LA REGION AVANT 1998

Le maire UDF-DL de Lutz-en-Dunois, Maurice Dousset, préside la Région de 1992 à 1998 à la tête d’une majorité de 35 élus (16 UDF, 17 RPR, 2 DVD), la gauche ne disposant que de 30 sièges (8 PC, 16 PS, 2 PRG, 4 Verts), et le FN de 11 élus. C’est Renaud Donnedieu de Vabres (UDF) et non Maurice Dousset qui mène la coalition RPR-UDF pendant la campagne des élections régionales de 1998.

LES ELECTIONS REGIONALES DE MARS 1998

Composition du Conseil : 1 LO, 33 Gauche plurielle (9 PCF, 20 PS, 1 PRG, 3 Verts), 1 CPNT, 28 RPR-UDF (14 UDF, 14 RPR), 1 DVD, 13 FN.

Face aux seuls résistants que sont Renaud Donnedieu de Vabres et François Bordry(UDF), la droite décide de passer alliance avec le FN. Le candidat à la présidence ne peut se trouver que parmi les quatre " ambassadeurs " auprès du FN : Annick Courtat (Loiret) et Michel Marchais (Indre-et-Loire) pour le RPR, tête de liste dans leurs départements respectifs, Alain Tanton (Cher) et Bernard Harang (Loiret) pour l’UDF, sans oublier l’UDF-Force Démocrate Marie-Thérèse Allain (Loiret). Patrick Serpeau, dissident RPR, parle d’un simple " accord interne de fonctionnement avec le FN pour éviter que cette région ne passe à gauche " (Le Monde, le 20 mars 1998). Au lendemain du 15 mars, seuls deux conseillers de droite refusent les voix du FN : Renaud Donnedieu de Vabres UDF et François Bordry UDF-FD. Le premier refuse toute compromission avec un parti " xénophobe ". Bordry " manifestera même dans les rues de Tours avec le Parti communiste " (Le Figaro, le 6 avril 1998).

L’ELECTION DU PRESIDENT DE REGION

Premier acte, le 20 mars, Michel Sapin (trente trois voix) est battu par Bernard Harang qui, s’il ne fait pas le plein des voix de son camp (sept RPR et UDF refusent de voter pour lui), gagne grâce à l’appui du FN (treize élus).

Cinq mille personnes manifestent dans les rues d’Orléans le 25 mars pour demander sa démission. Suspendu de l’UDF, il démissionne le 27 mars. Dans l’incapacité de faire élire son exécutif, Bernard Harang se trouve confronté à une situation politique intenable. Plein d’amertume et ne regrettant pas son alliance avec l’extrême droite, c’est contraint et forcé que Bernard Harang se retire : " J’entends déjà les commentaires sur la victoire de la démocratie contre une tentative de coup de force. La vérité est toute contraire, tristement contraire, et le prêt à penser n’y changera rien ". Marie-France Stirbois (FN) " il a voulu garder la région à la droite. Nous étions sans grande exigence, nous ne demandions pas de vice-présidence. Avoir une présidence de commission, celle de la formation par exemple, cela nous paraissait logique, mais nous n’en sommes même pas venus jusqu’à cela ".

Voici la liste des élus de droite qui ont mêlé leurs voix à celles du FN pour faire élire Harang, ou qui ont laissé faire : André Advenier, Marie-Thérèse Allain, Marc Andrieu, Monique Bevière, Claude Chanal, Colette Chauvigne Bourlaud, Jean-Jacques Descamps, Jean-Pierre Door, Colette Girard, Daniel Gueret, Jean-Louis Hay, Michel Hubault, Paul Martinet, Joel Pelicot, Barbara Romieux, Guy Vasseur, Alain Venot, Philippe Vigier.

Deuxième acte, le 6 avril. Lors des trois tours, Michel Sapin fait le plein des voix de gauche (trente trois). La droite affiche sa désunion dès

le deuxième tour : les quatorze élus RPR votent pour leur président, Guy Vasselage, non-candidat, et quatre conseillers DL sur les quatorze UDF

dont Bernard Harang, ne prennent pas part au vote. Jean Verdon (FN) se présente au deux tours : " La droite RPR-UDF n’ayant plus le courage de

présenter un candidat, je le suis au nom des 55%

de Français qui ont voté pour que cette région retourne à droite " (AFP). Michel Sapin, finalement

élu au troisième tour, quitte rapidement l’hémicycle sous les insultes et les injures d’un public essentiellement composé de militants de droite : " socialiste fasciste ".

La veille de l’élection régionale, Yves Fromion, député RPR du Cher, Etienne de Saporta, candidat UDF aux cantonales et le comte Jean d’Ogny, dirigeant monarchiste FN du Cher se retrouvent chez le marquis de Maupas pour un " cocktail amical dans leur château " (Le Monde, le 9 juin 1998). " Tous nos amis disent qu’il faut une droite plurielle, assure Mme de Maupas. Et ici, le Front National fait moins peur que le communisme. Ce ne sont pas des pestiférés, n’est-ce pas ? ".

Fromion a reçu, le mardi suivant l’élection, Marie-France Stirbois et Jean Verdon, délégués par le FN pour négocier avec la droite l’élection du président de la région Centre. Quatre autres " ambassadeurs " - Annick Courtat et Michel Marchais pour le RPR, Alain Tanton et Bernard Harang pour l’UDF - envisagent ensuite avec M.Verdon un " accord interne de fonctionnement pour que la Région ne passe pas à la gauche ". " Tout le monde nous disait : la droite est majoritaire. Et nous, nous connaissions ces types, que l’on disait fascistes et nazis, depuis deux mandats à la région. Quand il a fallu les rencontrer, nous n’avons pas vu où était le problème " affirme Marie-Thérèse Allain, conseillère régional UDF et soutien de Harang.

Le FN est fortement implanté dans la région, " populaire et musclé dans les environs de Dreux, notabilisé et policé au cœur de la Touraine ". " En province, le FN fait moins peur parce qu’on le pratique " résume André Merlin, gouverneur du Rotary Club dans la région. " Cela fait douze ans que l’on discute avec le FN à la région, renchérit Yves Fromion. Tous les mois, après la réunion de la commission permanente au conseil régional, nous déjeunions tous ensemble dans une ambiance de parfaite convivialité ". L’ancien maire d’Orléans, Jacques Douffiagues, autrefois membre de " la bande à Léo " écrit à Harang : " Ton choix était le bon, quoi qu’en disent les bien-pensants ". Jean-Jacques Descamps, partisan jusqu’au bout de " conserver la région à la droite " affirme : " Nos électeurs se disent que si on n’ose pas accepter les voix du Front National, c’est qu’on cédera toujours aux médias et à la gauche, et qu’on n’osera pas dire ce qu’on pense et faire ce qu’on dit ".

Bernard Harang lui-même explique : " Le FN est raciste et xénophobe. Mais on est d’accord sur l’immigration, sur la sécurité et sur la famille. Ce qu’à fait Millon est une des voies de la recomposition ".

IL S’EST EXPRIME DANS MINUTE

Renaud Donnedieu de Vabres, député UDF d’Indre-et-Loire, le 22 novembre 2000.

ILS SE SONT EXPRIMES DANS L’HEBDO DU QUOTIDIEN

Maurice Leroy, député UDF du Loir-et-Cher, le 15 mars 2000).

Gérard Hamel, député RPR d’Eure-et-Loir, et maire de Dreux, le 10 mai 2000 : " Je suis opposé au droit de vote des immigrés aux élections municipales. (...) Il n’y a pas de problèmes d’immigrés ou de rejet des étrangers mais de là à leur donner la possibilité de décider de notre sort, même sur le plan local, personnellement je n’ai pas franchi cette étape. (...) Je ne m’appuie pas sur la couleur de peau ou l’origine, mais sur la nationalité. "


Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org