IV/C.1. L’existence de ce pactole a été rapidement révélée. Dès 1986 et à deux reprises, M. Gustave Keteleer reçoit la visite du pasteur namurois M. Francis Dessart qui vient lui parler du président du Conseil Mondial des Peuples, le professeur Maolin Tiam alias Joseph Maltais. Dès cette époque de 1986, des promesses sont faites par MM. Zubaïdi et Keteleer d’affecter des P. Notes aux actes de bienfaisance suivants :

— don au Conseil Mondial des Peuples de 250 000 US$ qui deviendront ensuite 1 250 000 et même 2 250 000 US$ ;

— don pour l’Université du Désert au Sénégal de 12 millions de US$ ;

— prêt à l’Etat sénégalais de 100 millions de US$, sans intérêts pendant 15 ans, avec faculté de remboursement en matières premières ;

— prêt à Air Sénégal de 2 750 000 US$ pour établir une liaison Dakar-Bierset et aider ainsi l’entreprise Air Bierset Travel de Mme Ariane Dumoulin. (elle sera déclarée en faillite le 2 mars 1987).

IV/C.2. En outre, M. Maltais, sur proposition de M. Keteleer, se serait porté acquéreur de la Standard Pacific Bank ayant son siège social au Vanuatu (anciennement Nouvelles Hébrides).

Il l’aurait acquise pour 20 000 livres. Mais le capital de 500 000 US$ n’est pas libéré. Une société off-shore la Tranepro, représentée en Belgique par la SPRL IDT gérée par M. Gustave Keteleer a déposé en garantie de ce capital des P. Notes de la NDSC indonésienne (déclaration de M. Keteleer au juge d’instruction le 14 décembre 1988).

M. Keteleer a ajouté, lors de cet interrogatoire, que le gouvernement belge négociait le paiement de ces Notes, ce qui s’est avéré inexact. En outre, à l’époque, la SPRL IDT n’avait plus déposé de bilan depuis 2 ans.

IV/C.3. M. Gustave Keteleer a compris, dès 1986, que pour négocier des créances litigieuses, comme l’étaient ces P. Notes de la NDSC indonésienne, il ne suffisait pas d’être assisté par des juristes redoutables. Son associé, M. Zubaïdi, avait tendance à se limiter à cet aspect du problème.

Il fallait aussi participer à des oeuvres humanitaires, prendre des titres et des participations dans des organismes de défense soit de la nature soit de minorités opprimées ou de lutte contre la désertification. Car on peut refuser d’honorer une créance au nom d’une règle de droit. On le peut moins lorsqu’elle est présentée par une oeuvre de bienfaisance, d’assistance, d’aide sociale.

IV/C.4. M. Gustave Keteleer a dû partir en Syrie début 1987. Il n’est rentré en Belgique qu’en mars 1988.

Dès son retour, il réclame et obtient d’installer ses bureaux au 29-31 du Boulevard Poincaré. Le 28 avril 1988, il se fait reconnaître le titre de ministre du Conseil Mondial des Peuples dont le président reste Joseph Maltais.

IV/C.5. Dans ses installations du Boulevard Poincaré 29-31, M. Gustave Keteleer va préparer un protocole d’accord avec l’aide de ses deux conseils. Son conseil juridique, M. Hubert Thierry, qui, recherché par le parquet de Marseille, s’est installé avec sa famille au 28 du Boulevard Poincaré et par son conseil fiscal, M. Willy Francken, jusqu’il n’y a guère juge consulaire à Bruxelles, qui gère la SPRL Fiscal Advisor Francken W. en co à Meise.

Ce protocole d’accord sera accepté par M. Joseph Maltais le 17 juin 1988. Les deux contractants y font une énumération des principales institutions qu’ils gèrent et décident de les mettre en commun à participation égale avec mandat réciproque. Ce protocole d’accord sera précisé par une convention passée à Genève le 10 août 1988. On y constate que M. Maltais s’y prétend titulaire exclusif de la Standard Pacific Bank, de la fondation Pont-Spoerry et du château de Sainval.

IV/C.6. Rapidement M. Maltais prendra conscience que son associé, avec son staf de professionnel, intrigue pour l’évincer de la direction de certaines organisations humanitaires.

C’est ainsi que le 9 décembre 1988, lors de l’assemblée extraordinaire de l’A.S.B.L. CO-EUR convoqué par M. Hubert Thierry, avec l’approbation du président " le prince Alexis ", une sérieuse querelle opposa M. Maltais et Keteleer.

IV/C.7. Il n’y a pas eu de vainqueur dans cette lutte d’influence entre un magicien du verbe aux actions volontairement désordonnées et un financier obstiné dans la réalisation de projets hasardeux, entre le logos et la praxis, entre celui qui méprise l’argent et celui qui l’adore.

S’il n’y a pas eu de vainqueur c’est sans doute parce qu’un journaliste, impliqué dans le vol de documents appartenant à ce groupement, a pensé se réhabiliter en dénoncant à la BSR le 9 décembre 1988 la présence à Bruxelles de la victime de ce vol.


Source : Chambre des Représentants de Belgique http://www.lachambre.be