Ces communautés se distinguent du courant protestant officiel par l’accent qui est mis sur la relation individuelle entre le membre et Dieu, ainsi que sur le rôle central de la fête de Pentecôte. La symbolique de cette dernière est reconnue au sens propre (descente " matérielle " de l’" Esprit Saint "). Ces communautés considèrent celles qui ne professent pas ces mêmes conceptions comme étant inférieures.

Il semblerait que voici quelque temps, il y avait 35 communautés pentecôtistes en Belgique, chacune d’entre elles comptant de 30 à 120 adultes, auxquels il faut ajouter les enfants. Au niveau mondial, il y aurait près de 13 millions de membres.

La hiérarchie de ces groupes est très marquée ; les anciens se trouvent à leur tête. D’eux dépendent les responsables des cellules familiales, puis ceux de l’évangélisation, de la jeunesse et des femmes et enfin les collaborateurs. Ces rapports sont très stricts : toute personne doit demander l’autorisation d’un supérieur avant d’agir. Le rôle de l’homme est central, tant dans la communauté que dans la famille. L’enfant n’est pas considéré comme fruit de la relation parentale mais comme don de Dieu.

Il n’y a aucune critique possible à l’égard de la hiérarchie du mouvement. Les erreurs des supérieurs ne font l’objet d’aucune analyse ou de plainte ; il leur est tout au plus permis de prier pour que " Dieu leur ouvre les yeux ".

En tout état de cause, les activités des communautés priment sur celles de la famille. Cela peut amener à ce que les enfants soient quelque peu négligés ou isolés. Il y a également une forme de coupure par rapport au monde extérieur : certaines lectures ou programmes de télévision sont interdits, de même que le port de certains vêtements.

Les contraintes imposées aux adultes valent également pour les enfants, qui doivent être soumis et apprendre à demander pardon. Les parents sont invités à faire valoir leur autorité et à appliquer des châtiments corporels. Un témoin fait état du fait qu’un bébé de quelques mois reçut des coups de cuiller en bois pour avoir trop gigoté. Il fut ensuite câliné.

Le rôle du pardon est central. En cas de conflit - même avec un membre extérieur à la communauté -, l’adepte est souvent culpabilisé et considéré comme étant la cause du conflit, même si objectivement il en est autrement.

L’éducation impose des normes et des valeurs très strictes ; c’est ainsi que les relations sexuelles avant le mariage et l’homosexualité sont diabolisés. Cela peut avoir pour effet qu’un certain nombre d’adeptes soient confrontés à des problèmes d’anorexie ou de boulimie ou aient à subir des traitements psychiatriques. Des cas de suicide ont également été évoqués.

Pour le jeune adepte, le choix du conjoint doit être approuvé par la hiérarchie de la communauté avant que la relation ne puisse s’engager. Le mariage avec un catholique est interdit. Les personnes qui continuent une relation désapprouvée par la hiérarchie risquent l’exclusion. Certains entretiens font l’objet d’un rapport. Le témoin déclare qu’après avoir été exclu, il lui a fallu deux ans pour découvrir des valeurs et des normes idoines, ce qui illustre la déstabilisation, voire la dépersonnalisation dont il a fait l’objet. Ses anciens compagnons se sont vus interdire d’encore prendre contact avec lui.

Les communautés pentecôtistes considèrent également la guérison comme un don de l’Esprit Saint. Les membres pratiquent donc l’imposition des mains et prient pour guérir les maux. Cela peut mener à déconseiller la consultation d’un médecin ou la prise de médicaments.

L’accent est également mis sur le rôle central de Satan dans le monde. Celui-ci exercerait une influence néfaste à tous les niveaux, ce que les communau-tés entendent combattre dans le cadre d’une " guerre spirituelle ". On entend donc " exorciser " les mauvais esprits par le jeûne et la prière. Cette attitude systématique a pour conséquence qu’un problème ne fait pas l’objet d’une analyse en vue de sa résolution mais est traité en termes de recherche du mauvais esprit qui l’a généré, en vue de le combattre par la suite.

Une dîme représentant 10 % des revenus mensuels doit être versée chaque mois, même pour un adepte vivant d’un revenu de remplacement. Selon le témoin, la communauté au sein de laquelle il a vécu récoltait ainsi environ 250 000 francs par mois. Quant à ses prestations bénévoles, elles atteignaient entre 50 et 60 heures par semaine.

Plusieurs membres estiment être officiellement membres de la communauté en s’acquittant de la dîme et en étant convoqués à l’assemblée générale annuelle de celle-ci. Pourtant, il semblerait que la plupart des communautés aient opté pour le statut d’A.S.B.L., celle-ci ne comptant en réalité qu’un noyau très limité de membres.

Enfin, il s’avère que la plupart des communautés pentecôtistes, affiliées à la " Vlaamse vereniging van Pinkstergemeenten ", préfèrent s’appeler désormais communautés chrétiennes (Christengemeenten) et seraient en rapport avec la mission évangélique belge. Il existe d’autres fédérations ou mouvements au sein du mouvement pentecôtiste : Full Gospell Businessman International, Jeugd met een opdracht, Operatie mobilisatie, Women Aglow, Jong en Vrij, Christian Fellowship (qui recruterait, selon un témoin, également au parlement européen)

"Operatie mobilisatie " aurait des bureaux à Gand et à Watervliet. " Jeugd met een opdracht " serait établi à Bruxelles. Cette organisation mondiale serait représentée dans au moins 32 pays et financerait certains candidats aux élections présidentielles américaines, ainsi que des organisations d’extrême- droite. Elle possède des centres d’entraîne-ment aux USA où elle dispense des cours spécifiques par catégorie professionnelle : enseignants, infirmiers ... Elle dispose aussi de navires avec à bord des équipes, destinées à intervenir dans les zones sinistrées. Sous le prétexte d’aide humanitaire, ils pré-senteraient alors leurs bibles et leur littérature en vue d’une évangélisation.

Ce mouvement utilise des enfants pour ses actions d’évangélisation dans la rue. Ces enfants sont formés à partir de 18 mois et apprennent notamment la danse et le mime. " Jeugd met een opdracht " est présent chaque année pour l’une ou l’autre action menée à Bruxelles.

Les communautés pentecôtistes recrutent également dans la rue, notamment lors de spectacles, qui permettent d’inviter des candidats potentiels aux réunions. Elles s’adressent à toutes les couches de la population : aux enfants à travers des camps de vacances, aux enfants handicapés mentaux à travers des séjours spécifiques, aux femmes par l’intermédiaire de spectacles et de concerts, ...

Il existe même un groupement de motards chrétiens, ainsi qu’un centre de fitness chrétien à Anvers. Enfin, il est également fait état de librairies spécialisées.

Ces groupements s’intéressent également tout particulièrement aux intellectuels.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be