scénario de Nahr al-Bared dans les camps de Beyrouth sont très probablement fausses. Toutefois, des contacts sont entrepris loin des feux de la rampe afin d’éviter un éventuel dérapage dans la région. Nous misons sur les bonnes relations entre la population palestinienne et les habitants dans le voisinage des camps. Les habitants à la périphérie des camps n’ont aucun sentiment d’hostilité à l’égard de leurs voisins. Nous misons aussi sur nos bonnes relations avec les diverses organisations palestiniennes. Nous invitons l’État et les services de sécurité à assumer leurs responsabilités sur ce plan.
Le profil et la personnalité du nouveau président constitueront un indice de la prochaine phase dans laquelle s’engagera le pays. Le tout est de savoir si le nouveau président sera favorable à l’entente et à la participation (des diverses parties) au pouvoir ou s’il sera en faveur de la prédominance d’une seule faction au sein du pouvoir. Au début de chaque régime, un nouveau commandant en chef de l’armée ainsi que de nouveaux chefs des services de sécurité sont nommés. La politique sage suivie par l’actuel commandement de l’armée a contribué à la stabilité. Nous voulons donc savoir si le nouveau commandant de l’armée modifiera ou non cette politique. C’est pour cette raison que nous ne pouvons pas nous permettre de faire preuve de laxisme dans le choix du président. Des efforts sont effectivement déployés actuellement afin d’aboutir à un consensus. Mais nous devons discuter non seulement du profil du président, mais également de tous les problèmes, tels que le futur gouvernement, le commandement de l’armée et la ligne de conduite du nouveau régime.
Tout ce qui importe aux États-Unis en ce qui concerne la présidentielle c’est la résolution 1559. Ils veulent un président de confrontation. Mais comme je l’ai déjà dit, même si le monde entier se met de la partie au Liban, nul ne pourra toucher aux armes de la Résistance. Nous voulons un président qui rassemble les Libanais, qui s’occupe des dossiers économiques, qui lutte contre la corruption, qui renforce l’armée en matériel. L’armée s’est déployée le long de la frontière, mais le pouvoir actuel n’a rien fait pour renforcer la troupe et lui fournir l’équipement nécessaire.
Nous ferons face au pillage du secteur public par tous les moyens, d’autant que les sociétés achèteront le réseau des télécommunications de quelqu’un qui n’a pas le droit de le vendre.

Audiovisuel libanais

NBN (PROCHE DU PRESIDENT NABIH BERRY-OPPOSITION))
Émission : L’autre dimension
 Elie Ferzli, ancien vice-président de la Chambre des députés
Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir ne doit pas désigner de candidats à la présidentielle afin que l’Église reste à l’abri des campagnes de dénigrement.
Le complot de la discorde entre sunnites et chiites au Liban a définitivement échoué.
La partition du Liban est une philosophie chez certaines parties. Selon elles, l’élection du président à la majorité simple sert cette philosophie.

Tendances est un bulletin quotidien de veille politique sur le Proche-Orient, réalisé par l’agence New Orient News à Beyrouth. Retrouvez-le sur Voltairenet.org, en versions arabe, anglaise et française. Consultez également Indicators, le bulletin quotidien de veille économique sur le Proche-Orient, disponible en versions anglaise et arabe.