L’Observatoire international des prisons s’inquiète de la situation qui prévaut à la maison d’arrêt de Brest. À la suite de plusieurs décès, dont deux récents suicides, plusieurs détenus ont fait état de défaillances graves dans le service médical de cet établissement ; notamment, plusieurs personnes n’ont pu recevoir le traitement qui leur était prescrit avant leur incarcération. Damien Manchon s’est pendu dans sa cellule le 22 septembre 1994. Son dossier contenait une note du juge d’instruction indiquant que ce détenu ne devait pas être isolé. Karim Chennaf, qui avait mis fin à ses jours le 16 juin, ne recevait pas le traitement psychiatrique qui lui avait été prescrit lors d’un séjour à l’hôpital Morvan. Robert Chever s’est donc suicidé le 16 juin dernier. Décrit par ses codétenus comme dépressif à tendances suicidaires, son état n’aurait pas été pris en considération par le psychiatre de l’établissement. Celui-ci a même appuyé sa requête de mise en cellule individuelle. Son avocat avait demandé la relaxe pour troubles psychiques. Un autre détenu attire notre attention sur sa détresse psychique, dénonçant les délais d’accès aux soins, particulièrement longs.

Nous attirons l’attention sur le cas de Saïd Abouchiche, détenu à la maison d’arrêt de Caen après son transfert de la maison d’arrêt de Brest où il avait dénoncé avec courage plusieurs cas de suicide. Dès son arrivée à Caen, le détenu est placé dans une cellule souillée d’excréments. Il demande à changer de cellule et, suite à un refus, entreprend de nettoyer sa cellule à grande eau. Les surveillants l’emmènent en cellule disciplinaire, sans passer par le prétoire, et lui demandent de se déshabiller. Son refus d’obtempérer lui vaut un passage à tabac au cours duquel il perdra connaissance. Soigné deux jours à l’hôpital de Caen, il est ensuite réintégré à la maison d’arrêt, en cellule d’isolement. Le 14 juillet, Saïd Abouchiche a déposé plainte pour coups et blessures.

Dans une lettre au garde des Sceaux, Gabriel Mouesca (détenu à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy), en détention préventive depuis douze ans, informe qu’il a engagé le 4 juillet une grève des parloirs illimitée pour dénoncer les conditions dans lesquelles les prisonniers sont amenés à rencontrer leur famille. Les parloirs-familles s’effectuent dans des cabines sous surveillance permanente, où la famille est séparée du détenu par une cloison cimentée, avec une lucarne de 50 x 50 cm.

La correspondance entre M. Pin, détenu à Villeneuve-lès-Maguelonne (34), et son avocat a été ouverte à deux reprises par l’administration pénitentiaire. La correspondance des détenus avec leur avocat fait très souvent l’objet d’une ouverture et d’une lecture par l’administration, qui invoque l’erreur pour toute réponse... Dans son rapport 1995, l’OIP informe que l’amiante est à l’origine du décès de quatre surveillants en quelques mois, au centre de détention de Fleury-Mérogis (91). L’administration pénitentiaire réplique, dans Libération du 20 juillet, que "personne n’avait été affecté par la présence de l’amiante". L’OIP dispose des noms des personnels décédés et s’étonne de l’absence totale de réponse des autorités à ses différents courriers.


Les chiffres : au 1er août, on dénombrait en France 56.145 détenus pour 48.804 places.

Observatoire international des prisons, 16 avenue Berthelot, 69007 Lyon.Tél. : +33 72 71 83 83.