Une première approche de l’engagement militaire de la France au Rwanda a été effectuée durant l’été 1994 par François-Xavier Verschave, dans le cadre d’un rapport demandé par l’Observatoire permanent de la coopération française - avant de devenir l’un des chapitres du livre Complicité de génocide ? (34). Nous en reproduisons ici quelques extraits.

En juillet 1975, Juvénal Habyarimana organise pour Valéry Giscard d’Estaing un safari mémorable. Au passage, il signe un simple accord d’assistance militaire, fixant le cadre dans lequel la France distribue une aide en armements. Cet accord est longtemps resté modeste, à hauteur de quelque 4 millions de francs par an (35). Il ne s’agit pas d’un accord de défense. François Mitterrand jouera sur la méconnaissance de la distinction entre les deux types d’accords pour tenter de légitimer, a posteriori, les envois de troupes de 1990 et 1993. Et il reconstituera une " continuité " dans l’entretien télévisé du 14 juillet 1994 : " C’est en 1975, six ans avant mon arrivée à l’Élysée, que le gouvernement français a signé avec le président du Rwanda un traité d’assistance militaire qui a continué à s’appliquer ".

Lorsqu’en 1990, depuis l’Ouganda, le FPR envahit le nord du Rwanda, Juvénal Habyarimana téléphone à Jean-Christophe Mitterrand (36), au 2 rue de l’Élysée, pour lui demander le soutien militaire de la France. On s’accorde sur l’envoi des quelques centaines de parachutistes qui devraient suffire à stopper cette attaque. Cet envoi de troupes (l’opération Noroît), fort peu connu en France, bloqua effectivement l’avancée du FPR : d’un côté, l’élite de l’armée française interdisait la progression vers Kigali ; de l’autre, plus directement, un agent de la DGSE intervenait à bord d’un hélicoptère de combat pour neutraliser une colonne de ravitaillement " ennemie " (37). Cette double approche, le barrage ostentatoire et l’offensive inavouée de quelques avant-gardes, durera au moins jusqu’en 1993. Mais le premier succès de 1990 signalait la faiblesse de l’armée rwandaise.

LA PANOPLIE

L’Élysée, avec le concours zélé du général Jean-Pierre Huchon - adjoint du chef d’état-major particulier du Président - conçoit alors une aide militaire très importante, oscillant entre la discrétion et la clandestinité. Outre les unités de parachutistes cantonnées à Kigali (plus de 500 soldats) cette aide délèguera en permanence auprès des forces armées rwandaises (les FAR) jusqu’à 150 coopérants ou conseillers militaires (38). Soit un coût total d’au moins 200 millions de francs par an.

A partir de 1990, la France a livré chaque année aux FAR un minimum de 20 millions de francs de matériels (à quoi il faut ajouter les cessions gratuites) : des hélicoptères Gazelle, des avions Noratlas et Guerrier, des automitrailleuses légères, des pièces d’artillerie de campagne. Aux moments chauds des affrontements entre le FPR et les FAR, il est arrivé que des soldats français servent eux-mêmes ces matériels, parfois sophistiqués (39). " C’est vrai qu’en février 1992, on y a été très fort " admet un responsable qui a eu accès à tous les documents (40). On a profité de l’occasion pour tester du matériel expérimental, des blindés légers de montagne et des hélicoptères de combat dotés d’une douzaine de roquettes de chaque côté (41).

Le terrain rwandais fut utilisé par l’armée comme " une sorte de bac à sable grandeur nature (42) ", ce qui peut contribuer à expliquer son entêtement à soutenir l’engagement rwandais. Aux livraisons d’armes françaises s’ajoute le financement d’achats complémentaires, en provenance surtout d’Afrique du Sud et d’Égypte. Armscor, l’entreprise d’État sud-africaine de fabrication d’armes, réalisait ces derniers temps un chiffre de ventes annuel moyen de 175 millions de dollars, dont 86 millions avec le seul Rwanda (43). Le président de ce groupe, Tielman de Vaal, a reconnu que les ventes d’armes légères à cet État se sont poursuivies jusqu’en septembre 1993 : " Nous avons arrêté nos ventes trois mois avant que le Rwanda ne soit classé comme pays instable. Durant cinq ans, le gouvernement rwandais a toujours bien payé, et cash. Mais, à moins de me faire licencier sur le champ, il m’est impossible de vous dire avec quelles devises (44)".

Quant à l’Égypte, c’est une plaque tournante du trafic d’armes - en provenance notamment d’Europe de l’Est. Juvénal Habyarimana était lié au président Moubarak. Par ailleurs, selon Janvier Afrika, " un grand nombre d’Interahamwe ont été envoyés en Égypte pour y recevoir un entraînement (45)". Human Rights Watch a fait état d’une garantie de 6 millions de dollars apportée par le Crédit Lyonnais à un contrat en date du 30 mars 1992, entre le Rwanda et l’Égypte, pour l’achat de fusils automatiques, mortiers, mines terrestres et explosifs : on n’imagine pas que cet établissement bancaire nationalisé, déjà plombé, se soit engagé autrement qu’en service commandé dans cette caution à haut risque. De fait, ce crédit représentait donc une aide militaire secrète de la France au Rwanda (46).

LA FORMATION DES HOMMES

La décision de former les Forces armées rwandaises, clairement politique, fut prise personnellement par le chef de l’État, mais elle ne suscita pas le moindre état d’âme chez les responsables militaires français (47). Les rebelles, venus d’Ouganda, pouvaient-ils représenter autre chose que le produit d’une manipulation par les anglo-saxons ? Il fallait aider Juvénal, lui procurer armes et munitions, former une armée qui lui permette d’en finir avec ces importuns. L’armée s’exécuta sans réserves, sans la moindre analyse politique, dans le droit fil des institutions et de la pratique de la Ve République (48). Les effectifs de l’armée rwandaise passent de 5 000 à 35 000 hommes. La Garde présidentielle de 1 500 hommes (49) - constituée sur les modèles zaïrois et togolais, avec un recrutement limité au clan et à la région présidentiels, en l’occurrence les Bakiga du Bushiru - bénéficie d’un équipement et d’un traitement privilégiés.

On réactive aussi, sans doute, les vieux schémas de la " lutte anti-subversive ". Le 10 novembre 1991, Me Eric Gillet, de la Fédération internationale des droits de l’homme, publie un rapport où il affirme que ce sont des officiers français qui conduisent les interrogatoires musclés des combattants du FPR (50). Janvier Afrika, l’ancien membre des " Réseaux zéro ", précise : " Les militaires français nous ont appris à capturer nos victimes et à les attacher. Cela se passait dans une base au centre de Kigali. C’est là qu’on torturait, et c’est là également que l’autorité militaire française avait ses quartiers. [...] Dans ce camp, j’ai vu les Français apprendre aux Interahamwe à lancer des couteaux et à assembler des fusils. Ce sont les Français qui nous ont formés - un commandant français (51) - pendant plusieurs semaines d’affilée, soit au total quatre mois d’entraînement entre février 1991 et janvier 1992 ".

Il peut paraître hasardeux de reprendre une accusation qui n’est formulée aussi précisément (à notre connaissance) que par ce seul témoin. Cependant, bien d’autres éléments de ce très long témoignage ont été vérifiés sur place ou recoupés par la Commission d’enquête internationale de janvier 1993, puis par le journaliste Stephen Smith ; la fiabilité des propos de Janvier Afrika a été chaque fois démontrée. Par ailleurs, plusieurs témoignages signalent d’inquiétantes proximités de personnes - entre les instructeurs français et la Garde présidentielle, dont émanent les milices Interahamwe -, comme de lieux (entre les bases des militaires français et certains des endroits où furent pratiqués tortures et assassinats). Enfin, l’état d’esprit " extrémiste " d’une partie du détachement français, engagé à fond dans la lutte " anti-subversive ", est admis en privé par divers responsables. [...] Le type de dénégation de l’ambassadeur Georges Martres à un haut fonctionnaire troublé - " vous n’aviez pas l’autorisation de vous rendre là-bas " - fonctionne presque comme un aveu [...].

Sitôt et si bien formés, les " réseaux Zéro " s’attaquent aux Tutsis du clan Bagogwe, dans la région de Ruhengeri : " Nous en avons massacré environ 10 000 en un mois (52)". Jean Carbonare, l’un des membres de la commission internationale d’enquête de 1993, témoigne pour sa part : " J’ai eu deux grands chocs dans ma vie. Le premier, lorsque j’ai découvert qu’en Algérie on avait institutionnalisé la torture. Le deuxième, en janvier 1993, quand j’ai vu des instructeurs français dans le camp militaire de Bigogwe, situé entre Gisenyi et Ruhengeri. C’est là qu’on amenait des civils par camions entiers. Ils étaient torturés et tués, puis enterrés dans une fosse commune que nous avons identifiée près du cimetière de Gisenyi (53)".

SOLIDARITE

Ce n’est pas l’effet que de dérives subalternes. Une profonde connivence s’était établie entre officiers français et rwandais.

Début 1992, le ministère français de la Défense avait détaché le lieutenant-colonel Chollet à un rôle-clef : conseiller " pour l’organisation de la défense et le fonctionnement de l’institution militaire " auprès du général Habyarimana (54). Ce qu’on appelle en langage diplomatique une note verbale (écrite, bien entendu) (55) précise l’étendue de la mission [...] de cet officier : " l’organisation de l’armée rwandaise ; l’instruction et l’entraînement des unités ; l’emploi des forces ". Bref, on peut dire qu’il exerçait le commandement opérationnel de l’armée rwandaise (56).

Il avait de fermes appuis à Paris. Après la signature des accords d’Arusha, l’establishment militaire ne manqua pas de faire savoir son opposition à l’embargo sur les armes qui devait en résulter (57). Selon Patrick de Saint-Exupéry, le général Habyarimana savait " pouvoir toujours compter sur le soutien de l’important lobby militaro-africaniste français (58)". Pour ce journaliste, le corporatisme des agents de la présence militaire en Afrique est activé par l’ensemble des avantages, très consistants, qu’ils en tirent : soldes sans comparaison avec celles de métropole, carrière et promotions rapides, reclassement possible dans le conseil lucratif (instruction, achat d’armes, renseignement,... ) auprès des chefs d’État africains - un équivalent exotique du pantouflage des énarques. Le politologue Jean-François Bayart précise l’accusation contre ce lobby : " Des responsables militaires français semblent avoir suggéré au régime Habyarimana, et à son entourage, que les accords d’Arusha n’étaient ni bons ni inéluctables. Même s’ils n’ont pas voulu cet épouvantable génocide, on peut se demander s’ils n’ont pas fait germer l’idée, chez les ultras du régime, qu’il fallait à tout prix saboter ces accords (59)".

" On a mis sur la touche les plus extrémistes de notre politique passée, en effet totalement pro-hutu ", avouait un responsable français, évoquant la mission militaire du ministère de la Coopération. Si, en juin 1994, on a mis ces " extrémistes " sur la touche, c’est donc qu’ils avaient pris part au jeu - et que leurs interventions, jugées trop engagées, avaient appelé un carton rouge. Cela contribue à expliquer le retrait si précipité (dès le 14 avril) des militaires français encore sur place au moment de l’attentat du 6 avril : ils eussent été bien placés, en principe, pour modérer les ardeurs des ordonnateurs du génocide, surtout avec le renfort, le 9 avril, de leurs 460 collègues de l’opération Amaryllis. Mais l’état-major redoutait vivement que certains ne tombent aux mains du FPR.

Cela n’empêchera pas, lors de l’opération Turquoise, de placer en première ligne, face au FPR, le colonel Thibaut (alias Tauzin (60)) : cet " ancien " de la DGSE a été le conseiller militaire du général Habyarimana de 1990 à la fin 1993 (61), durant toute la période de l’engagement militaire de la France contre le FPR, alors que les instructeurs français côtoyaient les premiers massacres. Il a été rappelé à plus de diplomatie lorsque, début juillet 1994, il déclara qu’en cas d’offensive du FPR vers les positions françaises, " nous tirerons dans le FPR, sans état d’âme (62)", et qu’on ne ferait " pas de quartier (63)".

Pour le journaliste Jacques Isnard, familier de la " grande muette ", cet épisode est révélateur d’un état d’esprit, celui des officiers français détachés avant le 6 avril 1994 auprès des Forces Armées Rwandaises (FAR). Un nombre non négligeable d’hommes des opérations spéciales connaissaient le Rwanda avant l’opération Turquoise. Leur désarroi parle de lui-même : " La France ", demande un colonel, un des leurs, " n’abandonne-t-elle pas ses anciens amis ? ". D’autres portent le deuil de leurs ex-stagiaires morts au combat, face au FPR. Tous sont déçus de voir cette armée, ces FAR qu’ils ont entraînées, subir une telle déroute (64).

De l’Indochine à l’Algérie, les troupes " coloniales " (dont la tradition se perpétue en Afrique à travers les RICM, Régiments d’Infanterie Coloniale de Marine) se sont toujours attachées au terrain qu’on les envoyait défendre et aux auxiliaires qu’on leur demandait de former. " Les militaires " reconnaît-on en haut lieu, " ont fait du Rwanda une affaire personnelle (65)". Quoi d’étonnant, alors, si certains, plus activistes que d’autres - il suffit malheureusement de quelques-uns pour disqualifier une troupe -, ont eu là-bas des stratégies et des attitudes de " solidarité " débordant largement leur mission ? Ces troupes ne sont-elles pas les héritières de celles qui, pour une bonne part, s’engagèrent sans recul aux côtés des militants et supplétifs de l’Algérie française ? Autre évocation nostalgique de la gloire des causes perdues : lors de l’opération Turquoise, certains éléments avancés baptisèrent Gabrielle, Isabelle, Dominique, ... les collines autour de Gikongoro. Comme celles entourant Dien Bien Phu (66) [...].

SECRET ET DESINFORMATION

Paul Barril [...], avec sa société SECRETS, et Pierre-Yves Gilleron ont servi le général Habyarimana (67). Le premier mettra ensuite au service de la veuve du général, liée à l’aile dure du régime, ses talents d’illusionniste (illustrés par l’affaire des Irlandais de Vincennes) : il confondra des journalistes éberlués en exhibant une fausse " boîte noire " du Falcon 50 présidentiel abattu le 6 avril.

Ce serait anecdotique si, dans le drame rwandais, la désinformation n’avait joué un tel rôle, fourvoyant la quasi-totalité de la classe politique française - bien au-delà du cercle mitterrandien. La diplomatie française, renseignée essentiellement par les militaires et les services secrets, a répercuté sans recul leurs pénétrantes analyses politiques. Le FPR portera ainsi, jusqu’au bout, l’étiquette " Khmers noirs " - avec la triple connotation négative du cauchemar indochinois, de l’épouvantail communiste, et de la traîtrise des assaillants nocturnes. Les journalistes et humanitaires en mission ont pu vérifier, chez la plupart des militaires de l’opération Turquoise, l’identification réflexe : FPR = " Khmers noirs ". Au journaliste américain Frank Smyth venu l’interroger, l’attaché militaire français à Kigali, chef de la mission d’assistance militaire, crut bon d’indiquer : " La France et les États-Unis ont une histoire militaire commune, par exemple au Vietnam (68)"... Quant au thème des attaques nocturnes, il revenait de manière quasi obsessionnelle dans les reportages des journalistes de télévision accrédités - ce qui permettait au passage de faire la publicité des équipements français de vision nocturne...

En décembre 1993, le DAMI (Département d’assistance militaire à l’instruction) quitte Kigali. Jusqu’à l’attentat du 6 avril 1994, il ne reste officiellement en poste au Rwanda qu’un groupe de 25 coopérants militaires. Cependant plusieurs témoins affirment avoir reconnu, en février, onze militaires du DAMI revenus en civil dans la capitale rwandaise, et qui ne faisaient donc pas partie de ce groupe (69). Que venaient-ils faire, sinon se mêler à de troubles jeux d’influence ?

A vrai dire, le Rwanda était devenu le champ clos de l’affrontement entre services spéciaux de diverses origines, occidentales et africaines, ce qui exacerbait la paranoïa ambiante. La France s’était piquée à ce jeu. Il est constant qu’une démocratie maîtrise mal une trop grosse concentration de ses agents secrets. La qualité de l’information des décideurs s’en trouvait gravement affectée. Mais il y eut peut-être bien pire : [...] il n’est pas improbable que plusieurs de ces agents se soient associés à l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, ou aient couvert sa préparation (70).

On a montré, dans le 1er Dossier noir, comment une partie de l’armée française avait poursuivi l’alliance avec les Forces armées rwandaises (FAR) après le déclenchement du génocide - leur apportant armes, instruction, soutien logistique,... On y a publié le terrible compte-rendu de la rencontre entre l’émissaire des FAR Efrem Rwabalinda et le général Jean-Pierre Huchon, commandant la Mission militaire de coopération. Outre la panoplie des soutiens promis par la France, et la mise en place d’un système perfectionné de communication cryptée entre l’armée française et les FAR, les propos tenus par le général Huchon (71) y apparaissent sidérants. Sa principale interrogation n’est pas : comment arrêter le génocide, déjà à moitié accompli ? Mais : comment retourner les médias en faveur du camp en train de le commettre ? Ce document corrobore ce qu’ont laissé apparaître ou ont établi maints articles ou rapports : à de très hauts niveaux de la hiérarchie militaire française - et contrairement aux déclarations du Premier ministre ou du ministre de la Coopération - un soutien multiforme aux FAR s’est poursuivi au moins jusqu’à leur déroute, début juillet.

L’argument ressassé à l’époque par le lobby militaro-africaniste - nos " élèves " des FAR constituent une force modérée - ne tient plus : les FAR ont tout couvert du génocide, rien empêché, et parfois précédé. Les militaires modérés - il y en avait - n’ont pas eu voix au chapitre. Le 29 mars 1994 (une semaine avant le déclenchement du génocide), la réunion programmant l’extermination des " infiltrés " (les Tutsis et les " traîtres " hutus) s’est tenue à l’état-major des FAR, sous la présidence de leur chef (72).

Les militaires français, majoritairement hostiles à l’embargo sur les armes, qui aurait affecté leurs " protégés ", ont activé toutes leurs officines parallèles d’achat et expédition d’armes clandestines - dont un certain nombre sont à Paris, aussi tolérées que les activités du capitaine Barril. Les habituels mécanismes de couverture, impliquant de faux certificats de destination, ont également joué à plein : les " vrais-faux passeports " de livraisons d’armes (73), révélés déjà lors de l’affaire Luchaire, puis lors de la tentative avortée de fourniture de missiles Mistral à l’Afrique du Sud, sont réapparus dans leur triste banalité - ce qui était moins banal, c’est qu’ils servaient à armer le camp du génocide.

Relisons pour finir l’incroyable congratulation du capitaine Barril (à qui l’on proposa en juin 1994 d’être promu commandant dans le cadre de réserve !) :

" Les services spéciaux français officiels ont bloqué en 90 l’attaque des terroristes du FPR avec l’Ouganda, le travail de la DGSE. Un travail remarquable dont on peut être fier dans cette première phase de guerre. Il y a eu du côté français des héros que l’on ne connaîtra jamais, des histoires extraordinaires de types qui ont pris des initiatives folles, qui ont fait des cartons à l’extérieur avec quelques hélicoptères seulement et quelques canons. Il y aurait matière à un livre sur l’héroïsme des Services Secrets au Rwanda, face à l’Ouganda et au FPR... [...]. Ça a été une belle partie (74)".

En septembre 1994, le ministre de la Coopération Michel Roussin pouvait en revenir aux principes :

" L’exemple du Rwanda démontre à la fois la complexité et les limites de notre action, qui intervient après des années de surenchère politico-militaire. Il rappelle la nécessité de renforcer le sens que je donne à notre coopération militaire : convaincre les autorités de se doter d’une armée moins nombreuse mais mieux formée, au service d’un Etat démocratique et non d’une ethnie, d’un parti ou d’une région [...] L’action de la Mission militaire de coopération s’inscrit donc dans le cadre du renforcement de l’Etat de droit (75)".

Il serait temps... Mais le général Jean-Pierre Huchon est-il le plus crédible à cet égard ?


34. La Découverte, Paris, 1994.

35. Selon Le Monde du 22/06/94, Neuf accords militaires entre Paris et Kinshasa.

36. Un témoin se trouvait à ce moment dans le bureau de Jean-Christophe Mitterrand, et a entendu sa part du dialogue.

37. D’après Stephen Smith, La guerre secrète de l’Élysée en Afrique de l’Est, in Libération du 11/06/92.

38. D’après Jacques Isnard, Une aide militaire intense et souvent clandestine, in Le Monde du 23/06/94.

39. Idem.

40. Cité par Patrick de Saint-Exupéry, La France lâchée par l’Afrique, in Le Figaro du 22/06/94.

41. D’après Colette Braeckman, Rwanda : forcing français, in Le Soir du 21/06/94. Cf. aussi l’étude d’Human Rights Watch, Qui a armé le Rwanda ? (Les dossiers du GRIP, n° 138, 4/94, Bruxelles), p. 31-32.

42. Jean-Christophe Ferney, La France au Rwanda : raison du prince, dé-raison d’État ? , in Politique africaine d’Octobre 1993.

43. Selon Ernest Glinne, député européen (Qui livre des armes au Rwanda ?, in La Libre Belgique du 30/05/94).

44. Frédérique Sprang, L’Afrique du Sud vendait des armes à Kigali, in Le Journal du Dimanche du 17/07/94.

45. D’après Mark Huband, in The Weekly Mail and Guardian de Johannesbourg (repris par Courrier international du 30/06/94).

46. Le Crédit Lyonnais dément la caution, mais non le mouvement de fonds sur le compte de l’ambassade d’Égypte à Londres... L’existence de la transaction a été confirmée le 2 juin 1993 par le ministre rwandais de la Défense, James Gasana. Frank Smyth, auteur de l’étude Qui a armé le Rwanda ? (traduction publiée dans Les dossiers du GRIP, n° 138, 4/94, Bruxelles), affirme la prise de risque de l’établissement nationalisé. The Nation (New York), traduit par Courrier international du 05/05/94.

47. D’après une enquête de Jean Guisnel, L’opération Turquoise laisse des bleus à l’armée, in Libération du 21/07/94.

48. D’après Patrick de Saint-Exupéry, Paris-Kigali : le virage de 1993, in Le Figaro du 03/06/94.

49. Estimation minimum d’African Rights. L’effectif officiel était de 700.

50. D’après Claude Kroes, in L’Humanité du 22/11/91.

51. Janvier Afrika évoque aussi " deux militaires français ".

52. D’après Mark Huband, article cité. Cf. aussi Stephen Smith, Rwanda : un ancien des escadrons de la mort accuse, in Libération du 21/06/94.

53. in Le Nouvel Observateur du 04/08/94.

54. Cf. Alain Frilet, La France au piège de ses accords, in Libération du 18/05/94.

55. Dont L’Humanité du 30/06/94 publie des extraits.

56. Cf. Jean-Christophe Ferney, article cité.

57. Marie-Pierre Subtil, La France s’efface, in Le Monde du 07/06/94.

58. Patrick de Saint-Exupéry, Paris-Kigali : le virage de 1993, in Le Figaro du 03/06/94.

59. Interview à La Vie du 07/07/94, Le Rwanda comme un révélateur.

60. Stephen Smith et Jean Guisnel démontent le " jeu de cache-cache identitaire " de ce spécialiste du renseignement dans L’impossible mission militaro-humanitaire (Libération du 19/07/94).

61. D’après Colette Braeckman, La France résolue à contenir la victoire du FPR, in Le Soir du 05/07/94, et Jean-Philippe Desbordes, Qui est ce colonel qui veut casser du FPR ?, in Info-Matin du 07/07/94.

62. Cité par François Luizet, La France décide de s’interposer, Le Figaro, 05/07/94).

63. D’après Jean Guisnel, Mitterrand et Juppé rectifient le tir, Libération, 06/07/94).

64. D’après Jacques Isnard, Des bonbons et des fusils, in Le Monde du 10/07/94.

65. Citation d’un haut responsable - anonyme - par Patrick de Saint-Exupéry dans son enquête La France lâchée par l’Afrique, in Le Figaro du 22/06/94.

66. Selon Dominique Garraud, Gikongoro, aux abords de la zone de sécurité, in Libération du 08/07/94.

67. Cf. Hervé Gattegno, La " boîte noire ", le Falcon et le capitaine, in Le Monde du 08/07/94.

68. D’après Frank Smyth, in The Nation (New York), traduit par Courrier international du 05/05/94.

69. Selon Colette Braeckman, Rwanda : l’enquête se poursuit à Bruxelles, in Le Soir du 24/06/94.

70. Cf. Colette Braeckman, Rwanda. Histoire d’un génocide, Fayard, Paris, p. 188-199.

71. Commandant la mission militaire de Coopération, rue Monsieur, il était, jusqu’au début de 1993, le numéro deux de l’état-major de l’Elysée, chargé notamment du suivi de l’engagement français au Rwanda.

72. Des extraits du compte-rendu de cette réunion ont été publiés par J.P. Ceppi, L’armée rwandaise avait préparé la guerre civile, in Libération du 13/09/94.

" La réunion avait pour but d’affiner le plan de l’auto-défense populaire, dont l’ossature est constituée par les militaires ". " Pour compléter la liste des militaires [composant cette ossature], il a été demandé au Préfet de disponibiliser également les listes des Réservistes et autres civils fiables devant travailler avec les militaires pour la défense de leurs quartiers ". Les " cellules opérationnelles " ainsi formées " recevront la mission ", directement du commandant militaire de Kigali, " pour la recherche et la neutralisation des infiltrés dans les différents quartiers de la ville [...]. Il a été suggéré d’instruire la population par les Bourgmestres sur le maniement des armes traditionnelles (épées, lances, machettes, arcs et flèches) étant donné l’insuffisance des armes à feu disponibles ".. Cf. le document produit par Michel Muller (Trafic d’armes via Paris, pour la dictature rwandaise, in L’Humanité du 31/05/94).

74. Playboy, mars 1995

75. La Lettre de la rue Monsieur, n° 56, septembre 1994.


"Présence militaire française en Afrique : dérives..." / Dossier Noir numéro 4 / Agir ici et Survie / L’Harmattan, 1995