" (...) " Amis de la France ", les dirigeants rwandais s’étaient progressivement passionné pour les théories raciales du début du siècle, transposées aux populations locales. L’Eglise assurait la traduction et la diffusion de Mein Kampf. Formés, encadrés et armés par l’Elysée, les partisans du Hutu Power se préparaient, au vu et au su de tous, à la " solution finale " de la " question tutsie ", A Paris, ce nazisme tropical était théorisé comme mode de gouvernement juste, adapté aux indigènes. La démocratie qu’on leur souhaitait n’était pas le gouvernement de la Raison, mais la dictature de la majorité raciale. L’élimination du dictateur, par plus dur que lui, fut l’étincelle qui embrasa le pays. La violence qui avait été mise en place par la France et le Vatican se déchaîna subitement. Les prêtres séparèrent eux-mêmes leurs paroissiens, ordonnant aux uns d’immoler les autres. Tandis que la France déployait ses forces pour masquer ses crimes. Dans une démocratie comme la notre, les élus représentent les citoyens, et les citoyens sont donc responsables des crimes commis par leurs élus. Nous n’avons pas nous-mêmes levé la machette à Kigali, mais nous avons laissé l’appareil d’Etat français agir sans contrôle. 800 000 personnes sont mortes parce que nous n’avons pas exercé notre citoyenneté. "

(Thierry Meyssan, Notes d’information du Réseau Voltaire, N° 185-186, 02 au 15 décembre 1998)