Peu importe le candidat à l’élection présidentielle de 1995 : si vous votez à droite,vous voterez pour le bienheureux Escriva de Balaguer.

Jean-Marie Le Pen

Face à la concurrence de Combat pour les valeurs, les lepénistes ont abandonné leurs références religieuses - à l’exception du courant Chrétienté-solidarité de Bernard Antony - mais ils ont conservé leurs liens avec les capitalistes nationaux. Des passerelles avec l’Opus Dei ont été tendues, notamment par l’intermédiaire du surnuméraire Jean-Claude Gaudin (sénateur des Alpes-Maritimes), du professeur Jean-Louis Beaumont (député UDF du Val-de-Marne), ou encore de Jean Royer (député République et Liberté de l’Indre-et-Loire).

Philippe le Jolis de Villiers de Saintignon

L’appartenance du vicomte à l’Opus Dei n’est pas clairement avérée, mais la plupart de ses collaborateurs en sont membres. Combat pour les valeurs apparaît ainsi comme une émanation des disciples du padre. Parmi les fondateurs de ce parti, on trouve Christine Boutin (député CDS-barriste des Yvelines), l’égérie des mouvements antiavortement, le prince Michel Poniatowski (sénateur du Val-d’Oise), ancien ministre de l’Intérieur, Bernard Seillier (sénateur de l’Aveyron) et son épouse Françoise Seillier (eurodéputé), coordinatrice des associations familiales européennes. Ou encore, avec plus de réserve, le comte Louis de Froissard de Broissia (député RPR de la Côte-d’Or) directeur du "Bien public" (1). La campagne européenne de Philippe de Villiers a bénéficié de l’appui efficace de Son Eminence le cardinal Alfonso Lopez-Trujillo (2), lors de la "visite privée" de celui-ci à Paris.

Edouard Balladur

Fondateur de l’Association pour le libéralisme populaire. Il a privatisé les entreprises nationales suivant le schéma des "Catholiques pour les libertés économiques", une association opusienne dont l’objet était de "restaurer les libertés économiques" anéanties par les socialo-communistes. Il a fait entrer le catholique intégriste Pascal Clément (3) dans son gouvernement, comme ministre chargé des Relations avec l’Assemblée nationale. Il a parfaitement intégré l’idéologie papale au point de citer plusieurs fois Jean-Paul II dans son message de candidature présidentielle (4).

Il s’est entouré de nombreux chefs d’entreprise opusiens comme Claude Bébéar (directeur d’Axa assurances), qu’il a nommé à la Commission de consultation des jeunes. Pourtant l’essentiel échappe aux organigrammes et est incarné par l’abbé Alain Maillard de la Morandais (fondateur de Radio Notre-Dame et directeur du Secrétariat pastoral d’études politiques du cardinal-archevêque Jean-Marie Lustiger). L’abbé ne dément pas quant on le qualifie de "conseiller spirituel du gouvernement". Son activité s’est notamment manifestée lors de la tentative d’abrogation de la loi Falloux et lors du vote de la loi d’urgence relative à la famille, qui instaure des discriminations positives en faveur des couples mariés, au détriment des concubins hétéros et homos et des parents célibataires.

Raymond Barre

Lié aux milieux financiers internationaux (Trilatérale, Bildeberg Group, Forum de Davos), il entra en politique et devint subitement à la fois Premier ministre et ministre des Finances, par la grâce de Valéry Giscard d’Estaing. Dans son gouvernement on comptait des opusiens comme le surnuméraire Rémy Montagne, Michel d’Ornano, Jacques Barrot ou Bernard Seillier. En 1986 il ne soutint que deux candidats aux législatives, dont Christine Boutin. Il fut témoin au procès de béatification de Mgr José-Maria Escriva de Balaguer.

Jacques Chirac

Le président du RPR est allergique au cléricalisme, mais l’Elysée vaut bien une messe. Aussi a-t-il accordé son parrainage, voire des subventions via la mairie de Paris, à diverses organisations proches de l’Opus. A toutes fins utiles, il a placé l’opusien Hervé Gaymard (député de la Savoie) dans son équipe de campagne présidentielle.

Thierry Meyssan


"La véritable pauvreté ne consiste pas à ne rien posséder, mais à être détaché des choses, à renoncer volontairement à leur possession. C’est pourquoi il y a des pauvres vraiment riches. Et inversement."

"Il est humain de faire peu de cas de ce qui coûte peu. Voilà pourquoi je te conseille l’apostolat de ne pas donner. Ne manque jamais de réclamer ce qui est juste et raisonnable pour l’exercice de ta profession, si ta profession est l’instrument de ton apostolat."

Mgr Escriva de Balaguer

"Chemins" (aphorismes DCXXXII et DCCCCLIX)


1. Le "Bien public" est un quotidien régional du groupe Hersant.

2. Alfonso Lopez-Trujillo a organisé la chasse aux "théologiens de la libération" en Amérique latine. Très proche de Jean-Paul II, il est aujourd’hui président du Conseil pontifical pour la famille.

3. Pascal Clément est le fils du philosophe intégriste Marcel Clément, directeur de L’Homme nouveau.

4. "N’ayez pas peur !" est un des refrains rituels des discours du pape.