Sujet : Contraception, IVG
Allocution de : Alfred Spira
En qualité de : Directeur de l’Unité de recherche " Recherches en santé publique " de l’INSERM
Colloque : Délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale (France)
Le : 30 mai 2000
Je vais introduire brièvement cette deuxième table ronde consacrée à la contraception et à l’IVG des mineures.
Quand on pense à la sexualité, surtout quand on est une jeune fille, mais aussi un jeune garçon, on pense d’abord à l’amour, au plaisir. Pour l’amour et pour le plaisir, je pense qu’il n’existe pas d’âge-limite. Le problème posé par l’âge réglementaire concernant l’IVG est cependant réel. On ne pense pas à l’autre versant de la sexualité : les risques liés à la sexualité, pour lesquels il n’existe pas non plus d’âge-limite. Ces risques sont médicaux (grossesse non-désirée, maladies sexuellement transmissibles [MST], infection à VIH). Ce sont également des risques sociaux car, ne l’oublions pas, la sexualité est avant tout une liaison sociale entre deux personnes.
Le choix proposé aux garçons et aux filles mineurs pour la protection contre ces risques doit reposer à la fois sur les personnes et sur la société, ce qui requiert des exigences : l’information, l’éducation pour les garçons et les filles, la communication, une réglementation permettant l’accès à une sexualité à moindre risque. Ceci veut dire, dans la pratique, la protection contre les MST et l’infection à VIH. Nous avons peu parlé jusqu’à présent du préservatif, qui est une moins bonne protection contre la grossesse que les contraceptifs oraux, mais qui constitue une excellente protection contre les MST et l’infection à VIH.
La contraception doit être proposée à un prix acceptable, en particulier pour les mineures. Je pense notamment au problème de la pilule de la troisième génération évoqué précédemment par le Professeur Israël Nisand. C’est un véritable problème, car ce type de contraception n’a pas fait la preuve d’une amélioration du service médical rendu. Or, vous savez qu’elle représente à l’heure actuelle 40 % des recours à la contraception et 55 %, en coût financier, de l’ensemble de la contraception.
Madame Elisabeth Aubény parlera plus tard du recours à la contraception d’urgence. Nous constatons un décalage entre les discours réglementaires, voire juridiques, que l’on peut tenir, et les évolutions sociales dans lesquelles nous vivons tous les jours.
Enfin, se pose la question de la reconnaissance des droits et des libertés des personnes.
Si la fin du XXe siècle a été la période qui a permis, par le développement de la contraception, l’accès à une nouvelle liberté pour les femmes, il est absolument indispensable que ce début du XXIe siècle nous permette de mettre en accord les pratiques de la contraception et de la gestion des risques liés à la sexualité par tous, mais en particulier par les mineures, avec les évolutions sociales dans desquelles nous vivons et qui doivent être correctement prises en charge.
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