Ni la victime des agissements d’une secte, qu’il s’agisse d’un individu ou d’une entreprise, ni son entourage, qu’il s’agisse de la famille ou des partenaires économiques et sociaux, ne sont enclins à déposer plainte contre les dommages qu’ils ont eu à subir du fait de pratiques sectaires à leur encontre.

L’individu victime d’une secte n’est pas, en effet, une victime comme les autres, puisqu’elle a été, à un moment donné, consentante à l’activité qui lui a porté préjudice. En outre, ce préjudice est le plus souvent extrêmement difficile à établir. La personne qui parvient à s’extraire, ou à être extraite, d’un mouvement sectaire est, pour l’immense majorité des cas, en état de très grande faiblesse morale et psychologique. Elle ne dispose généralement pas du ressort nécessaire pour engager une action et souhaite, quoi qu’il en soit, effacer au plus vite la mémoire de ce qu’elle a vécu ou, à tout le moins, en éviter toutes les conséquences. Ce n’est faire injure ni à notre police judiciaire ni à nos juges de rappeler que le fonctionnement des institutions qu’ils servent ne se prête guère à ce souci, bien compréhensible, d’oubli qui anime les victimes.

Même dans l’hypothèse où la victime d’une secte ne l’a été que de façon brève ou incidente - personnes grugées par l’achat de médications miraculeuses ou la participation momentanée à un stage de formation à la vente pyramidale - il est toujours difficile pour celle-ci d’avouer publiquement qu’elle s’est laissée abuser. Le problème se pose d’ailleurs d’une façon plus générale pour toutes les arnaques à la consommation, qu’elles proviennent ou non d’agissements sectaires.

Quant aux entreprises, l’aveu, soit d’une tentative d’infiltration sectaire, soit d’un marché, par exemple dans le domaine de la formation professionnelle, est difficilement acceptable. Il en va, en effet, de la notoriété et de la crédibilité de l’entreprise, surtout si celle-ci est confrontée, dans son domaine d’activité, à une concurrence aiguë, ou dans sa gestion interne, à une vigilance des syndicats particulièrement aiguisée.

La Commission doit, à ce titre, féliciter les entreprises qui lui ont apporté leur témoignage pour leur réaction pertinente aux tentatives d’infiltration qu’elles ont subies et pour leur volonté d’exploiter leur expérience malheureuse au profit de l’intérêt général, qu’il s’agisse de très grandes entreprises ou de PME que ne l’on ne peut évidemment citer, mais qui se reconnaîtront à travers ces lignes.

Toutefois, aucune de ces affaires n’a fait l’objet d’une plainte auprès de la Justice.


Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr