Pour sa part, le sénateur Herrera a demandé l’ouverture d’une enquête complète sur les activités de plusieurs ressortissants indiens, dont un certain "Monsieur Albert" qui serait à la tête d’un important trafic de shabu, nom générique utilisé dans le sud - est asiatique pour désigner les amphétamines. Il s’agit d’un vaste marché, aujourd’hui géré par les triades chinoises de Hong-Kong, notamment la 14K, très présente à Manille dans le trafic d’ICE (méthamphétamine hydrochloride) qu’elle domine grâce à ses liens historiques avec la Chine continentale d’où provient l’éphédrine, principal précurseur de cette designer drug de masse. La cocaïne colombienne a récemment commencé à tenter de prendre au shabu quelques parts de marché, notamment au Japon (La Dépêche Internationale des Drogues n°29), en utilisant les routes maritimes, mais aussi les vols au départ de Hong-Kong. Début juillet 1994, des agents "undercover" du CDIB (Customs Drug Investigation Bureau) avaient arrêtés à Kai Tak, l’aéroport de la Colonie, 3 Colombiens en provenance de Londres porteurs de 2,2 kilos de cocaïne dans des valises à double-fond. A Manille cependant, la cocaïne n’a encore fait qu’une timide apparition dans les statistiques. Sur les 15,8 kilos saisis par les douanes philippines en 1993, la majeure partie était en transit entre Hong-Kong et le Japon. Et l’arrestation le 9 septembre dernier d’Ace Vergel, acteur spécialiste des rôles de "durs" sur les écrans philippins, en possession de 3 grammes de cocaïne et déjà trois fois relaxé pour des charges similaires, n’est pas fait pour modifier l’analyse des douaniers pour lesquels le marché de la cocaïne reste encore aux Philippines cantonné "dans des cercles étroits et fermés" (correspondant de l’OGD au Philippines)

(c) La Dépêche Internationale des Drogues n° 36