Plusieurs membres de l’Alliance ont été pris de court par la mise en examen des cinq principaux dirigeants yougoslaves. Il semble que le procureur Louise Arbour ait accéléré la procédure, craignant que le dossier ne lui soit retiré par une " promotion " au Canada. Quoi qu’il en soit, l’Alliance se trouve désormais au pied du mur.

Aucun changement de stratégie ne sera décidé avant les élections européennes du 13 juin. Mais à cette date, si Milosevic n’a pas été renversé par les siens et traduit devant le TPI, les États-Unis imposeront une offensive terrestre, qui pourrait débuter début juillet. Dans cette perspective, le président Clinton s’est adressé aux réfugiés kosovars en revendiquant cette responsabilité.

Selon The Observer, le secrétaire américain à la Défense, William Cohen, s’est rendu en secret, à Bonn, où il a rencontré ses homologues allemand, anglais, français et italien. Il leur a présenté un plan d’invasion de la Yougoslavie requérant une armée de 150 000 à 160 000 hommes. Les Américains prévoient d’acheminer 90 000 hommes, sans prélever dans leurs troupes stationnées en Allemagne. Les Britanniques envisagent un contingent de 50 000 hommes. Les Français proposent 20 à 30 000 hommes. Les Italiens ont fait valoir le danger de la subversion interne pour ne pas s’engager. Les Allemands ont indiqué, qu’en l’absence d’un mandat de l’ONU, leur Constitution ne permettait pas leur participation à cette offensive. On sait par ailleurs que les Turcs ne demandent qu’à dépêcher 30 000 hommes.

À la suite de cette réunion secrète, une réunion officielle mais à huis clos, a permis un échange de vues entre les ministres de la Défense de l’Union de l’Europe Occidentale (UEO) quant à l’articulation UEO-OTAN. Aucun communiqué n’a été remis à la presse.

On ne voit plus ce qui pourrait arrêter le compte à rebours, hormis une condamnation de l’agression de l’OTAN par la Cour internationale de Justice, dont le verdict est attendu le 2 juin à 10 h. Déjà, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, se préoccupe d’un éventuel exode des Serbes, fuyant un pays ravagé qui se transformerait en champ de bataille.

Thierry Meyssan