Merci, merci, merci. S’il vous plaît, asseyez-vous. (Rires). Sinon, montez sur l’estrade.

Merci beaucoup. C’est un grand honneur d’être ici. Monsieur le Président, on me dit que vous êtes quelque part là-bas. Vous voilà. Merci, monsieur le Président.

« N’ayez pas peur ». Ce sont les premiers mots du premier discours public du premier pape polonais après son élection en octobre 1978. Ce sont des mots qui définiront le pape Jean-Paul II. Des mots qui allaient changer le monde.

Jean-Paul a apporté ce message ici, à Varsovie, lors de son premier voyage de retour en tant que pape, en juin 1979. C’était un message sur le pouvoir – le pouvoir de la foi, le pouvoir de la résilience et le pouvoir du peuple.

Face à un système de gouvernement cruel et brutal, c’était un message qui a contribué à mettre fin à la répression soviétique dans les terres centrales et en Europe de l’Est il y a 30 ans. C’était un message qui triomphera de la cruauté et de la brutalité de cette guerre injuste.

Lorsque le pape Jean-Paul a apporté ce message en 1979, l’Union soviétique régnait d’une main de fer derrière un rideau de fer.

Puis un an plus tard, le mouvement Solidarité s’installe en Pologne. Et même si je sais qu’il n’a pas pu être ici ce soir, nous sommes tous reconnaissants en Amérique et dans le monde à Lech Wałęsa. (Applaudissements.)

Cela me rappelle cette phrase du philosophe Kierkegaard : « La foi voit mieux dans l’obscurité ». Et il y a eu des moments sombres.

Dix ans plus tard, l’Union soviétique s’effondrait et la Pologne et l’Europe centrale et orientale seraient bientôt libres. Rien dans ce combat pour la liberté n’a été simple ou facile. Ce fut un travail long et douloureux non pas pendant des jours et des mois, mais sur des années et des décennies.

Mais nous avons replongé dans la grande lutte pour la liberté : une bataille entre la démocratie et l’autocratie, entre la liberté et la répression, entre un ordre fondé sur des règles et un ordre régi par la force brute.

Dans ce combat, il nous faut être lucide. Il ne sera pas non plus gagné en quelques jours ou en quelques mois. Nous devons nous armer pour le long combat qui nous attend.

Monsieur le Président, Monsieur le Premier ministre, Monsieur le Maire, chers membres du Parlement, chers invités, peuple polonais, et je soupçonne qu’il y a des Ukrainiens ici : nous sommes (applaudissements) nous sommes réunis ici au château royal de cette ville qui occupe une place sacrée dans l’histoire non seulement de l’Europe, mais aussi de la quête incessante de liberté de l’humanité.

Depuis des générations, Varsovie se trouve là où la liberté est défiée et où elle prévaut.

En fait, c’est ici à Varsovie qu’une jeune réfugiée qui avait fui son pays d’origine depuis la Tchécoslovaquie sous domination soviétique est revenue pour prendre la parole et exprimer sa solidarité avec les dissidents.

Elle s’appelait Madeleine Korbel Albright. Elle est devenue (applaudissements) l’une des plus ardentes partisanes de la démocratie dans le monde. C’était une amie, avec qui j’ai travaillé. La première femme secrétaire d’État des États-Unis. Elle est décédée il y a trois jours.

Elle s’est battue toute sa vie pour les principes démocratiques essentiels. Et maintenant, dans la lutte éternelle pour la démocratie et la liberté, l’Ukraine et son peuple sont en première ligne pour sauver leur nation.

Et leur résistance courageuse s’inscrit dans le cadre d’un combat plus large pour des principes démocratiques essentiel qui unissent tous les peuples libres : l’état de droit ; des élections libres et justes ; la liberté de s’exprimer, d’écrire et de se réunir ; la liberté de culte ; la liberté de la presse.

Ces principes sont essentiels dans une société libre (applaudissements). Mais ils ont toujours, ils ont toujours fait l’objet d’attaques. Ils ont toujours été assaillis de toutes parts. Chaque génération a dû vaincre les ennemis mortels de la démocratie. Ainsi va le monde, car le monde est imparfait, comme nous le savons. L’avidité et les ambitions de quelques-uns cherchent toujours à dominer la vie et les libertés du plus grand nombre.

Mon message au peuple ukrainien est celui que j’ai adressé aujourd’hui au ministre ukrainien des Affaires étrangères et au ministre de la Défense, qui, je crois, sont ici ce soir : nous sommes à vos côtés. Point final (applaudissements).

Les combats d’aujourd’hui à Kiev, Marioupol et Kharkiv sont les plus récents d’une longue liste : Hongrie, 1956 ; Pologne, 1956 puis à nouveau 1981 ; Tchécoslovaquie, 1968.

Les chars soviétiques ont écrasé les soulèvements démocratiques, mais la résistance s’est poursuivie jusqu’à ce que finalement, en 1989, le mur de Berlin et tous les murs de la domination soviétique tombent. Ils sont tombés. Et le peuple l’a emporté (applaudissements.)

Mais la lutte pour la démocratie ne pouvait pas se conclure et ne s’est pas achevée avec la fin de la guerre froide.

Au cours des 30 dernières années, les forces de l’autocratie ont réémergé partout dans le monde. On en connaît bien les signes : le mépris de l’État de droit, le mépris de la liberté démocratique, le mépris de la vérité elle-même.

Aujourd’hui, la Russie étrangle la démocratie, et cherche à le faire ailleurs, pas seulement sur son sol. Sous de faux prétextes de solidarité ethnique, elle a envahi les pays voisins.

Poutine a le culot de dire qu’il « dénazifie » l’Ukraine. C’est un mensonge. C’est tout simplement cynique. Il le sait. Et c’est aussi obscène.

Le président Zelensky a été élu démocratiquement. Il est juif. La famille de son père a été anéantie lors de l’Holocauste nazi. Et Poutine a l’audace, et tous les autocrates avant lui, de croire en la loi du plus fort.

Dans mon propre pays, un ancien président du nom d’Abraham Lincoln a affirmé le contraire pour sauver notre Union en pleine guerre civile. Il a dit : « Ayons foi que le droit fait la force ». « Le droit fait la force ». (Applaudissements)

Aujourd’hui, ayons à nouveau cette foi. Prenons la résolution de mettre la force des démocraties en action pour contrecarrer les desseins de l’autocratie. N’oublions pas que l’épreuve actuelle est un test historique.

Le Kremlin veut présenter l’élargissement de l’OTAN comme un projet impérial visant à déstabiliser la Russie. Rien n’est plus éloigné de la vérité. L’OTAN est une alliance défensive. Elle n’a jamais visé à la disparition de la Russie.

Dans la période précédant la crise actuelle, les États-Unis et l’OTAN ont travaillé pendant des mois pour dialoguer avec la Russie afin d’éviter une guerre. Je l’ai rencontré en personne et lui ai parlé en plusieurs occasions au téléphone.

À maintes reprises, nous avons offert une véritable diplomatie et des propositions concrètes pour renforcer la sécurité européenne, améliorer la transparence et instaurer la confiance de toutes parts.

Mais Poutine et la Russie ont accueilli chacune des propositions en affichant une absence d’intérêt totale pour toute négociation, avec des mensonges et des ultimatums. La Russie était déterminée à avoir recours à la violence dès le départ.

Je sais que vous ne m’avez pas tous cru et que vous ne nous avez pas tous crus quand nous disions sans cesse : « Ils vont traverser la frontière. Ils vont attaquer. »

À plusieurs reprises, il a affirmé : « Nous n’avons aucune intention de faire la guerre. » Il a garanti qu’il ne bougerait pas.

Il a affirmé à plusieurs reprises qu’il n’envahirait pas l’Ukraine.

Il a répété à plusieurs reprises que les troupes russes le long de la frontière s’y trouvaient pour « s’entraîner », les 180 000 soldats.

Il n’y a tout simplement aucune justification au choix de la guerre par la Russie, ni aucune provocation quelconque susceptible de la justifier. C’est un exemple de l’une des plus anciennes impulsions humaines : l’utilisation de la force brute et de la désinformation pour satisfaire une soif de pouvoir et de contrôle absolus.

Il ne s’agit de rien de moins qu’un défi direct à l’ordre international fondé sur des règles, établi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Et il menace de revenir à des décennies de guerre qui ont ravagé l’Europe avant la mise en place de l’ordre international fondé sur des règles. On ne peut pas revenir à cette situation. Ce n’est pas possible.

La gravité de la menace est telle que la réponse de l’Occident a dû être rapide, énergique et unifiée, sans précédent et écrasante.

Seules des mesures de rétorsion rapides et punitives inciteront la Russie à changer de cap.

Quelques jours seulement après l’invasion, l’Occident a pris des mesures communes et imposé des sanctions pour nuire à l’économie russe.

La Banque centrale de Russie est désormais bloquée des systèmes financiers mondiaux, de sorte que le Kremlin ne peut plus accéder au fonds de guerre qu’il a accumulé dans le monde entier.

Nous avons visé le cœur de l’économie russe en mettant fin aux importations d’énergie russe aux États-Unis.

À ce jour, les États-Unis ont sanctionné 140 oligarques russes et les membres de leur famille, et ont saisi leurs biens mal acquis : leurs yachts, leurs appartements de luxe, leurs villas.

Nous avons sanctionné plus de 400 responsables gouvernementaux russes, y compris les principaux architectes de cette guerre.

Ces fonctionnaires et oligarques ont tiré d’énormes bénéfices de la corruption liée au Kremlin, et maintenant ils doivent en assumer la responsabilité.

Le secteur privé prend également des mesures. Plus de 400 multinationales privées se sont retirées des affaires en Russie, ont complètement quitté la Russie, des compagnies pétrolières à McDonald’s.

À la suite de ces sanctions sans précédent, le rouble a presque été immédiatement anéanti. L’économie russe (applaudissements) c’est vrai, soit dit en passant. Il faut environ 200 roubles pour obtenir l’équivalent d’un dollar.

L’économie est en passe d’être réduite de moitié dans les années à venir. Elle était classée, l’économie russe était la 11ème plus grande économie du monde avant cette invasion. Elle ne fera bientôt même plus partie des 20 premières du monde. (applaudissements)

Prises ensemble, ces sanctions économiques sont un nouveau type d’outil de gouvernance économique susceptible d’infliger des dommages qui rivalisent avec la puissance militaire.

Ces sanctions internationales affaiblissent la Russie, réduisent sa capacité à reconstituer son armée et à imposer sa puissance. Et c’est Poutine, c’est Vladimir Poutine qui est à blâmer, point final.

Simultanément, parallèlement à ces sanctions économiques, le monde occidental s’est uni pour apporter au peuple ukrainien des niveaux incroyables d’assistance militaire, économique et humanitaire.

Dans les années qui ont précédé l’invasion, nous, l’Amérique, avions envoyé plus de 650 millions de dollars en armes à l’Ukraine, avant qu’ils ne traversent la frontière, y compris des équipements anti-aériens et anti-blindés.

Depuis l’invasion, l’Amérique a mobilisé 1,35 milliard de dollars supplémentaires en armes et munitions.

Et grâce au courage et à la bravoure du peuple ukrainien (applaudissements) le matériel que nous avons envoyé et que nos collègues ont envoyé a été utilisé avec un effet dévastateur pour défendre le territoire et l’espace aérien ukrainiens. Nos Alliés et partenaires se sont également mobilisés.

Mais comme je l’ai dit clairement : les forces américaines ne sont pas en Europe pour prendre part à un conflit avec les forces russes. Les forces américaines sont ici pour défendre les Alliés de l’OTAN.

Hier, j’ai rencontré les soldats qui servent aux côtés de nos alliés polonais pour renforcer les défenses de première ligne de l’OTAN. La raison que nous voulions clarifier est leur mouvement sur l’Ukraine : ne songez pas un seul instant à pénétrer sur un seul centimètre carré du territoire de l’OTAN.

Nous avons une obligation sacrée (applaudissements) nous avons une obligation sacrée en vertu de l’Article 5 de défendre chaque centimètre carré du territoire de l’OTAN avec toute la force de notre puissance collective.

Et j’ai visité aujourd’hui votre stade national, où des milliers de réfugiés ukrainiens tentent maintenant de répondre aux questions les plus difficiles qu’un être humain puisse se poser : « Mon Dieu, que va-t-il m’arriver ? Que va-t-il arriver à ma famille ? »

J’ai vu des larmes dans les yeux de nombreuses mères alors que je les embrassais ; leurs jeunes enfants, leurs jeunes enfants ne savent pas s’il faut sourire ou pleurer. Une petite fille a dit : « Monsieur le Président », elle parlait un peu anglais, « est-ce que mon frère et mon papa ; est-ce que ça va aller ? Est-ce que je les reverrai ? » Sans leurs maris, leurs pères, souvent leurs frères ou sœurs qui sont restés pour se battre pour leur pays.

Il n’est pas nécessaire de parler ou de comprendre la langue pour ressentir l’émotion dans leurs yeux, la façon dont ils m’ont agrippé la main, et les petits enfants s’accrochaient à ma jambe, priaient avec un espoir désespéré que tout cela soit temporaire ; ils ont peur d’être peut-être à jamais loin de chez eux, presque avec une tristesse débilitante à la pensée que cela se reproduise.

Mais j’ai également été frappé par la générosité des habitants de Varsovie, d’ailleurs, de l’ensemble du peuple polonais, de la profondeur de sa compassion, sa disposition à tendre la main (applaudissements) à ouvrir leur cœur.

Je disais au maire qu’ils se préparent à ouvrir leur cœur et leur foyer simplement pour aider. Je tiens également à remercier mon ami, le grand chef américain, José Andrés, et son équipe qui ont aidé à nourrir (applaudissements) ceux qui aspirent à être libres.

Mais la Pologne ou toute autre nation ne doit pas aider ces réfugiés seule. Toutes les démocraties du monde ont la responsabilité d’aider. Toutes. Et le peuple ukrainien peut compter sur les États-Unis pour assumer ses responsabilités.

J’ai annoncé, il y a deux jours, que nous accueillerons 100 000 réfugiés ukrainiens. 8 000 personnes par semaine, d’autres nationalités, viennent déjà aux États-Unis.

Nous fournirons près de 300 millions de dollars d’aide humanitaire, des dizaines de milliers de tonnes de nourriture, d’eau, de médicaments et d’autres fournitures de base.

À Bruxelles, j’ai annoncé que les États-Unis étaient prêts à fournir plus d’un milliard de dollars supplémentaires en aide humanitaire.

Le Programme alimentaire mondial nous a dit qu’en dépit d’obstacles importants, au moins une partie de l’aide parvient aux grandes villes d’Ukraine, mais pas à Marioupol, car les forces russes en bloquent l’approvisionnement en secours.

Mais nous ne cesserons nos efforts pour acheminer l’aide humanitaire là où elle est nécessaire, en Ukraine et pour les personnes qui ont réussi à quitter l’Ukraine.

Malgré la brutalité de Vladimir Poutine, qu’il ne fasse aucun doute que cette guerre est déjà un échec stratégique pour la Russie (applaudissements). Ayant moi-même perdu des enfants, je sais que ce n’est pas une consolation pour les personnes qui ont perdu leur famille.

Mais lui, Poutine, pensait que les Ukrainiens se soumettraient et ne se battraient pas. Il ne connaît pas bien l’histoire. Au lieu de cela, les forces russes ont trouvé leur égal face à une résistance ukrainienne courageuse et inébranlable.

Plutôt que de briser la détermination ukrainienne, les tactiques brutales de la Russie n’ont fait que renforcer sa détermination. (Applaudissements)

Elles ne sont pas parvenues à diviser l’OTAN, l’Occident est maintenant plus fort et plus uni que jamais. (Applaudissements)

La Russie voulait moins de présence de l’OTAN à sa frontière, mais maintenant nous avons une présence plus forte, une présence plus importante, avec plus de cent mille soldats américains ici, avec tous les autres membres de l’OTAN.

En fait (applaudissements) la Russie a réussi à provoquer quelque chose que je suis sûr qu’elle n’avait jamais eu l’intention de provoquer : les démocraties du monde sont revitalisées avec un objectif et une unité trouvés en quelques mois, ce qu’il nous a fallu par le passé des années pour accomplir.

Ce ne sont pas seulement les actions de la Russie en Ukraine qui nous rappellent toute la valeur de la démocratie. C’est notre propre pays, son propre pays, le Kremlin, qui emprisonne des manifestants. Deux cent mille personnes seraient déjà parties. Il y a une fuite des cerveaux – ils quittent la Russie. Fermeture des journaux indépendants. Les médias d’État ne sont que de la propagande, bloquent les images de cibles civiles, des fosses communes, des tactiques de famine des forces russes en Ukraine.

Faut-il s’étonner, comme je l’ai dit, que 200 000 Russes aient tous quitté leur pays en un mois ? Une remarquable fuite des cerveaux en si peu de temps, ce qui m’amène à mon message au peuple russe :

Je travaille avec des dirigeants russes depuis des dizaines d’années, depuis les négociations sur le contrôle des armements avec le Premier ministre soviétique Alexeï Kossyguine, au plus fort de la guerre froide.

Peuple russe : je vous ai toujours parlé directement et honnêtement.

Permettez-moi de dire ceci, si vous pouvez m’écouter : ce n’est pas vous, le peuple russe, qui êtes notre ennemi.

Je refuse de croire que vous approuviez le meurtre d’enfants et de grands-parents innocents, ou que vous acceptiez que des hôpitaux, des écoles, des maternités soient, pour l’amour de Dieu, bombardés par des missiles et des bombes russes ; ou des villes encerclées pour que les civils ne puissent pas fuir ; les voies d’approvisionnements coupées pour tenter d’affamer les Ukrainiens pour qu’ils se soumettent.

Des millions de familles sont chassées de chez elles, dont la moitié des enfants ukrainiens. Ce ne sont pas là les actions d’une grande nation.

De tous les peuples, vous, le peuple russe, ainsi que tous les peuples d’Europe, avez encore le souvenir d’avoir été dans une situation similaire à la fin des années trente et dans les années quarante, la situation de la Seconde Guerre mondiale, encore vivante dans la mémoire de nombreux grands-parents de la région.

Quoi, quoi que votre génération ait vécu, qu’elle ait vécu le siège de Léningrad ou en ait entendu parler par vos parents et grands-parents, des gares débordant de familles terrifiées fuyant leurs maisons ; des nuits à l’abri dans les sous-sols et les caves ; les matins assis dans les décombres de vos maisons, ce ne sont pas des souvenirs du passé. Plus maintenant. Parce que c’est exactement ce que l’armée russe fait en Ukraine en ce moment.

Le 26 mars 2022. Il y a quelques jours, nous sommes au vingt-et-unième, vous étiez une nation du 21ème siècle avec des espoirs et des rêves que les gens du monde entier ont pour eux-mêmes et leur famille.

Maintenant, l’agression de Vladimir Poutine vous a coupé, vous le peuple russe, du reste du monde, et cela ramène la Russie au 19ème siècle.

Ce n’est pas qui vous êtes. Ce n’est pas l’avenir que vous méritez pour vos familles et vos enfants. Je vous dis la vérité : cette guerre n’est pas digne de vous, le peuple russe.

Poutine peut et doit mettre fin à cette guerre. Le peuple américain est avec vous et avec les braves citoyens ukrainiens qui veulent la paix.

Et mon message au reste de l’Europe : ce nouveau combat pour la liberté a déjà parfaitement clarifié certaines choses.

Tout d’abord, l’Europe doit mettre fin à sa dépendance vis-à-vis des combustibles fossiles russes. Et nous, les États-Unis, vous aiderons. (Applaudissements) C’est pourquoi hier encore, à Bruxelles, j’ai annoncé un plan avec la présidente de la Commission européenne pour sortir l’Europe de la crise énergétique immédiate.

À long terme, pour des raisons de sécurité économique et de sécurité nationale et pour la survie de la planète, nous devons tous passer le plus rapidement possible à une énergie propre et renouvelable. Et nous travaillerons ensemble pour aider à y parvenir afin que l’époque où toute nation était soumise aux caprices d’un tyran pour ses besoins énergétiques soit révolue. Elle doit prendre fin. Elle doit prendre fin.

Et deuxièmement, nous devons lutter contre la corruption émanant du Kremlin pour donner une chance équitable au peuple russe.

Et enfin, et de la manière la plus urgente, nous conservons une unité absolue, nous le devons, entre les démocraties du monde.

Il ne suffit pas de faire de grands discours rhétoriques, de se gargariser de belles paroles sur la démocratie, la liberté, l’égalité. Nous tous, y compris ici en Pologne, nous devons nous retrousser les manches et œuvrer pour la démocratie chaque jour. Mon pays aussi.

C’est pourquoi (applaudissements) c’est pourquoi je suis revenu en Europe cette semaine avec un message clair et déterminé pour l’OTAN, pour le G7, pour l’Union européenne, pour toutes les nations éprises de liberté : nous devons nous engager maintenant à lutter à long terme. Nous devons rester unis aujourd’hui et demain et après-demain et pour les années et les décennies à venir. (Applaudissements)

Ça ne sera pas facile. Il y aura des coûts. Mais c’est un prix que nous devons payer. Parce que les ténèbres de l’autocratie ne font pas le poids face à la flamme de la liberté qui illumine partout les âmes des gens libres.

Maintes et maintes fois, l’Histoire a montré que les plus grands progrès surgissent des moments les plus sombres. Et l’Histoire montre que c’est la mission de notre temps, de cette génération.

Rappelons-nous : le coup de marteau qui a fait tomber le mur de Berlin, la force qui a levé le rideau de fer ne provenaient pas des paroles d’un seul dirigeant ; ce sont les peuples d’Europe qui, pendant des décennies, se sont battus pour se libérer.

C’est leur seule bravoure qui a ouvert la frontière entre l’Autriche et la Hongrie pour le pique-nique paneuropéen. Ils se sont donné la main pour la Voie balte. Ils ont défendu Solidarité ici en Pologne. Et ensemble, c’était une force incontestable et indéniable du peuple, à laquelle l’Union soviétique n’a pas pu résister.

Et nous le voyons encore une fois aujourd’hui avec le courageux peuple ukrainien qui montre que le pouvoir du peuple est plus grand que la volonté de tout dictateur. (Applaudissements)

Alors, que les mots du pape Jean-Paul nous éclairent aussi brillamment aujourd’hui : « N’abandonnez jamais, jamais l’espoir, ne doutez jamais, ne vous lassez jamais, ne vous découragez jamais. N’ayez pas peur. » (Applaudissements)

Un dictateur déterminé à reconstruire un empire n’effacera jamais l’amour d’un peuple pour la liberté. La brutalité ne réduira jamais leur volonté d’être libre. L’Ukraine ne sera jamais une victoire pour la Russie, car les peuples libres refusent de vivre dans un monde de désespoir et de ténèbres.

Nous aurons un avenir différent, un avenir meilleur enraciné dans la démocratie et les principes, l’espoir et la lumière, la décence et la dignité, la liberté et les possibilités.

Pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir.

Que Dieu vous bénisse tous. Et que Dieu défende notre liberté. (Applaudissements) Et que Dieu protège nos soldats. Merci pour votre patience. Merci. (Applaudissements) Merci. Merci.