Cette 2ème commission d’enquête sur la Corse s’est constituée à partir d’une offensive politicienne de l’opposition parlementaire.
La droite a saisi le prétexte que lui offrait l’attristante et détestable affaire des paillotes pour l’exploiter, à des fins bien éloignées des légitimes préoccupations des Corses et des problèmes de l’île.
Elle se termine sur un "coup" tout aussi politicien, quand l’opposition parlementaire choisit de quitter la dernière séance de travail de la commission dans les minutes qui précèdent la soumission du rapport au vote des commissaires.
Cette attitude confirme ce que notre groupe pressentait depuis plus de 6 mois.
Une lamentable affaire venait de donner l’occasion à une droite profondément divisée de trouver le moyen inespéré de tenter de reconstruire, des cendres, une apparente mais tout à fait relative et sans doute bien éphémère unité.
L’intérêt même des travaux de cette commission s’en est trouvé considérablement réduit.
L’objet de la commission d’enquête visait "le fonctionnement des services" de sécurité dans l’île et non comme nous l’aurions souhaité "la sécurité" de nos compatriotes insulaires dans les conditions spécifiques du contexte singulier de la Corse.
Le thème du "fonctionnement des services" a contribué à nous enfermer dans un cadre principalement institutionnel coupé des dimensions éminemment politiques des causes de l’insécurité et des dysfonctionnement des services de sécurité en Corse.
Le rétablissement ou l’établissement de la sécurité ne renvoie pas seulement à ses dimensions sécuritaire et judiciaire.
Travailler sur la sécurité dans l’île nous aurait au contraire, très naturellement conduit à aborder les conditions économiques, sociales, culturelles de son établissement, en même temps que les garanties de son maintien donc de l’efficacité et du bon fonctionnement des services qui en ont la charge dans les conditions particulières d’un territoire où elles sont trop souvent enfreintes.
Le débat a donc été tronqué, mais pouvait-il en être autrement, dans les conditions où cette commission s’est constituée ?
Faire ces remarques ne nous conduit évidemment pas à sous estimer le travail tout à fait important qui, au terme de 6 mois d’auditions a abouti à la rédaction d’un rapport dont nous ne doutons pas qu’il sera utile.
Il soulève des questions importantes, trace des pistes pour le travail parlementaire et quelle que soit l’opinion positive ou négative que l’on puisse porter sur telle ou telle des propositions qu’il suggère, il a le mérite de relancer le débat sur les conditions du bon fonctionnement des institutions de la République jusqu’à celui de la réforme de l’Etat. Mais cette problématique n’est pas exclusivement corse, elle est celle de toute la Nation et à ce titre, elle aurait mérité une autre motivation et un autre cadre que celui du seul territoire Corse.
Ce n’est pas le choix fait au moment de la création de cette commission d’enquête. Nous le regrettons.
S’agissant de la Corse, ce que nos compatriotes attendent de toute réflexion, de toute proposition, de toute action, c’est qu’elles conduisent à l’amélioration de leurs conditions de vie, au développement de l’économie insulaire, à la création d’emplois publics et privés, à la reconnaissance de leur culture, à la garantie de la sécurité et à l’élucidation de tous les crimes.
La sécurité et l’arrêt de toute violence est indispensable au développement de la Corse et à l’épanouissement de son peuple.
Sur l’objet de cette commission, ce travail ne pouvait être réalisé, c’est ce qui motive l’abstention de notre groupe.
Source : Assemblée nationale. http://www.assemblee-nationale.fr
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