Les services spécialisés occidentaux observent le développement d’une pratique inédite chez les narco-trafiquants marocains : le troc des drogues. Le terrain privilégié des échanges paraît être l’Espagne, où la résine de cannabis est échangée contre de la cocaïne, et, dans une moindre mesure, de l’héroïne. Parallèlement, aux Pays-Bas, les autorités notent que le troc paraît se systématiser, à l’initiative des filières turques. La conséquence en est que des ressortissants marocains se trouvent à la fois impliqués dans l’importation du haschisch et dans la revente, sur le marché européen, des drogues dites "dures" ainsi acquises. Cette pratique n’est pas sans conséquence au Maroc même. Les observateurs y voient l’explication du développement de marchés locaux de consommation de cocaïne et d’héroïne, notamment dans les villes de Tanger et de Tétouan, les capitales du trafic de haschisch. Longtemps limitée à la jeunesse dorée des grandes cités comme Casablanca, ainsi qu’à la clientèle occidentale des villes touristiques, cette toxicomanie touche aujourd’hui les couches les plus modestes. A Tétouan, l’héroïne se vend dans les quartiers populaires entre 30 et 40 francs la mini-dose à sniffer. A Tanger, le gramme de cocaïne, coupé à 30%, coûte entre 480 et 600 francs. On notera enfin que les autorités d’Alger signalent de récents et de nombreux cas d’échange de résine de cannabis marocaine contre des denrées alimentaires algériennes. Ce qui tend à prouver des liens étroits entre contrebande et trafic de drogue dans la région frontalière (rédaction de La Dépêche Internationale des Drogues).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 21