Malgré les propos de Jacques Chirac sur le risque de dérive « fasciste » en Côte d’ivoire, nous considérons toujours que le régime ivoirien est légitime. Ce qui nous inquiète beaucoup, ce sont ces groupes de jeunes très proches de la présidence qui, répondant aux appels à la haine lancés à la radio et à la télévision publiques, se sont livrés à des exactions contre les Français, les Européens et, de façon générale, les étrangers qui résident à Abidjan. Aujourd’hui, le retour au calme est précaire et la mise en garde du président Chirac doit inciter les uns et les autres à prendre conscience de leurs responsabilités. C’est parce que le processus politique a été bloqué volontairement de part et d’autre que les extrémistes ont pu relancer des actions en violation du cessez-le-feu imposé par l’ONU. Il faut s’en tenir aux accords de Marcoussis.
Les casques bleus, rassemblés dans l’ONUCI, sont là pour faire respecter le cessez-le-feu. La force « Licorne » n’a qu’une mission de soutien. Le problème vient de ce que, au début, le mandat de l’ONUCI ne prévoyait pas des règles d’engagement très précises. D’où l’absence de sanctions au lendemain des premiers bombardements au nord de la zone dite de confiance. Aujourd’hui cela a changé et les nouvelles règles entraînent un changement de taille. Il faut ajouter à cela qu’un embargo total sur les armes est désormais inscrit dans la résolution de l’ONU.
Les premiers éléments de l’enquête démontrent que les chasseurs ivoiriens qui ont tiré sur nos troupes l’ont fait délibérément, mais nous ignorons encore qui est le donneur d’ordre. Il y a toujours des coopérants militaires français en Côte d’Ivoire. Depuis le début des événements, ils assurent la liaison entre les militaires ivoiriens, les forces françaises et l’ONU. Je tiens d’ailleurs à souligner que cette coopération a fonctionné à Abidjan entre les forces de sécurité ivoiriennes et les troupes françaises pour la protection et l’évacuation des ressortissants étrangers.
Contrairement à ce qu’affirme François Hollande, nous avons pris les mesures nécessaires en Côte d’Ivoire, mais les règles de l’ONU n’étaient pas adaptées. Aujourd’hui, elles le sont.
« Les accords de Marcoussis sont la seule issue possible et doivent être mis en œuvre », par Michèle Alliot-Marie, Le Monde, 16 novembre 2004. Ce texte est adapté d’une interview.
Restez en contact
Suivez-nous sur les réseaux sociaux
Subscribe to weekly newsletter