Alors que le Congrès et les médias geignent à propos des programmes de « transfert » de la CIA, qui consistent à envoyer des détenus en prison et en interrogatoire dans un pays tiers, il est temps de se pencher sur la vraie question en jeu.
Page 127 de son rapport, la Commission d’enquête sur le 11 septembre rend compte d’une conversation entre Samuel Berger et Richard Clarke en 1998 concernant la capture d’un lieutenant de Ben Laden et d’une série d’arrestations de membres d’Al Qaïda. Pour les deux responsables, il était évident que c’était le système des transferts qui avait permis ces arrestations. Cela signifie tout d’abord que la CIA obéit aux ordres de la Maison-Blanche depuis 1998 et que ces ordres sont passés dans les mains de nombreux juristes qui n’ont rien trouvé à y redire.
J’ai dirigé ce programme pendant 40 mois et en 22 ans de carrière, je n’ai jamais vu un système recevoir plus d’intérêt et plus de louange de la part du personnel politique. Pourtant, nous avons toujours prévenu les responsables politiques : nous envoyons des prisonniers dans des pays où les règles de détention et les règles légales ne sont pas les mêmes que les nôtres. La CIA a obéis aux ordres de l’exécutif. Ce sont le National Security Council et les présidents Bill Clinton et George W. Bush qui ont pris les décisions.
Selon moi, cette décision était la bonne. Ce programme a permis de grands succès et si certaines erreurs ont été commises, il faut les corriger. Ce n’est cependant pas à la CIA, qui exécutait les ordres, d’en payer le prix.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« A Fine Rendition », par Michael Scheuer, New York Times, 11 mars 2005.