Cher Monsieur Augustin,
Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,

 

C’est vrai : nous n’avons pas seulement abordé ces derniers jours, durant la rencontre au sommet réunissant l’Union Européenne et nos partenaires asiatiques, ce que l’on appelle communément la "grande politique", mais aussi surtout un grand sujet comme la culture. Un thème important y fut la question suivante : qu’en est-il des relations culturelles entre l’Asie et l’Europe, mais aussi naturellement entre les pays qui la composent et l’Europe ?

 

Je pense que, si l’on veut s’entretenir des résultats, qui se construisent sur les interprétations, il est alors toujours très important d’attirer l’attention sur le fait qu’il doit y avoir des hommes qui font la culture. Il doit y avoir des artistes de tous les domaines. Il doit aussi y avoir des médiateurs culturels. Dans ce cadre, je crois, il n’y a pas d’institut plus important, pas d’institution plus importante pour l’Allemagne, pour diffuser la culture allemande à l’étranger, que l’Institut Goethe.

 

L’Institut, dont nous inaugurons aujourd’hui le nouveau bâtiment, a une formidable signification. Je pense que, si nous étions entre nous, nous nous entretiendrions d’argent. J’en suis bien certain, Monsieur Augustin. Je reconnais que le travail culturel, en ce qui concerne l’équipement matériel, ne trouve parfois pas son compte, à cause des contraintes budgétaires auxquelles nous sommes partout assujettis. Et même si nous avons toujours plus de liberté de mouvement, pour l’améliorer, je suis toutefois de l’avis qu’il n’y a pas de meilleurs ambassadeurs, pas non plus pour la société, que ceux qui diffusent la culture allemande, les possibilités de formation allemande à l’étranger. C’est pourquoi - croyez-moi - je considère de toute façon le travail que vous effectuez comme énormément important.

 

Au demeurant, quant aux relations culturelles entre le Vietnam et l’Allemagne, on doit aussi obtenir que l’Histoire soit en votre faveur. On ne devrait pas ignorer que la densité de ces rapports est liée aux expériences que les hommes originaires du Vietnam ont connues dans l’ancienne RDA. Beaucoup y ont étudié, beaucoup y ont cotoyé pour la première fois la langue allemande, donc des Allemands, et beaucoup en ont rapporté quelque chose de l’Allemagne, au moins la langue et la connaissance de la littérature et de la musique.

 

Je trouve que c’est une chose positive qui devrait être évoquée, malgré tout ce que l’on peut y critiquer. Car il y a déjà cinquante ans que les premiers jeunes Vietnamiens ont appris l’allemand en Saxe. Ils sont devenus 100.000, qui parlent dans ce très beau pays l’allemand et qui sont sûrement de brillants ambassadeurs de notre pays ici au Vietnam.

 

Il n’y a pas en dehors de l’Europe d’autre pays que le Vietnam, dans lequel tant de gens parlent l’allemand. Du reste, quelques-uns d’entre eux, que je souhaite saluer avec une amitié particulière, sont aujourd’hui parmi nous.

 

Mesdames et messieurs, je pense qu’il est de notre responsabilité à tous, mais naturellement avant tout de la responsabilité politique, de cultiver et développer ces liens extraordinairement étroits et façonnés par l’Histoire. Car ceux qui ont appris la langue allemande à l’époque de l’ex RDA prennent lentement de l’âge. Il en est ainsi maintenant, et on ne peut l’empêcher. Il est par conséquent particulièrement important que nous nous entretenions des perspectives.

 

Quand on en vient à cela, on en vient aussi à l’Institut Goethe. Je suis agréablement surpris de voir que vous, Monsieur Augustin, ainsi que vos collaboratrices et collaborateurs, ne diffusez pas que la langue et la littérature allemande, mais offrez un espace pour le développement de l’art et des artistes. On peut voir un peu de ce que l’étendue de leur travail concerne.

 

Comme je l’ai appris, le nombre de visiteurs chez vous est impressionnant. Je dois en être expressément fier, cela prouve que le succès de votre établissement, avec de nombreux hommes engagés. Je me réjouis particulièrement de constater que l’intérêt en l’Allemagne ne baisse pas, mais augmente. C’est en cela que cet établissement est naturellement d’autant plus important.

 

L’intérêt à aller étudier en Allemagne augmente lui aussi. Nous avons en attendant à nouveau une ribambelle d’étudiants en Allemagne. En ce moment 1.600 jeunes Vietnamiens et Vietnamiennes étudient chez nous. Je pense que ce nombre peut être revu à la hausse à notre profit.

 

Du reste, préserver l’autonomie de la culture en elle-même et se laisser influencer en même temps par les cultures étrangères appartient probablement aux plus belles expériences que l’on peut et que l’on doit vivre en fréquentant les autres. Un pays qui ouvre à ses citoyens une participation culturelle dans un esprit d’ensemble, ne fait pas que créer une part de sa propre identité, mais rend les hommes plus libres aussi - conscients de leur identité, mais aussi curieux de côtoyer d’autres cultures. Je suis relativement sûr que l’on fait très attention à cela dans votre établissement.

 

Je dois, Monsieur Augustin, vous féliciter pour votre installation, ainsi que vos collaboratrices et collaborateurs. Mais je veux aussi remercier le gouvernement vietnamien pour le soutien qu’ils ont offert à l’avancement de la langue allemande. J’en ai même parlé encore une fois avec Monsieur le Premier ministre. Il a exprimé très clairement que le gouvernement vietnamien est très intéressé à encourager l’enseignement de l’allemand dans les écoles vietnamiennes et à le rendre le plus large possible. J’ai été très heureux de cette remarque.

 

Je souhaite à tous les visiteurs et invités de cet établissement de se sentir enrichis en se consacrant et en dialoguant avec la culture allemande, un établissement où l’on ne fait pas qu’apprendre et enseigner l’allemand, mais où l’on se sent bien, dans une vue d’ensemble. Je suis bien sûr que cela va continuer à être le cas.

 

Dans cet esprit, Mesdames et Messieurs, je vous souhaite tout le bonheur pour l’établissement et pour un débat actif dans un endroit formidable de rencontre.