C’est la prise en main par des organisations mafieuses très bien structurées d’un trafic de dimension internationale, nourri par les bouleversements géopolitiques de l’ensemble de l’espace de l’ex-Union soviétique, qui semble être l’élément marquant de la période 1995-1996. A cela s’ajoute le rôle pris par la Russie dans le blanchiment et l’augmentation significative de la consommation. Tout semble indiquer que les mafias russes considèrent les populations de la CEI comme un marché captif, négociable avec les autres organisations criminelles internationales, en vue de pénétrer le marché mondial. Ainsi, les populations de la CEI ajoutent aujourd’hui à leur consommation de drogues traditionnelles ( kokal ou compot issu de la paille de pavot, cannabis, ephédrone, etc.) celle de la cocaïne et de l’amphétamine qui touche surtout la population des "nouveaux riches" des grands centres urbains (Saint Petersbourg, Moscou, etc.). De la Mer noire à la Baltique, l’espace de la CEI devient en outre un lieu de transit et de stockage éphémère pour les drogues destinées à l’espace Schengen. Au sud, le Caucase constitue une variante de la route des Balkans, au nord les Pays Baltes et la Pologne servent de tremplin pour l’entrée de la cocaïne. La production des drogues ne doit pas non plus être sous-estimée. Déjà, du cannabis produit au Kazakhstan, a été saisi en Europe, qui s’ajoute à l’héroïne et autres produits opiacés ukrainiens et de l’Asie centrale. L’héritage de Staline (responsable de la configuration des frontières des pays de l’Asie centrale hautement propice à tous les trafics), s’ajoute aux conflits caucasiens générateurs d’espaces gérés loin de l’autorité de l’Etat (Haut-Karabakh, Abkhazie, Ossétie, etc.). Ces derniers se révèlent des relais importants pour le trafic de drogues, quand ils ne deviennent pas des zones de production de plantes à drogues, échappant à tout contrôle, comme en Adjarie et en Abkhazie où on cultive désormais le cocaïer.