Le vicomte Philippe de Villiers, né le 25 mars 1949, s’est toujours vu un très grand destin. Énarque et fervent catholique, il est très fier de ses nombreux enfants. Il a été un secrétaire d’État sans éclat de 1986 à 1988, privatisant TF1 avec son supérieur, François Léotard, alors compère au PR (UDF), lorsqu’ils étaient ministres de Jacques Chirac, Premier Ministre de la première cohabitation. Il a fondé le Mouvement Pour la France (MPF) en 1994, il est donc l’inamovible président de ce groupuscule de fans anti-européens, ultra-catholiques et en général très âgés. Après des mois de drague et de " tu veux ou tu veux pas " avec Charles Pasqua, alors encore au RPR, ils scellent une liste " souverainiste " commune pour les européennes de juin 1999 avec des " gens neufs " comme Marie-France Garaud (née en 1934, ancienne porte-flingue en 1974 du président Georges Pompidou et son équipe contre feu Jacques Chaban-Delmas au profit de Jacques Chirac qu’elle conseillera ensuite) : de leur bon score découle la création du Rassemblement Pour la France (RPF), mais, paranoïaque, jamais de Villiers n’accepte d’amener en dot son MPF et sa " cagnotte " issue du financement public, qui lui est alloué du fait de ses résultats électoraux passés alors que le RPF, tout neuf, n’y a pas droit. La rupture intervient avec fracas à la mi-2000, après moultes démarches judiciaires, Pasqua gardant l’étiquette RPF et de Villiers se repliant sur son MPF et dénonçant l’opacité de la gestion du RPF qui a accusé un grave déficit.

Il préside le conseil général de Vendée, son fief, où sa principale réalisation demeure la fameuse cinéscénie du Puy-du-Fou, qui date de 1977 et qui lui vaut un surnom jubilatoire créé par Le Canard Enchaîné : "l’agité du bocage". En 1995, son échec est patent au premier tour des présidentielles, et le MPF ne doit sa survie qu’à un gentil chèque du RPR, de Villiers appelant opportunément à voter pour Chirac entre les deux tours... Après cet échec cuisant, il tente à grand peine d’apparaître moins basiquement ultra-conservateur, moins " collier de perles à la sortie de la messe " comme il le dit lui-même (Le Figaro, le 14 juin 2000). Il mise tout sur des "valeurs", mais axe ses critiques virulentes et outrancières souvent, quelles que soient ces cibles, sur Chirac, président insipide et insignifiant selon lui. Il trace un projet sur l’autorité de l’État et la souveraineté de la France, dans la droite ligne de son combat passé contre le Traité de Maastricht, où il copine avec les idées de Philippe Séguin, lui-même, alors, allié de Charles Pasqua. De Villiers ne manquait pas, dès janvier 2000, d’annoncer qu’il soutiendrait la candidature de Charles Millon à Lyon, aux municipales en mars 2001, l’appelant dans le même temps à rapprocher son petit parti, DLC, du RPF. En octobre 2000, l’ancien spécialiste des élections et de la carte électorale du CNI, Bruno Georges, est nommé secrétaire général adjoint du MPF. Pour clore le portait, ajoutons que lorsque deux généraux, Jacques Massu et Paul Aussaresses - principaux chefs militaires de la bataille de 1957 - se décident à avouer des exécutions sommaires et des actes de torture pendant la guerre d’Algérie (Le Monde daté du 23 novembre 2000), de Villiers pris le jour même sa plume acide et pseudo-patriote pour écrire au président Chirac qu’il exècre pourtant, sa pleine opposition à " toute repentance officielle sur ce sujet ", dénonçant les " anciens porteurs de valises FLN " (dépêche AFP), expression chérie par la presse frontiste.


Source : Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) http://www.mjsfrance.org