Les passages de relais entre puissances dominantes ont été fréquents dans l’Histoire. Aujourd’hui, la globalisation et la technologie peuvent accroître la vitesse de ces transformations qui autrefois prenait des siècles.
On nous dit que le tiers de l’humanité vit en Chine et en Inde et on craint une bombe démographique. Il y aurait trop peu de ressources pour trop de monde. En réalité, la question n’est pas le nombre de personnes mais leurs actes. Dans une économie marxiste, une forte population mène à la famine tandis que dans une économie de marché, une forte population est une chance car elle forme un grand marché intérieur.
Aujourd’hui, l’Europe est un pouvoir déclinant qui reste prospère en sacrifiant ses dépenses de défense et en respectant l’État de droit. Elle peut se ressaisir ou bien au contraire stagner et devenir une simple destination pour les touristes américains et asiatique. On ne sait pas encore très bien ce qui adviendra des États-Unis mais il semble que nous jouissons de la vitalité asiatique tout en respectant l’État de droit et les libertés comme l’Europe. La question pour l’avenir est de savoir comment la Chine et l’Inde vont évoluer.
Il s’agit de pays très différents. L’Inde est une puissance nucléaire respectueuse du droit et parlant anglais. Il faut former une alliance avec elle et lui obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La Chine pour sa part devient une puissance à la soviétique. Aujourd’hui, elle utilise la Corée du Nord contre les États-Unis et le Japon. La Chine se comporte de façon bien pire que les États-Unis mais ses violations des Droits de l’homme ne font pas les gros titres à cause d’un mélange de tiers-mondisme, d’antiaméricanisme et de peur des Chinois.
Quand la Chine sera menaçante, il est probable que l’Europe sans défense se tournera à nouveau vers les États-Unis et leur trouvera bien plus de qualité qu’aujourd’hui.

Source
National Review (États-Unis)

« The Global Shift », par Victor Davis Hanson, National Review, 10 juin 2005.