L’International Herald Tribune révèle que les stratèges de l’OTAN ont établi trois scénarios de campagne aérienne, correspondants à des moyens plus ou moins importants. Ces plans étaient désignés sous les noms de code " Bébé ours ", " Maman ours " et " Papa ours ". C’est en définitive l’option majeure, défendue par le général Clark, qui a été choisie. " Papa ours " met en œuvre le déploiement d’une armada de plus de 1 100 aéronefs.
L’arrivée de ces engins en Europe a tôt fait de saturer les bases de l’OTAN. Le Commandement suprême a alors demandé à la Grèce, à la Hongrie et à la Turquie, tous trois membres de l’Alliance, d’autoriser ses avions à utiliser leurs bases pour cette campagne de bombardements.
Le gouvernement grec, déjà en complet porte-à-faux avec son opinion publique qui s’indigne de la mise à disposition du port de Thessalonique, a refusé.
Le gouvernement hongrois entend tirer parti de la situation et obtenir en retour un statut d’autonomie pour les Hongrois de Vojvodine, voire le rattachement en cas de démantèlement de la Serbie. Il a mis à disposition la base de Taszar, où ont été placés, en début de semaine, vingt-quatre F-18, des cargos C-130 et des ravitailleurs KC-135.
Le gouvernement turc, quant à lui, ne se fait pas prier. Il a mis à disposition sa base de Corlu où seront installés des F-15, F-16, des cargos Hercules C-130 et des ravitailleurs KC-135.
L’Armée turque publie déjà chaque jour de fiers communiqués relatant sa glorieuse participation à la campagne aérienne. Elle bout d’impatience à l’idée d’envoyer son infanterie " délivrer " le Kosovo et reprendre pied au " Champ des merles ".
Sur le plan politique, la demande d’aide du Commandement suprême est aussi une manière de renforcer l’isolement diplomatique de la Yougoslavie. Si cet isolement donne consistance au projet de blocus, il pousse aussi la Yougoslavie à bout et éloigne toute possibilité de construire la paix.
Dans la même perspective, militaire et politique, l’OTAN a demandé à la Roumanie et à la Bulgarie d’ouvrir leur espace aérien pour le passage des bombardiers. Des équipes spécialisées se sont rendues sur place pour installer les équipements nécessaires à l’identification des avions de l’Alliance qui survoleront ces territoires.
C’est en définitive toute la région, à l’exception de la Grèce et de Chypre, qui est maintenant mobilisée.
Thierry Meyssan
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