Quand Ariel Sharon s’envolera pour le ranch de George W. Bush à Crawford, il laissera derrière lui un pays divisé, toujours dans le noir concernant les vraies intentions du Premier ministre après le désengagement de Gaza. Le Premier ministre continue de traiter le gouvernement israélien comme une bande d’écoliers et ne les consulte pas sur ses initiatives. Il évite tout débat public alors même que sa politique peut paver le retour aux « frontières d’Auschwitz » de 1967.
M. Sharon est passé à côté d’une grande opportunité le 14 avril 2004 quand, dans une lettre, M. Bush a affirmé qu’il faudrait tenir compte des grands centres de population israélienne dans l’accord final avec les Palestiniens. Le Premier ministre a alors utilisé cette lettre comme un argument de politique intérieure alors qu’il aurait dû s’appuyer sur ce texte pour demander à l’administration Bush et au Congrès états-unien un engagement formel dans ce sens. Il fallait également demander que les États-Unis rejettent définitivement le « droit au retour » arabe. Sharon a laissé passer sa chance et comme on ne dispose pas d’un véritable accord, on ne sait pas quoi attendre d’une prochaine administration états-unienne.
Sharon doit se dépêcher car le temps joue contre nous. Il faut qu’il aille à Crawford en exigeant que les États-Unis réitèrent le contenu de cette lettre pour qu’Israël ne soit pas sacrifié sur l’autel de la réconciliation avec les Européens. Il faut expliquer aux États-Unis qu’un tel engagement de Washington calmerait les divisions israéliennes issues du retrait de Gaza.

Source
Jerusalem Post (Israël)

« Mr. Sharon goes to Crawford », par Isi Leibler, Jerusalem Post, 7 avril 2005.