L’association a été constituée en 1976 en tant que groupe d’entraide, qui a donné naissance en 1983 à une association pluraliste, la " Vereniging ter verdediging van persoon en gezin " (VVPG), un centre de consultation semi-professionnel en matière de sectes.

L’association poursuit 4 activités :

1- fournir des informations (aux personnes, aux associations, à la presse, ...) ;

2- faire de la prévention (exposés dans les associations socio-culturelles, une brochure d’information est mise à la disposition des enseignants) ;

3- recueillir de la documentation et la traiter (par le biais d’anciens membres, des revues, des livres, des journaux, de cassettes et de vidéos) ;

4- dispenser de l’aide (avis et accompagnement d’environ 1 000 familles et personnes depuis 1983).

C’est surtout cette quatrième activité qui mérite d’être commentée plus longuement.

Depuis les années septante, lorsque c’étaient sur-tout des jeunes de 16-17 ans qui devenaient membres de mouvements sectaires, le problème des sectes a évolué. Les jeunes ne constituent certainement plus le groupe le plus important parmi les membres des sectes.

Dans les années septante, des sectes comme les Enfants de Dieu ou l’Association pour l’unification du christianisme mondial (Moon), caractérisées par l’idéalisme, l’amour et l’esprit de solidarité, attiraient les jeunes qui y vivaient souvent en communauté. A la fin des années septante, l’accent était davantage mis sur le développement du " Moi " (Scientologie, Baghwan) et les sectes s’adressaient surtout à la génération des vingt et trente ans. Il était beaucoup moins fréquent de vivre en communauté.

A la fin des années quatre-vingt est apparu le New Age, qui a également produit des groupes sectaires. De petits groupes bibliques fondamentalistes ont également du succès. L’âge moyen des adeptes augmente. C’est la génération des trente-quarante ans qui devient membre.

Dans les années nonante, ce sont surtout les groupes qui prédisent la fin du monde (à l’approche de l’an 2000) qui ont assez bien de succès, ainsi que les petits groupements (essentiellement de petits groupes thérapeutiques).

Le résultat final est un mélange bigarré de sectes et de problèmes complexes. Jadis, c’était surtout des parents qui demandaient de l’aide ; à l’heure actuelle, ce sont plutôt des partenaires, des enfants, des grands-parents, etc.

Eu égard à la nature de l’association et de l’aide qu’elle fournit, les tableaux statistiques reproduits ci-après ne sont pas complets et ne concernent que les personnes qui ont fait appel à l’association.

Les données se rapportent à la période allant de 1990 à fin 1995 et concernent 530 familles et 601 membres de sectes.

Relation plaignant-membre (N = 530)

Parent/beau-parent : 143

Membre en proie à un doute/ancien membre : 99partenaire : 90

Ami/amie : 82

Frére/sœur/beau-frère/belle-sœur : 53

Assitant autre organisation : 30

Fils/fille/beau-fils/belle-fille : 16

Tante/oncle/neuveu/nièce : 8

Non mentionné : 9

Qui vient se plaindre ? Il ressort des données que les membres de sectes en proie au doute font également appel à l’association. C’est une évolution très positive. Le fait que d’autres personnes, en dehors des parents, considèrent également l’appartenance à une secte comme problématique et s’inquiètent montre que l’on ne peut réduire ce problème au refus des parents d’accepter que leur enfant choisisse une voie qui ne répond pas à leurs attentes, comme le prétendent certaines théories.

Manière d’entrer en contact avec l’association (N = 530)

Média 207

Autres organisations d’aide : 11ç

La VVPG elle-même : 76

Non-mentionné 128

Depuis que ce problème est plus médiatisé, c’est cette catégorie qui est devenue la plus importante. Auparavant, c’étaient les " autres organisations d’aide ".

Domicile du plaignant (N = 530)

Anvers : 146

Flandre occidentale : 86

Flandre orientale : 72

Brabant : 70

Limbourg : 33

Etranger : 10

Non mentionné : 113

Le bureau de l’association se trouve à Anvers, ce qui explique le nombre sensiblement plus élevé de plaignants provenant de cette province, bien que l’association devienne, chaque année, de plus en plus connue en dehors d’Anvers. Il n’est donc pas exact qu’il y a plus de sectes implantées à Anvers.

Sexe (N = 601)

Femme : 327

Homme : 256

Non mentionné : 18

Il s’agit en l’occurrence des personnes qui font appel à l’association, et non de la composition de la population des sectes.

Il faut noter que le pourcentage de femmes augmente chaque année.

Etat civil lors adhésions (N = 601)

Marié : 263

Célibataire : 187

Divorcé : 25

Veuf/veuve : 9

Non mentionné : 117

Le pourcentage élevé de personnes mariées au moment de l’adhésion prouve qu’il ne s’agit pas en l’occurrence d’un problème limité aux jeunes. Dans la catégorie des célibataires, il y a également beaucoup de cohabitants ou de personnes ayant une relation durable.

Groupes à propos desquels la VVPG a été contactée entre 1990 et 1995 (N = 601)

Témoins de Jéhovah : 114

Groupes évangéliques : 59

Scientologie : 59

Sûkyo Mahikari : 22

Iskcon (Krishna) : 18

Sai Baba : 18

Sahaya Yoga : 17

Ex Deo Nascimur : 16

Siddha Shiva Yoga (Ganapati) : 12

L’œuvre : 12

Autres groupes sectaires : 152

Autres : 102

.Ce tableau doit être considéré proportionnellement : les Témoins de Jéhovah comptent le plus de membres, l’Eglise de Scientologie a beaucoup moins de membres, il y a donc proportionnellement plus de contacts pour l’Eglise de Scientologie que pour les Témoins de Jéhovah.

Les groupements dont on parle plus dans les médias, comme " l’OEuvre ", donnent aussi lieu à plus de contacts. Le tableau n’indique donc rien à propos des mouvements en tant que tels.

Pour quelles raisons fait-on appel à l’association ?

Il y a lieu de distinguer deux groupes de personnes : les anciens adeptes des sectes et les familles :

a) Les anciens adeptes de sectes peuvent être confrontés à un certain nombre de problèmes. La VVPG estime néanmoins qu’il n’existe pas à proprement parler de " syndrome post-cult ", même si certains problèmes peuvent effectivement surgir en fonction de la personnalité, de l’intensité et de la durée de l’appartenance, du type de groupe, des relations avec le monde extérieur, ...

32) sentiment de vide, d’inutilité et de perte (lié à des états dépressifs, des difficultés de concentration) ;

 sentiment de culpabilité tant en raison de l’appartenance à la secte en général, du recrutement d’autres adeptes, de choses qui ont ou n’ont pas été faites tant au sein de la secte qu’à l’égard de son entourage direct ;

 sentiment de colère à l’encontre du chef et du groupe. Par exemple, colère pour avoir été trompé par une information trop vague au moment de " l’adhésion " ;

 sentiment d’isolement, l’entourage ne comprenant pas ce que l’ex-adepte a vécu ;

 sentiment de méfiance à l’encontre d’organisations, de situations de groupe par crainte d’être à nouveau manipulé ;

 méfiance également par rapport à ses propres capacités ;

 sentiment de crainte que les prédictions annoncées par le groupe en cas de départ se produisent effectivement. Peur également que les prédictions (par exemple la fin des temps) ne se réalisent et qu’en tant qu’ancien membre on ne figure pas parmi les élus ;

 manichéisme ;

 difficultés de prendre des décisions ;

 perte financière.

L’ensemble de ces problèmes ne se posent pas à tous les anciens membres et ne se posent pas avec la même acuité. La plupart des problèmes surviennent au cours des premières semaines ou des premiers mois.

b) Les familles des membres de sectes sont confrontées à d’autres problèmes :

 relâchement des relations familiales ;

 application d’autres normes. Il peut s’agir de l’écoute d’une certaine musique ; de la lecture de livres, de l’absorption de médicaments, de l’alimentation, de la manière de vivre sa sexualité, de la célébration de fêtes, etc. ;

 problèmes de communication. Ces problèmes sont notamment dus à une autre manière de penser (pensée manichéenne) excluant toute critique. Les membres de la famille perçoivent aussi souvent les conversations comme une pression visant à les enrôler ;

 une autre manière de vivre son " temps libre ".

Les membres de sectes consacrent une partie importante de leur temps libre au groupe, et ce, tant à l’extérieur (rassemblements, réunions, voyages à l’étranger) que chez eux (s’isoler pour méditer, s’absorber dans la littérature du mouvement).

En d’autres termes, les familles peuvent se retrouver isolées socialement. Il n’y a très souvent plus d’activités familiales (excursions, visites chez les amis - les amis ne viennent souvent plus non plus étant donné qu’ils en ont assez de toujours devoir écouter la même litanie - hobbies, vacances). Il arrive aussi que l’on modifie son emploi de temps, par exemple, on se lève très tôt pour pouvoir faire tous les exercices avant d’aller au travail ;

 dans un certain nombre de cas, le temps que l’adepte consacre au groupe peut être si important qu’il abandonne son travail ou, s’il est encore aux études, qu’il néglige celles-ci. Les journées de travail au sein du mouvement peuvent atteindre 15 ou 16 heures ;

 tensions autour des enfants deviennent souvent l’objet de discussions. Le membre de la secte souhaite que les enfants adoptent son mode de pensée, tandis que son partenaire ne le souhaite pas. Chez les enfants, ces tensions peuvent se traduire par des cauchemars, du désarroi et une attitude renfermée. Dans quelques cas, les enfants sont changés d’école ou même envoyés à l’étranger ;

 modifications de la personnalité : une personne qui était charmante et aimable peut adopter un comportement extrêmement dur et une personne qui était sociable, active dans la société, s’enferme dans sa chambre et ne s’occupe plus que du groupe ;

 il arrive également que l’adepte utilise son budget différemment et/ou qu’il prenne des risques financiers en empruntant de l’argent.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be