Si notre avenir est en Europe, celui de l’Europe est en partie ancré en méditerranée. Nous ne pouvons faire fi de cette réalité historique, géographique et culturelle. Je le redis avec d’autant plus de vigueur que Jean-Luc Bennhamias et Jean-Noël Guérini craignaient, il y a quelques semaines (tribune dans "Le Monde" du 1er décembre 2004), l’émergence d’un nouveau mur contre le Nord et le Sud de la méditerranée. A l’heure de l’élargissement à l’Est, l’identité méditerranéenne de l’Europe s’estomperait, selon eux, peu à peu.
Fondamental dans la préservation d’un lien privilégié entre les deux rives, le partenariat euroméditerranéen fêtera en novembre 2005 ses dix ans (avant ce rendez-vous, Marseille accueillera les 13 et 14 janvier la première édition du colloque Euro-Mediterranean Investment Summit). La France ne ratera pas ce rendez-vous, tout comme elle s’est fortement mobilisée depuis deux ans pour dynamiser un "processus de Barcelone" parfois gêné par l’actualité du Proche et du Moyen-Orient.
Perfectible. Notre pays a en effet émis des propositions de relance lors de la conférence des ministres des Affaires étrangères de Naples (décembre 2003). Le "dialogue 5 + 5", forum de dialogue informel et politique entre les deux rives de la Méditerranée, était présidé par la France en 2003. Notre pays a d’ailleurs accueilli à Saint-Maxime (9-10 avril 2003) et au château d’Esclimont (29-30 octobre 2003) les représentants des pays concernés. Par ailleurs, lors de la conférence ministérielle euroméditerranéenne à mi-parcours de Dublin (5-6mai 2004), la France a annoncé une contribution de 500 000 euros pour l’édification de la "Fondation euroméditerranéenne pour le dialogue des cultures", dont le siège sera établi à Alexandrie.
Si le partenariat euroméditerranéen reste perfectible, nous ne pouvons passer sous silence les immenses progrès réalisés en terme de dialogue et de projets depuis 1991, après la première guerre du Golfe et le lancement du "processus de Barcelone" en 1995. Avec 5,35 milliards d’euros, le Fonds européen MEDA appuie les initiatives économiques du partenariat. En y ajoutant les 7,4 milliards de la Banque européenne d’investissement, ce sont près de 13 milliards d’euros qui sont mobilisables autour de la Méditerranée.
Mais l’"Euroméditerranée" ne s’arrête pas aux frontières de l’institutionnel. La réalité de nos liens concerne l’environnement, le monde des affaires et celui des idées, pour ne citer que ces quelques domaines. Le "rendez-vous méditerranéen" que j’ai inauguré avec Mme Tokia Saïfi et M. Serge Lepeltier le 17 mai 2004, à Marseille, est éclairant à cet égard. De même, le sommet sur l’investissement euroméditerranéen des 13-14 janvier 2004 promeut les échanges économiques et commerciaux entre pays riverains. Enfin, le 26 janvier, j’inaugurerai le forum euroméditerranéen de l’Institut des hautes études de défense nationale, rassemblant 46 officiers supérieurs de 16 pays.
A chaque fois, il s’agit d’approfondir des amitiés déjà bien ancrées, dans un contexte d’élargissement européen qui peut inspirer des inquiétudes chez certains de nos partenaires. L’"Euroméditerranée" incarne cette véritable solidarité de fait et de cœur entre les deux rives de ce lac que nous appelons Méditerranée.
Réalité du lien. Les intellectuels comme Mohamed Arkoun, Amin Maalouf ou, pour puiser dans le passé, Khateb Yacine illustrent la réalité charnelle de ce lien. La France et les pays les plus méridionaux d’Europe ont tissé des liens particulièrement étroits avec leurs voisins du Sud. Sur le plan architectural ou artistique, cet héritage est souvent plus prégnant qu’avec d’autres parties de l’Europe. Aussi l’élargissement de l’Union européenne ne doit-il pas inquiéter nos partenaires du sud de la Méditerranée. Une communauté d’idées, de vision et d’intérêts nous lie à eux. C’est notamment pour donner corps à cette réalité, à travers des projets communs, que le partenariat euroméditerranéen a été conçu.
Aux côtés de Dominique de Villepin puis de Michel Barnier et Claudie Haigneré, je n’ai eu cesse de défendre au niveau national et local la dimension méditerranéenne de notre pays, de notre continent. Je suis convaincu de l’impérieuse nécessité de tendre la main à nos frères de "l’autre rive" et de conforter un partenariat euroméditerranéen qui, bien que perfectible, représente déjà notre avenir commun.
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