Après son discours sur l’état de l’Union, après les élections qui ont vu son triomphe et celui de son parti pour les deux chambres du Congrès et les nominations qui retouchent les contours et les démarches de son administration, George W. Bush nous a désormais livré les clés de son second mandat. Or, avec les élections afghanes réussies, les élections irakiennes parachevées, l’Autorité palestinienne nettoyée du gangster qui la dirigeait, l’arc de crise arabo-islamique semble offrir une conjoncture plutôt favorable au président états-unien, par ailleurs désormais dûment mandaté par l’électorat.
Aujourd’hui, l’administration Bush veut avoir comme pivot de son action la fin de la tyrannie. Les États-Unis font pression sur l’Iran et la Syrie et ils peuvent s’enorgueillir du succès des élections en Irak, que beaucoup d’experts voyaient comme un échec annoncé. Pourtant, malgré les prévisions catastrophistes, on peut noter qu’en Irak une légitimité est sortie des urnes et les chiites, écartés du pouvoir depuis 30 ans, ont mis une option sur une partie significative du pouvoir. Certes, la violence se poursuit en Irak mais il n’y a que les benêts pour s’offusquer des laideurs qui entachent la proto-démocratie irakienne. Cette élection a en effet montré au monde arabe que Bush tient parole.
Son souhait de démocratisation est largement inspiré de la pensée de Natan Sharansky lequel plaide inlassablement : on ne peut faire de paix durable avec les tyrans, mais avec les démocrates. Pour mettre ces idées en application, Bush a modifié son équipe et a remplacé le binôme Colin Powell-Richard Armitage. Les "arabistes" pro-sunnites et pro-statu quo qui dominent le département d’État s’efforceront certes de "capturer" Condoleezza Rice, mais se heurteront à la loyauté sans faille qui la lie au président. Les conservateurs sont plutôt satisfait de la stabilité au département de la Défense mais sont déçus que John Bolton n’ai pas le grand poste dont les républicains rêvaient pour lui, le poste de numéro deux du département d’État étant confié au centriste Robert E. Zoellick. Un certain nombre de conservateurs sont néanmoins allés remplir des "desks" cruciaux, au National Security Council et ailleurs, notamment à la CIA avec Porter Goss et au département de la Sécurité de la Patrie avec Michael Chertoff.
Le départ de Powell et l’affaiblissement relatif de Rumsfeld fait de Dick Cheney le seul poids-lourd de cette administration Bush et il pèsera lourd sur les décisions. Condoleezza Rice n’est pas une visionnaire mais une " gérante " et elle appliquera la politique de son patron qui a pleinement repris le flambeau reaganien, l’appliquant à la grande menace d’aujourd’hui.

Source
Le Figaro (France)
Diffusion 350 000 exemplaires. Propriété de la Socpresse (anciennement créée par Robert Hersant, aujourd’hui détenue par l’avionneur Serge Dassault). Le quotidien de référence de la droite française.

« Quelle nouvelle donne pour Bush II ? », par Laurent Murawiec, Le Figaro, 7 février2005.