Cette contestation violente a incontestablement abouti, au cours des dernières années, à une diffusion et à une banalisation sans précédent de la violence. Les chiffres cités plus haut, notamment en ce qui concerne les attentats, en témoignent.

Cette banalisation gangrène fortement la société insulaire. Comme l’expliquait une universitaire, " la jeunesse insulaire a toujours vécu dans un climat de violence " et " le cagoulé du FLNC prend des allures de justicier dans la représentation des jeunes "221. Elle estime que, dans une deuxième phase, cette fascination pour la violence a ensuite changé de support, " le héros gangster et l’argent facile (...) supplantent le mythe du clandestin sans en abandonner les accessoires. La réussite a pris le visage des hommes du milieu avec lesquels les jeunes sont quotidiennement en contact dans les villes et les villages ".

D’autre part, la population insulaire, accordant foi à un aspect du discours nationaliste - refus de la " bétonnisation " de l’île et de la transformation de la Corse en " bronzodrome " de l’Europe -, a parfois montré de l’indulgence envers certaines actions violentes. L’opinion s’est ainsi répandue que le terrorisme a évité à la Corse le sort des Baléares ou la défiguration de la Côte d’Azur. Outre qu’elle est vigoureusement combattue par certains élus de l’île222, cette compréhension est d’une grande naïveté car il apparaît que lorsque l’on acquitte l’impôt révolutionnaire ou que l’on se place sous la protection de telle ou telle fraction nationaliste, celle-ci ne s’opposera certes pas aux atteintes que l’on pourrait porter à l’environnement. De plus, comme l’indiquait M. Paul Giacobbi devant la mission d’information sur la Corse, " croire que la préservation de l’environnement serait garantie par une simple abstention de faire, de construire par exemple, serait ignorer toute la problématique de l’environnement. Il est en effet incontestable que l’état d’abandon, de désertification, de friche économique que connaît la Corse est très préjudiciable à son environnement ".


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr