Plusieurs milliers de femmes, d’enfants, d’hommes, massacrés, passés par la machette, jetés dans des fosses communes pour le seul fait qu’ils étaient nés et appartenait à un groupe social identifié. C’était il y a 5 ans au Rwanda ? Non, c’était fin février en République Démocratique du Congo.

L’histoire bégaie, remuée de spasmes, dans cette région des Grands Lacs, toujours soumise à la même vindicte, à la même idée que chaque groupe social ou ethnique ne peut qu’être antagonisme aux autres et qui veut que les "dirigeants" jouent à chaque fois sur cette corde nationaliste et désignent les ennemis de l’intérieur pour garder eux-mêmes la main. Que se passe-t-il dans cette région pour que les choses empirent et ne s’arrangent jamais, la guerre entraînant aux massacres, les massacres amenant aux représailles, les représailles débouchant sur des guérillas...

A y regarder de plus près, tout est fait pour que les problèmes ne se résolvent pas : La guerre au Congo est source de déstabilisation : mouvements de guérilla exacerbés par les autorités appelant à la guerre populaire, assimilation des Tutsi congolais aux troupes rwandaises combattants auprès des rebelles, recrudescence des mouvements armés aux frontières ougandaises renforcés par les ex-miliciens Interahamwe toujours en activité... A Kinshasa, on appelle à la guerre totale et populaire afin de bouter les " étrangers " hors du pays tout en affirmant la main sur le cœur le souhait de faire appliquer l’accord de paix de Lusaka. Cet accord de paix que les NU voudrait faire appliquer avec seulement 500 observateurs (dans un pays vaste comme l’Europe) alors que l’accord prévoit une force d’interposition et une démilitarisation des milices civiles. Faute de démilitarisation par l’ONU, se seront encore les militaires rwandais ou ougandais qui s’engageront d’avantage en territoire congolais et " désarmeront " eux-mêmes les miliciens qui menacent leurs frontières.

Pendant ce temps, les orages politiques se succèdent au Rwanda qui fait l’apprentissage de la transparence dans les affaires et s’offre un ministre par semaine au rythme des démissions attendues ou surprises. Malgré, ou à cause de ces remous qui agitent la classe politique qui semble préférer les luttes intestines au développement du pays, les rescapés, eux, continuent leur ré apprentissage de la vie et s’apprêtent à commémorer le 6ème anniversaire du début du génocide de 94.

IBUKA, souviens toi.

En effet, ce travail de mémoire est plus que jamais nécessaire, au moment où l’on continue d’assassiner l’humanité au Congo, près de Bunia, au moment où ceux qui sont morts avaient seulement le tords d’être né de la tribu des Lenda.