Les drogues comme l’héroïne, la cocaïne et le crack étaient, en décembre l994, les seuls produits d’importation disponibles sur le marché local dont les prix n’avaient pas augmenté après la dévaluation du franc CFA. Le gramme d’héroïne (brown sugar), importée d’Asie du Sud - ouest vaut toujours 12 000 à 15 000 francs CFA (120 à 150 francs) - ; celui de cocaïne de 30 000 à 35 000 CFA et 1 000 CFA le "caillou" de crack. Cela représente une baisse réelle des prix de l’ordre de 30% à 40% à laquelle on peut fournir plusieurs explications. Il peut s’agir d’un dumping pour lancer ces produits dont les prix seront relevés dès qu’un marché suffisamment vaste sera gagné. Plus vraisemblablement, les trafiquants ont considéré qu’il s’agit du seul moyen leur permettant de s’assurer des profits substantiels sur le vaste marché africain. Ils peuvent d’autant mieux se permettre cette politique que leurs marges bénéficiaires sont considérables. D’une façon plus générale, on observe que les narcos appliquent des prix différenciés, non seulement en fonction de la proximité du marché des lieux de production, mais également du niveau de vie dans les pays concernés. Ainsi, un rapport récent des Nations unies a montré que de 70 à 80 tonnes d’héroïne étaient destinés par les trafiquants pakistanais au marché intérieur de 1,5 million d’héroïnomanes. A un prix fluctuant entre 1 et 2 dollars le gramme, le marché pakistanais représente un chiffre d’affaires de 1,2 milliard de dollars. L’Afrique se situe probablement, quant à sa rentabilité, dans une position intermédiaire entre le marché intérieur du Pakistan et celui des pays riches (rédaction de la Dépêche Internationale des Drogues).

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 40