La mort cérébrale de Yasser Arafat est abondamment commentée dans la presse internationale. Les nécrologies se mêlent avec les analyses de sa succession. Les journaux occidentaux évitent la question d’un éventuel empoisonnement criminel du président de l’Autorité palestinienne, alors que cette hypothèse est souvent examinée dans la presse arabe. Certains voient en effet un lien entre le nouveau mandat de quatre ans de George W. Bush, le plan de redéploiement d’Ariel Sharon et la disparition si opportune du vieux leader.
Adnan Abu Odeh, conseiller du roi de Jordanie et administrateur de l’International Crisis Group, assure dans le Daily Star que le chaos ne surviendra pas parce que les Palestiniens n’en ont pas le luxe. Leur propre situation les condamne à s’entendre vite.
Daoud Kuttab, directeur de la télévision Al Quds, observe dans le Jerusalem Post que le problème est déjà largement résolu, mais Arafat cumulait de nombreuses responsabilités et toutes ne sont pas encore pourvues. Selon lui, cette passation de pouvoir se fera au bénéfice des dirigeants historiques et au détriment des plus récents.
Dennis Ross du Washington Institute for Near East Policy déplore le vide laissé par la disparition de Yasser Arafat. Quant à savoir comment le combler, la meilleure solution reste encore d’organiser des élections, écrit-il dans le Washington Post, feignant d’ignorer la peur que les Palestiniens ont d’exposer leurs divisions devant l’ennemi israélien.
Sur le registre de la nécrologie fielleuse, Robert Malley de l’International Crisis Group célèbre, dans le Washington Post, la haute figure d’Arafat, père de la nation palestinienne. Mais c’est pour mieux lui reprocher d’avoir eu recours à la violence, alors qu’il eut été plus efficace de se plier pour négocier.
Plus direct, David Kimche de l’Israel Policy Forum se félicite dans le Jerusalem Post de la mort d’Arafat. Au fond, cela ne change pas grand-chose. Le chaos annoncé ne surviendra pas. Au contraire, son décès rendra possible de la souplesse dans les négociations et de la créativité dans la recherche de la paix.
Pas du tout, répond le militant pacifiste israélien Uri Avnery dans le Boston Globe. Pourquoi fallait-il donc attendre la mort d’Arafat pour reconnaître ses qualités, s’interroge-t-il. Et de témoigner de sa douceur et de sa chaleur, bien loin de l’image de fanatique qu’il a acquise. Puis, M. Avneri conclut tristement que sa disparition marque une occasion ratée de faire la paix avec un interlocuteur unique et sincère.

Michael Meunier et Nir Boms du nouveau Center for Freedom in the Middle East s’en prennent à la politique d’Hosni Moubarak dans le Washington Times. Leur tribune fait suite à un colloque, organisé il y a deux semaines à Zurich, pour dénoncer les persécutions religieuses que les islamistes égyptiens infligeraient aux chrétiens coptes. Cette campagne atteste qu’aucun gouvernement arabe, même soumis aux exigences des États-Unis, n’est à l’abri. Peut importe que, malgré la colère de sa population, l’Égypte ait accepté le transit de la flotte US par le canal de Suez pour envahir l’Irak, ou qu’elle joue un jeu trouble en Palestine, Washington a décidé de « remodeler le Proche-Orient ». Cela peut passer par l’élimination de ses propres amis.

Javad Zarif, ambassadeur iranien aux Nations unies, joue l’apaisement avec les États-Unis dans le Los Angeles Times. La troïka européenne (Allemagne, France, Royaume-Uni) vient de négocier un accord avec l’Iran permettant de clarifier la nature de son programme nucléaire. Mettant ce répit à profit, le diplomate entend tordre le cou à deux arguments qui sont opposés à tort à son pays. Ce n’est pas parce que l’Iran a des hydrocarbures qu’il ne doit pas avoir de recherche nucléaire : au contraire, tous les États qui en ont les moyens financiers se doivent de prévoir une autre source d’énergie alors que celle-ci arrive prochainement à épuisement. D’autre part, ce n’est pas en construisant une bombe atomique que l’Iran renforcera sa sécurité, mais en nouant des alliances régionales.