Dans son article de la revue Hérodote, l’universitaire Marianne Lefèvre décrivait les stratégies des deux principaux courants nationalistes.

" Le Mouvement pour l’autodétermination, MPA-Canal habituel, surnommé dans l’île le " mouvement pour les affaires ", est majoritairement composé aujourd’hui de socio-professionnels du tourisme et du commerce, d’entrepreneurs et de membres de professions libérales. Le trésor de guerre amassé durant les années grâce au racket a été réinvesti : hôtels, commerces, bars, machines à sous, principalement localisés dans le golfe d’Ajaccio et le port de l’Amirauté, l’extrême sud et la Balagne, le continent et l’étranger. Les militants de ce courant nationaliste ont désormais un patrimoine à protéger et à faire fructifier. Ils sont entrés dans une phase d’investissement et de revitalisation du littoral insulaire (...), ils ne parlent plus d’indépendance, mais de développement économique géré par les pouvoirs locaux.(...) Ces nationalistes sont mûrs pour revendiquer à leur tour une paix civile garante de prospérité économique. "

" Le Canal historique-Cuncolta s’est quant à lui spécialisé dans le prélèvement de fonds, soit de l’État, soit des investisseurs insulaires, continentaux et étrangers.(...) Les investisseurs sont traditionnellement soumis à l’impôt révolutionnaire, comme dans les grands complexes touristiques ou les entreprises de transports.(...) Les militants du Canal historique sont moins intégrés que ceux du Canal habituel dans le tissu économique de l’île. Ils ne créent que très peu d’entreprises, excepté dans l’agriculture ou le transport de fonds.(...) Si les dirigeants officiels de la Cuncolta en Haute-Corse sont majoritairement des avocats du barreau de Bastia, les troupes officielles et clandestines sont quant à elles de plus en plus mobilisées parmi les chômeurs et les jeunes des quartiers sud-bastiais (...) ; ce mouvement nationaliste, qui recrute parmi les agriculteurs, les petits commerçants et les artisans, compte dans ses rangs une part croissante d’hommes de main.(...) Dans ce contexte de racket systématique et d’endettement généralisé, l’observation des règles républicaines devient un obstacle. Inversement, une déréglementation institutionnelle du territoire insulaire offre des perspectives d’avenir : le statut de TOM revendiqué par la Cuncolta entre dans cette logique de spécificité et de territoire hors norme où tout est possible. ". Il convient de noter que la Cuncolta vient de renouer avec la revendication indépendantiste, abandonnée pendant plusieurs années.

Cette implication dans les affaires liées au tourisme de membres éminents des mouvements nationalistes expliquerait, pour certains observateurs, que la trêve estivale des attentats soit aussi régulièrement observée depuis de nombreuses années.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr