Les pouvoirs publics et Ensemble contre le sida (ECS) subventionnent une association douteuse. Positifs, créée en 1989, est liée aux réseaux de promotion des médecines dites alternatives, et, par ailleurs, aux animateurs néo-nazis d’une revue pédophile.

Ensemble contre le sida (ECS) et la Direction générale de la santé (DGS) connaissent-ils la philosophie de l’association Positifs et de sa publication, Sida Tout Va Bien (sic !) ? Savent-ils les liens qui ont existé entre cette association et les milieux pédophiles liés à l’extrême droite néo-nazie ? Au moment d’attribuer des subventions, ils n’en avaient probablement pas conscience.

En 1994, Ensemble contre le sida accorde une subvention de 40 000 francs à Positifs au titre de " Réalisation et publication " (projet numéro 2001, code 0129). L’association gestionnaire des fonds du Sidaction réitère ce soutien pour la même somme en 1996. Quant aux pouvoirs publics, ils ont versé 70 000 francs la même année pour financer la publication de Sida Tout Va Bien. Notons que, pour l’année dernière, le total des fonds - publics et du public - reçus par Positifs pour son bulletin atteint donc 110 000 francs : c’est beaucoup pour un quatre pages, trimestriel en noir et blanc tiré à quatre mille exemplaires. Par ailleurs, 15 000 francs ont été alloués dans le cadre des financements aux associations pour suivre la conférence de Vancouver. Selon Sida Tout Va Bien, (numéro 25, août 96), la Direction générale de la santé lui aurait demander d’élaborer un " dossier de synthèse concernant les thérapeutiques alternatives exposées à la conférence internationale sur le sida".

Pourtant, Positifs n’est pas une association comme les autres. Et cette " affaire " mêle les pires milieux. D’abord, ceux qui profitent de la crédulité des malades afin d’obtenir leur consentement pour des " essais thérapeutiques " menés en dehors de toute rigueur scientifique. Ils s’appuient sur des allégations diffamatoires à l’égard des chercheurs et des politiques, et sur des équations mensongères du type AZT = poison. Certains, comme le Docteur américain Horowitz, vous diront même que la diffusion du sida est un complot américain mené par la C.I.A. pour contrôler les populations et limiter la démographie galopante.

Le credo de Positifs est de jeter la suspicion sur les traitements existants sous prétexte d’apporter une information médicale et de promouvoir la diffusion de traitements " alternatifs " contre le sida. Positifs publie depuis octobre 1990 un bulletin Sida Tout Va Bien qui constitue son principal support.

En second lieu, cette affaire mêle certains des animateurs de l’extrême droite néo-nazie en France, dont l’activité de propagande se double d’un penchant obsessionnel pour la pédophilie. Ils publient une revue, Gaie France, qui surmonte les interdictions régulières pour incitation à la pédophilie en changeant régulièrement de titre. Certains des responsables de cette publication sont aujourd’hui incarcérés dans le cadre des arrestations menées en 1996 contre les réseaux pédophiles.

C’est dans Gaie France que le croisement s’effectue. L’association Positifs y tient une importante chronique sur le sida. Elle y fait la promotion des traitements proposés par Mirko Beljanski - célèbre pour ses " découvertes " et sa commercialisation illégale de traitements du cancer et du sida. C’est ainsi qu’une rubrique à prétention médicale signée du pseudonyme J. Avicenne, " Conseillers médicaux de Positifs " - qui a intégré le Comité de rédaction de Gaie France en janvier 1993 - voisine des photos de nus de jeunes garçons, d’autres de (très) jeunes nazis à la levée du drapeau hitlérien, des portraits de soldats allemands pendant la seconde guerre mondiale, des caricatures antisémites, la profession de foi d’un monarchiste (avec photo de Charles Maurras), des articles relatant des séances de violences à l’égard de " garçons " etc...

Interrogées par nos soins, la Direction générale de la santé et Ensemble contre le sida paraissent ne pas saisir ce que ces subventions ont de consternant et d’inacceptable.

G. A., F. C. C., A. D., P.-L. M.

"Combat face au sida", numéro 8, avril-mai-juin 1997

L’infiltration néofasciste et néonazie dans la minorité gay