La programmation de l’attaque au sol, début juillet, est désormais intégrée dans tous les agendas gouvernementaux. Mais alors que l’échéance se rapproche, les critiques publiques, jusqu’ici fort rares, se multiplient. Après la Grèce, la Russie, la Tchèquie, les Pays-Bas et l’Italie, c’est au tour du Japon d’appeler à une trêve. Partout, les gouvernants constatent à la fois l’impopularité de la guerre et la contre-productivité de la stratégie de l’OTAN, aussi cherchent-ils une porte de sortie.

Sur le plan militaire, la stratégie mise en œuvre échappe à toute discussion au sein de l’Alliance. Le Commandeur suprême, le général Wesley Clark, ne cesse de réclamer des moyens et des pouvoirs supplémentaires. À Washington, le chef d’état-major de l’Armée des États-Unis, le général Shelton tente de rationaliser les requêtes de Clark. Le secrétaire à la Défense, William Cohen, trop occupé à négocier avec ses homologues alliés, n’a pas le temps de superviser les opérations militaires. Tandis que le président Clinton s’intéresse plus aux retombées économiques du conflit qu’à la stratégie mise en œuvre et ignore les détails tactiques. Face à la confusion de leur chaîne de commandement, les officiers américains se protègent, en filtrant au maximum les informations qu’ils acceptent de transmettre aux Alliés.

Sur le plan diplomatique, certains, dont la France, se contenteraient d’un retrait partiel des forces serbes du Kosovo pour proclamer l’objectif de l’Alliance atteint et stopper la guerre. D’autres espèrent un improbable coup d’État à Belgrade pour sortir la tête haute du conflit. Aucun, sauf le Royaume-Uni, la Turquie et l’Albanie, ne souhaite assumer politiquement la décision américaine d’attaque au sol.

Quoi qu’il en soit, attaque au sol ou suspension des hostilités, les grandes puissances, malgré leur responsabilité dans l’exode massif des Kosovars, n’ont plus de solution à offrir aux réfugiés.

Thierry Meyssan

[Sur la chaîne de commandement américaine, cf. " War’s Conduct Creates Tension Among Chiefs " (New York Times, 30 mai 1999), disponible sur

<http://www.nytimes.com/library/worl...> .]