L’opération humanitaire " Abri allié " des forces de l’OTAN ne devrait pas être en mesure de fournir, l’hiver prochain, des logements en dur aux réfugiés en Albanie et en Macédoine. On estime qu’ils seront alors au moins un million en danger.
La seule alternative qui reste à l’Alliance serait de déplacer à nouveau ces populations et de les héberger dans des structures déjà existantes en Europe de l’Ouest. Un rapide recensement des casernes désaffectées depuis la réduction de format des armées européennes, permet d’envisager une solution. Les réfugiés seront progressivement déplacés par bateaux et trains vers l’Europe de l’Ouest. Ils seront assignés à résidence dans des bâtiments militaires. Puis, ils seront déplacés à nouveau pour rentrer chez eux, au Kosovo libéré.
En ce qui la concerne la France, le gouvernement Jospin est prêt à héberger provisoirement 23 000 réfugiés, s’ajoutant aux 10 000 à qui auront été délivrés les autorisations nécessaires en vue de leur intégration définitive. La seconde vague de réfugiés serait logée dans des champs de tirs désaffectés, gardés par la troupe. Le ministère de la Défense a indiqué que cette capacité d’accueil pouvait être augmentée en rénovant d’anciennes casernes, mais il se refuse à payer le coût des travaux. Le ministère des Affaires sociales estime qu’il ne lui revient pas de mettre à neuf, à ses frais, un patrimoine militaire destiné à être vendu ultérieurement par les Armées à leur profit.
Au delà de cette polémique, se pose la question du sort des réfugiés que l’on se propose de déporter à nouveau deux fois contre leur gré. Pour se sortir de ce guêpier, le Conseil atlantique pourrait se tourner vers l’ONU et confier l’ensemble de l’opération à l’UNHCR. Dans ce cas, les camps de rétention en Europe de l’Ouest pourraient être extra-territorialisés et placés sous administration directe du haut-commissariat.
Thierry Meyssan
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