À la suite de la rencontre entre les ministres des Affaires étrangères français et serbe, MM. de Charette et Milutinovic, le 17 mars 1997, le Quai d’Orsay a rejeté la demande de visa formulée par M. Seselj, invité de Jean-Marie Le Pen au congrès du Front national convoqué à Strasbourg du 29 au 31 mars 1997.

Le Front national a choisi comme interlocuteur privilégié en Serbie le Parti radical serbe (PRS) de Vojislav Seselj. En effet, celui-ci développe une rhétorique de dénonciation du parti de Milosevic alternativement et contradictoirement qualifié de " parti le plus marxiste d’Europe " et de représentant des intérêts américains.

Les contacts entre le PRS et le FN ont été formalisés lors d’une première visite de Dominique Chaboche (vice-président du FN) et Jacques Dore (secrétaire national aux Français à l’étranger) au printemps 1996. Une seconde visite, cette fois conduite par Jean-Marie Le Pen en personne, eut lieu en janvier 1997.

Ces contacts soulevèrent une vive polémique au sein du Front national. En effet, la faction catholique pro-croate de Bernard Antony s’est opposée publiquement à une alliance avec un des principaux bourreaux de la Croatie. Cette controverse prit fin avec une intervention du président Le Pen déclarant :" Dans une guerre civile, il n’est pas facile d’établir la responsabilité des cruautés ni d’apprécier le détail des revendications. En tout cas, les cruautés ne sont pas exclusivement le fait des Serbes (...) La guerre, la guerre civile peut-être plus encore, ne se fait pas avec des pistolets à eau (...) En Yougoslavie même, il faut distinguer les combattants patriotes des pillards sanguinaires : on montre Seselj du doigt, (...) qui n’a pas à ma connaissance de crimes de guerre sur la conscience. J’ai été reçu par beaucoup d’hommes politiques de premier plan, aussi bien en Serbie qu’en République serbe de Bosnie (...) J’étais particulièrement l’invité du Parti radical serbe et de son président Seselj. C’est un immense gaillard de quarante-trois ans, combattant impressionnant, orateur de nature et professeur de droit public et de sciences politiques. Le type même de l’intellectuel homme d’action. (...) Un homme politique de premier plan (...) Dans le cas où les Serbes iraient voter en respectant le calendrier électoral, Seselj et le PRS ont des chances raisonnables de prendre le pouvoir et de mener un redressement national indépendant et du mondialisme américain et du communisme post-soviétique. À cet égard, la parenté entre sa doctrine, ses objectifs et les nôtres, est évidente. "